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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Paris sous les tracteurs
par Marc Laimé, 1er septembre 2015

Point d’orgue du bras de fer poursuivi tout l’été par le syndicat agricole majoritaire, qui exige du gouvernement un secours exceptionnel de 3 milliards d’euros, ainsi qu’un « allègement des charges et la fin des contrôles », le jamboree de 1500 tracteurs qui vont converger dans l’Est parisien annonce un nouveau « jeudi noir » pour les Parisiens et les banlieusards qui devront se déplacer ce jour là…

Quand on sait que c’est la représentation professionnelle, sous forme des interprofessions, qui définit "les règles du jeu", et a déjà la haute main sur la répartition des dix milliards d’euros de la PAC distribués chaque année, et que le mot d’ordre unanime des manifestants, venus parfois de très loin, c’est « assez de baratin, on veut des résultats », on peut craindre le pire à proximité de l’axe Nation-Vincennes où vont converger les 1500 tracteurs.

Surtout à l’Agence de services et de paiement (ASP), dispensatrice des aides PAC, dont elle est censée contrôler l’utilisation, contrôles que la FNSEA refuse désormais catégoriquement (*), France Agrimer et à l’ONEMA..., tous sis à Vincennes.

Et on attend aussi un article ou un reportage, un seul, qui, rompant avec le flot de propagande qui a sévi tout l’été, nous expliquerait que la situation des agriculteurs ne doit pas seulement s’apprécier à l’aune du salaire, qu’ils se versent ou non, mais surtout à celle de leur patrimoine : terres, ferme, bâtiments, équipements…, patrimoine sans commune mesure avec celui du « Français moyen », accumulé, pour partie, grâce aux flots d’argent public que la profession s’est organisée pour capter.

Rien à voir, quoique : les camions datant d’avant le 1er octobre 2001 n’ont plus le droit de cité dans la capitale, titrent aujourd’hui les medias, annonçant, comme "Vingt Minutes" : "Les poids lourds "polluants" à l’arrêt à Paris."

Est ce que la municipalité de Paris a prévu de "verbaliser" demain les 1500 tracteurs "polluants" qui vont défiler de Nation à la Porte de Vincennes ?

(*) Le refus des contrôles de l’ONEMA et de l’ASP, érigé en priorité par la FNSEA, a été largement accepté par le gouvernement Valls, comme l’attestent les propositions du « Rapport Massat », commandé par le premier Ministre.

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commentaires

1 Paris sous les tracteurs

Curieux de connaître la position de la Confédération paysanne sur cette action, j’ai consulté son site web ...sans y trouver aucun commentaire ?! Suis-je aveugle ? Aurais-je mal cherché ?

poste par hullabaloo - 2015-09-2@11:08 - repondre message
2 Paris sous les tracteurs

Alors que le site de la Conf ne met en avant aucun communiqué relatif à la manif en cours, José Bové fait paraître sur son blog hébergé par Mediapart un article intitulé "Il n’y a pas de place sur le marché mondial pour les cochons industriels bretons". D’après lui, " La FNSEA a une stratégie : activer les stockages privés qui deviendront, n’en doutons pas, des stockages publics. Et nous revoilà dans la même situation qu’à la fin des années 1970 avec des montagnes de lait en poudre, de beurre et de viande de porcs qui n’attendent qu’une chose : être retirées des marchés, donc racheter par les contribuables, avant d’être brader à vil prix sur les marchés mondiaux car la FNSEA réclame la relance des subventions aux exportations. Les conséquences sont connues : destruction des paysanneries en particulier en Afrique et accélération de l’exode rural, puis de l’émigration"

poste par hullabaloo - 2015-09-3@08:56 - repondre message
3 Paris sous les tracteurs

 "En France, en 2010, près des deux tiers de la surface agricole sont cultivés par des agriculteurs qui n’en sont pas propriétaires, mais qui la louent en fermage à un tiers, c’est-à-dire contre une rémunération fixe » ( d’après http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?id=3586).

Parler du patrimoine que posséderait les agriculteurs :
c’est oublier que ce patrimoine est un outil de travail. Ce « patrimoine » doit connaître de très forte disparité.
C’est oublier que le matériel s’use et que sa valeur est fortement diminuée quand les emprunts généralement signés arrivent à échéance (il est bel et brillant le tracteur neuf, moins flatteur, la retraite venue).
Écrire que « la situation des agriculteurs ne doit pas seulement s’apprécier à l’aune du salaire, qu’ils se versent ou non, mais surtout à celle de leur patrimoine », me semble un argument un peu cavalier, singulier. On pourrait l’appliquer à toute profession libérale (médecin, taxi, pharmacien, commerçant, notaire…) avec la revente du cabinet, de la plaque, de l’officine, du fonds ou de l’étude.
Il faudrait enfin comparer le temps de travail, les revenus, la retraite, les congés et le patrimoine de l’agriculteur moyen et du français moyen.
Au sujet des subventions, des primes : certes, les sommes sont colossales, et leurs répartitions contestables. Il ne faut pas oublier que cet argent est investi dans les bâtiments, le matériel, et de ce fait participe à l’économie du pays. Certains n’ont aucun besoin de primes grâce à des terroirs fertiles : on pourrait alors ne conserver que les territoires compétitifs. Fort déjà de 6 millions de chômeurs, on peut gaillardement pousser ce raisonnement avec d’autres secteurs d’activités...
Finalement, le plus intelligent serait des prix des céréales, du lait, de la viande qui assureraient un revenu digne à chacun. On pourrait alors se passer des primes : se dispenser alors de la paperasse inutile et de postes improductifs !
J’invite d’aucuns à un séjour sur le terrain, et à se frotter à sa réalité : les propos devraient, alors, se faire plus nuancés !

