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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Grand Paris de l’eau : à la guinguette avec André Santini (3-7)
par Marc Laimé, 21 juillet 2016

Le colloque organisé à Saint-Maur-des-Fossés a aussi permis de mesurer l’impact des récentes inondations qui ont affecté l’Ile-de-France et le Centre à la fin du mois de mai, et de découvrir les projets de l’ensemble des acteurs concernés, qui inscrivaient leurs réflexions dans le cadre de la création de la Métropole du Grand Paris.

Après les largesses de Patrick Ollier, notre colloque entrait dans le vif du sujet, avec ce savant mélange d’interventions « politiques » et « techniques » qui font tout le charme de ces interminables pensums, sachant qu’ici le « politique » survole le « technique », qui s’efforce, sans jamais y parvenir, de déminer les foucades des premiers qui s’embrouillent les pinceaux dans les rets des seconds…

D’où, à de rarissimes exceptions près, un épouvantable oratorio de langue de bois qui rend l’exercice particulièrement éprouvant (surtout avec Powerpoint associé), d’où la tentation de la sieste qui accable généralement l’assistance, surtout quand y trônent d’antiques perdreaux, ce qui est bien évidemment toujours le cas.

Bon, l’assistance c’étaient des élus, des collaborateurs d’élus et des fonctionnaires ou assimilés de tous genres de services, intéressés de près ou de loin par le sujet. Autrement dit on connaît tout par cœur d’avance et on attend que ça passe, avant que de reprendre, ça dépend, la voiture de fonction, l’Uber ou le RER.

Bref, après une petite video Sequana, après avoir noté le HacheTag #gemapimgp2016, Jérôme Goellner, directeur de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE) d’Ile-de-France, remplace au pied levé Anne-Marie Levraut, vice-présidente du CGEDD (qui n’arrivera que l’après-midi), qui remplace elle-même… Barbara Pompili, initialement prévue au programme, mais qui n’a pas donné suite.

Il ne « devrait pas le dire » mais le confie quand même : il y aurait presque matière à se réjouir des crues de la fin du printemps, qui ont été un « formidable accélérateur de prise de conscience du risque. Par chance, cet épisode n’a pas été catastrophique. Il a tout de même réveillé les consciences. Mais dans un an, on aura tout oublié. Il faut donc, dans les six prochains mois, porter le débat au niveau qu’il mérite. »

Ensuite introducing Christian Favier, sénateur (PCF) du Val-de-Marne et président du dernier Conseil départemental communiste de l’ex banlieue rouge.

Il rappelle la réouverture de la Bièvre, la reconquête des berges, la saga des Grands Lacs, on y reviendra, et la récente inauguration d’un nouveau bassin de rétention des eaux pluviales de 16 000 m3 à Villiers.

Concernant les enseignements de la dernière crue, il rappelle l’importance de tester plus avant les Plans de continuité d’activité des services essentiels (transports, eau, gaz, électricité…) en cas d’inondation, et le rôle crucial de l’information et de l’apprentissage de la culture du risque, en appelant à des exercices annuels.

Concernant la prise de compétence Gemapi par la Métropole, il s’inquiète de la possible disparition d’une expérience déjà ancienne de gestion intégrée, et s’interroge : comment concilier vision stratégique et subsidiarité ?

Avec le colonel Frédéric Lelièvre, chef du service Anticipation de la Zone de Défense et de Sécurité de Paris, de la Préfecture de Paris, c’est parti pour une séquence Folamour, avec la présentation de l’arbre de décision façon Pentagone : Europe (MLC), National (COGIC), Zonal (COZ), Départemental (CoD-PCO), Communal (PCC)…

Jugulaire, jugulaire, l’info remonte, puis redescend. Bon, on a aussi, au cas où, le Plan Neptune, qui pourrait être activé par le PM, avec 10 000 militaires envoyés sur le terrain. (Par les temps qui courent on se demande quand même où on irait les chercher…).

