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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Grand Paris de l’eau : à la guinguette avec André Santini (4-7)
par Marc Laimé, 25 juillet 2016

Les différents acteurs de la lutte contre les inondations inscrivent aussi leur action dans la refonte des politiques publiques du secteur, comme dans le tableau des recompositions territoriales, et donc politiques, en cours dans l’agglomération parisienne, comme en témoignaient plusieurs interventions au colloque organisé à Saint-Maur-des-Fossés les 7 et 8 juillet dernier.

Didier Gonzales, maire de Villeneuve le Roi, fut l’un des seuls intervenants à ne pas s’embarrasser de la langue de bois, avec un témoignage « de terrain » des plus percutant.

« Le Loing… c’était loin, racontait-il, évoquant les prémices de l’alerte et la tranquillité qui l’habitait alors. « Sauf qu’en quelques heures on s’est retrouvé avec 600 coupures EDF, des menaces sur 4000 logements, et des écoles et des gymnases fermés… » Dans la phase calme le PCS est immédiatement activé, mais très vite dans la phase active, c’est le débordement…

La ville mobilise ses services pour avertir les habitants que ça va déborder, en distribuant un tract à deux reprises, et en envoyant la police municipale faire du porte à porte.

« Mais les gens ne nous croyaient pas ! Et quand la Préfecture nous a demandé d’évacuer les logements menacés, on n’en avait pas les moyens. En un seul jour, les gens qui étaient partis au boulot le matin ne pouvaient plus rentrer chez eux le soir. Et en plus les gens ne voulaient pas évacuer, abandonner leur maison. Alors comment donner suite aux consignes quand l’eau monte toujours et que s’engage une véritable course avec la mobilisation générale de la police, des pompiers, des services municipaux… Vous faites quoi avec les mamies qui refusent de quitter leur pavillon, et jouent les gardiens de phare ? Et celles qui vous tapent le scandale pour aller récupérer leur chat ? »

Les écoles aussi sont évacués grâce à des bus réquisitionnés. « Mais on ne pose pas da bastaings, car ça ne sert à rien quand l’eau continue de monter. »

L’élu souligne l’effet de surprise créé par la très rapide montée des eaux, insiste sur les mille et une tâches à accomplir : louer des camions pompes, des groupes électrogènes. Et il insiste sur la solidarité de la population et des services. « Les gens qui apportent des frigos, des armoires… aux sinistrés. »

Parfaite illustration du propos de Patrick Lagadec, expert des risques, et ancien professeur à Polytechnique, qui professe que "le maire doit se préparer à l’imprévisible", et qu’il aurait fallu inviter à notre colloque :

http://www.courrierdesmaires.fr/63620/patrick-lagadec-specialiste-des-crises-majeures-le-maire-doit-se-preparer-a-limprevisible/

Le témoignage de Didier Gonzales suscite des questionnements.

Daniel Breuiller, maire d’Arcueil (EELV), et vice-président de la MGP en charge du patrimoine paysager, prône le renforcement de l’étude du retour de la nature en ville, et son inscription dans le SCOT métropolitain.

Un représentant d’une association de kayakistes s’inquiète de l’impréparation des forces de l’ordre.

Christian Lagrange, vice-président de l’EPT Est Ensemble, et vice-président du SEDIF, propose de systématiser la présence de « correspondants défense » dans toutes les communes, et s’inquiète que les barrages réservoirs servent essentiellement à l’étiage de la Seine l’été…

Une maire-adjointe de Maisons Alfort demande si les inondations ont été prises en compte dans la construction des gares du Grand Paris Express, le « super-loop » à 24 milliards d’euros, dont l’Humanité vient enfin de s’inquiéter des féroces appétits immobiliers qu’il déclenche aux alentours de ses gares, en petite et grande couronne.

Le colonel Lelièvre se veut rassurant, en précisant que l’état finalise un Plan sécurité de l’Ile-de-France, qui sera dévoilé à l’automne prochain.

Maire (PS) du 11ème arrondissement de Paris et vice-président des Grands Lacs de Seine, François Vauglin rappelle que lors de la dernière crue, ce sont 200 millions de m3 d’eau qui sont passés à Paris, dont 30 millions écrétés par les Grands Lacs, mais que faire si les crues atypiques se multiplient ? La Bassée ? On y reviendra.

Guy Geoffroy, maire de Combs-la Ville, député (LR) de la 9ème circonscription de Seine-et-Marne, et président de la CLE du SAGE de l’Yerres, adopté le 13 octobre 2011, illustrera le processus de transition en cours avec la GEMAPI. Le SAGE recouvre 118 communes de Seine-et-Marne, du Val-de-Marne et de l’Essonne, et un réseau hydrographique de 776 kilomètres, or pour la seule Seine-et-Marne, sa population a triplé en trente ans, d’où l’importance de s’approprier la GEMAPI, au regard des récents évènements.