poste par FCDEBEAULIEU - 2015-09-2@12:51 - repondre message
4 Paris sous les tracteurs

Monsieur FCDEBEAULIEU : Vous appelez de vos voeux l’arrêt du système des primes : est-ce à dire que vous souhaitez la liberté totale des prix, alors alignés sur le cours mondial ? ( et sans aucunement prendre en compte les impacts environnementaux de chaque exploitation par dessus le marché -si je puis dire ! ).

Ne pas oublier que les mots d’ordre de la FNSEA doivent s’entendre en gardant à l’esprit ce qui se passe à l’arrière plan, en coulisse, dans cette enceinte archisécurisée où s’élabore le traité TAFTA.

poste par hullabaloo - 2015-09-3@08:32 - repondre message
5 Paris sous les tracteurs

Mauvaise déduction !
J’ai rappelé la mauvaise distribution des primes (il fut un temps où les primes à l’hectare étaient proportionnelles au rendement du département : ce qui revient à donner plus à ceux qui ont déjà plus).
Vous parlez de libéralisation des prix. J’ai évoqué des prix rémunérateurs : c’est indéniablement à l’opposé !
La position de la FNSEA est critiquable, il n’en reste pas moins qu’il y a un sacré problème.
Je suis salarié agricole dans une structure de 180 ha avec élevage (donc supérieure à la moyenne) : la situation se dégrade. Plus de trésorerie, des aléas boursiers qui se rajoutent aux aléas climatiques intrinsèques à l’agriculture, des investissements ajournés, de la paperasse à profusion. Bien sûr, il y a un beau tracteur récent pas encore fini de payer, les autres commencent à pâlir après dix ans. Le patrimoine de l’agriculteur : pas terrible après 30 ans de boulot (il n’est propriétaire des 180 ha, très loin de là). Une dernière chose : les primes sont passées de 250 à 200 € par hectare avec des contraintes supplémentaires... Pendant ce temps, on fait rentrer du soja à tour de bras... OGM de surcroît !

poste par FCDEBEAULIEU - 2015-09-3@10:50 - repondre message
6 Paris sous les tracteurs

Oui, pour les éleveurs la situation est difficile, très difficile. C’est ce que reconnaît d’ailleurs également la Confédération Paysanne qui pourtant, après bien des hésitations semble-t-il, n’a pas appellé à participer à ce qu’elle considère être un enterrement de première classe ( cf http://actu.orange.fr/france/agriculteurs-la-confederation-paysanne-deplore-un-enterrement-de-1ere-classe-afp_CNT000000dFhY5.html )

Effectivement, je suis passé place de la Nation en fin d’après midi : le nombre de tracteurs - allié à leur taille- était impressionnant ; une très grande estrade était encore dressée, l’ambiance de cette fin de journée était tranquille...et l’odeur très âcre avec tous ces moteurs allumés. Le mot d’ordre récurrent : moins de réglements plus de prix. Plusieurs banderoles appelaient aussi à une diminution des coûts du travail ( à bon entendeur salarié salut !).

La Confédération paysanne n’y était effectivement pas. Par contre elle a enfin publié sur son site deux communiqués où elle se positionne par rapport aux demandes de la FNSEA.

Avec la Coordination Rurale, la Conf. ira défendre son point de vue à Bruxelle le lundi 7 septembre prochain à l’occasion de la réunion des ministres de l’agriculture Européens.

Bernard Lannes, le président de la Coordination Rurale a tenu les propos suivants : "Ce grand rassemblement parfaitement orchestré se sert de la détresse des éleveurs pour faire penser que la Fnsea est encore un syndicat qui défend les agriculteurs, alors qu’en réalité, elle a largement contribué aux orientations politiques qui nous ont menées droit dans le mur. Ce jeudi 3 septembre, Hollande verra un convoi de tracteurs bretons subventionnés par l’agroalimentaire ou les pétroliers."

Je crains que pour les parisiens spectateurs de ce déploiement de force, les manifestants de la place de la Nation représentaient tous les agriculteurs français.

Pour ce qui est de la paperasserie, je crois que l’on peut tous en parler à notre médecin généraliste ( si on en a un).

poste par hullabaloo - 2015-09-3@20:52 - repondre message
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