Et de nous rappeler les chiffres choc d’une séquence néo-1910, les estimations de 830 000 habitants franciliens en zone inondable, 1,5 millions de coupures d’électricité, 5 millions de coupures de l’approvisionnement en eau potable, les 55 700 entreprises et 620 000 emplois impactés, et les 30 à 40 milliards d’euros de dégâts…

Le tout avec, gros bémol, un taux effectif de Plans communaux de sauvegarde encore très insuffisant dans les départements 77, 78, 91 et 93…

Claire Grisez, directrice-adjointe de la DRIEE, présente ensuite une carte du scénario R1-15 d’une crue de 50 centimètres à deux mètres, rappelant que la montée des eaux dans la région se caractérise par sa lenteur, une douzaine de jours, pour une décrue tout aussi lente, évaluée à cinq semaines. Pour connaître les aléas et les enjeux, nous disposons de l’information préventive, et de la maîtrise (théorique) des aléas, via les PPR/PLU, et les PPRN/PAPI, comme outils d’intervention sur le renouvellement urbain.

Ainsi le PAPI Seine-et-Marne francilienne, porté par l’EPTB Seine Grands lacs est-il financé par le Fonds Barnier.

Elle évoque ensuite, en écho à la « surprise » de la dernière crue, le service de protection des crues Yonne-Loire, qui compte 11 tronçons hydrologiques, 29 stations de référence pour 1100 kilomètres de réseau, couvre, avec 27 agents, rien moins que 14 départements, et est aujourd’hui en capacité d’établir des prévisions à 24 heures.

Seulement ? Oui, c ‘est insuffisant, on l’a vu fin mai, et il faudrait tendre à des prévisions à 48, voire 72 heures.

Toujours sur le volet préventif elle rappelle l’importance de l’information en amont avec les dispositifs départementaux Risques majeurs (RM), les Documents d’information communaux sur les Risques majeurs (DICRIM), qui doivent être popularisés par les maires, et suggère qu’une information de la population soit effectuée au moins une fois tous les deux ans. Et d’insister sur l’importance de réalisation d’inventaires des installations, et d’entretien des repères anti-crues.

Au niveau de la MGP, la carte des digues en recense ainsi 70 kilomètres, dont 30 dans le Val-de-Marne, tandis que la cartographie des PPRI est également disponible.

Elle rappelle le calendrier des actions réglementaires déjà mises en œuvre.

La Stratégie nationale de Gestion des Risques Inondation (SNGRI) a été élaborée en lien avec la transcription de la Directive inondation en 2014, par les ministères de l’Agriculture, de l’Intérieur et de l’Environnement. Le PGRI de l’Agence Seine-Normandie a ensuite été adopté le 7 décembre 2015.

A l’instar du SDAGE, ses prescriptions sont opposables aux documents d’urbanisme. Les Schémas locaux de gestion du risque inondation (SLGRI), qui se déclinent en 16 Territoires à risque d’inondation (TRI), le seront avant la fin 2016, et devront être rendus compatibles avec les SAGE et les PLU.

François Vauglin, maire (PS) du 11ème arrondissement de Paris, vice-président de l’EPTB Seine Grands Lacs qui compte 130 agents, et dispose actuellement d’un budget de 26 millions d’euros annuel, revient sur la récente crue en soulignant que le pic de crue enregistré au Lac de Pannecière, sur l’Yonne, met 3 à 4 jours à atteindre Paris, mais que si on ouvre les vannes pour le stocker l’impact de la crue ne se fera sentir que 10 jours plus tard.

Il rappelle aussi qu’en été l’eau restituée par le dispositif des 4 grands lacs-réservoirs représente de 30 à 60 % du débit total de l’étiage de la Seine à Paris, qui atteint à cette période 70 m3/seconde.

Nouveauté, après l’alerte de la dernière crue, il est désormais envisagé de construire de nouveaux barrages de 10 mètres sur l’Yonne, à Athie, au Crescent et à Hauterive, puisque l’Yonne s’est révélé être le maillon faible du dispositif actuel. On y aménagerait aussi de 60 à 80 nouvelles zones d’expansion de crues.

Revenant sur le projet controversé, et enlisé depuis les années 2000, de la Bassée, en Seine-et-Marne, à 90 kilomètres en amont de Paris, il rappelle qu’il s’agit d’un site de stockage temporaire de 55 millions de m3 supplémentaires (les quatre barrages réservoirs actuels stockent 830 000 m3), qui devrait permettre de « gagner » une hauteur d’eau d’un mètre à Melun et de 40 centimètres à Paris.

La construction d’un premier « casier-pilote » dans le site des anciennes gravières qui doit l’accueillir coûterait 100 millions d’euros, le projet global 500 millions d’euros. Pour François Vauglin l’addition doit être relativisée puisque le montant des dommages évités en cas de grande crue, grâce à La Bassée, a été évalué à 70 millions d’euros par an…

A suivre

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