Avec Nathalie Guesdon, DGS du SyAGE, la dimension très politique de l’affaire affleurera clairement. Le syndicat présidé par M. Alain Chambard avait en fait depuis belle lurette… anticipé la loi NOTRE et la GEMAPI, en se dotant des compétences eau, assainissement et portage du SAGE, manière de tailler des croupières à la DSEA du Val-de-Marne, au plus grand profit de Suez-LDE, délégataire du même SyAGE. Aujourd’hui, « afin d’éviter la cacophonie, et de promouvoir l’intérêt général et le bien commun », (au SyAGE on n’a peur de rien…), le syndicat se positionne clairement pour muer en EPAGE, qui rayonnera sur 18 communes du Val-de-Marne et de l’Essonne. L’affaire va dépendre de l’issue des négociations avec les nouveaux EPCI qui voient le jour en amont, comme de l’avenir de l’EPT 11 « Plateau Briard » de la MGP.

L’intervenant suivant, Nicolas Juillet, agriculteur, maire de Saint-Lupien, village de 250 habitants, et président du syndicat départemental des eaux de l’Aube, remplaçait au pied levé François Sauvadet, actuel président du Comité de bassin Seine-Normandie, où il a succédé à André Santini.

Témoignage de la discrète OPA centriste engagée depuis plusieurs années sur les instances de la gestion de l’eau. Une OPA qui se traduit au cas d’espèce, à l’AESN, par la prise de pouvoir de la FNSEA sur l’Agence, au détriment des industriels qui y faisaient la loi depuis des lustres (Lécussan, sors de ce corps…).

Information capitale, M. Juillet préside la C3P de l’AESN.

Qu’est-ce que la C3P ?

La Commission permanente des programmes et de la prospective, l’instance qui décide de tout à Seine-Normandie :

http://www.eau-seine-normandie.fr/index.php?id=7034

Autrement dit c’est M. Juillet, agriculteur, maire d’une minuscule bourgade de 250 âmes dans l’Aube qui préside l’instance qui décide de tout dans le domaine de l’eau à l’échelle du bassin Seine Normandie, qui regroupe… 12 millions d’usagers.

Le matin même notre homme participait au CA du Comité de bassin, présidé par le préfet Carenco, que nous retrouverons plus avant, CA qui a décidé « d’élargir le cercle des compétences de l’Agence » au cycle complet de l’eau. Logique pour espérer pouvoir atteindre les objectifs fixés par la SOCLE avant le 31 décembre 2017.

L’après-midi se poursuit avec l’intéressante intervention de la maire adjointe (PS) du 12ème arrondissement de Paris, Mme Baratier Elbaz remplaçant Anne Hidalgo, à qui il avait été proposé de s’exprimer sur les « baignades en Seine », ce qui avait tout d’un traquenard, puisque lesdites baignades en Seine sont au cœur de la réthorique olympique de la maire de Paris, qui comme son prédécesseur Jacques Chirac s’est imprudemment aventurée sur ce plongeoir.

Ce qui lui a valu de se faire zlataner par une éminence du SIAAP, Jacques Olivier, à qui notre consoeur de La Gazette s’était empressée de demander ce qu’il en pensait, sachant comme tout un chacun, et ce que n’a pas manqué de souligner ledit Jacques Olivier, qu’à moins de travaux pharaoniques chiffrés à 500 millions d’euros, la baignade en Seine nitchevo…

Heureusement Mme Barratier Elbaz n’aura pas manqué, fort imprudemment, de souligner que la réglementation s’appliquant aux compétitions de triathlon étant différente de celles qui régissent les baignades du grand public, les Olympiades restaient d’actualité…

En vrai c’est le projet de loi de fusion ville-département examiné en Conseil des ministres le 3 août qui permettra astucieusement de piquer au Préfet de Paris ses compétences en matière d’autorisation de baignade, que la ville va récupérer.

Quand on sait le désastre qui se prépare aux Jeux Olympiques de Rio...

http://www.letemps.ch/sciences/2016/07/27/athletes-jeux-olympiques-rio-nageront-eaux-degouts

Et pour le reste de nous promettre que le Lac Daumesnil au bois de Vincennes deviendra une baignade artificielle en 2020, et qu’en continuant à travailler avec les communes en amont on pourra se baigner dans la Seine après les jeux Olympiques, ce qui ne mange pas de pain. Idem pour les navettes Vogéo, appelées à la résurrection, après des débuts malheureux…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Voguéo

Histoire de redonner du peps à la salle, Sylvain « Gatsby » Berrios amorcera ensuite la transition avec la table ronde suivante en invitant tout un chacun au « Big Jump » qu’il organise le dimanche suivant à Saint-Maur. Impeccable récupération d’un événementiel historiquement bobo-gauchiste recyclé sans problème par notre jeune loup LR…

A suivre…

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