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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
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(12) Présidentielles 2017 : Emmanuel Macron et l’agriculture
par Marc Laimé, 28 mars 2017

C’est à l’occasion d’un meeting à Quimper le 16 janvier 2017 que le candidat d’En Marche avait levé le voile sur ses propositions en faveur de l’agriculture, soigneusement calibrées pour susciter l’adhésion de la FNSEA....

« L’agriculture n’est pas un secteur comme les autres, elle est au cœur de la souveraineté alimentaire française et d’un projet économique, social et de civilisation qui est le nôtre », assenait Emmanuel Macron devant près de 2 500 personnes venues écouter le candidat à l’élection présidentielle. Au programme de ce déplacement breton : la présentation de son projet pour l’école, mais aussi et surtout son programme agricole.

Une visite sur une exploitation voisine de Châteaulin (Finistère), quelques heures avant son discours, l’en avait convaincu : « Les agriculteurs n’attendent pas encore des aides mais de pouvoir vivre dignement de leur travail. » Et Emmanuel Macron d’égrainer ses propositions pour y parvenir. En particulier sur les relations commerciales.

« Ce que je veux, c’est renforcer le pouvoir de négociation des agriculteurs dans le respect de la législation européenne pour qu’ils fassent le poids face aux industriels et aux distributeurs, lançait-il à la tribune.

Je veux des associations d’organisations de producteurs aux pouvoirs renforcés : elles pourront négocier avec un véritable mandat des agriculteurs des contrats-cadres sur les volumes et le prix du lait. Leur création doit être simplifiée et encouragée. Et lorsqu’une association d’organisations de producteurs existera, l’industriel ou la centrale d’achat sera dans l’obligation de négocier directement avec elle. »

Il vise par ailleurs « la transformation environnementale de notre modèle productif ». Et souhaite notamment encourager les circuits courts et « la montée en gamme » des produits. Tout en prenant mille précautions pour ne pas dénigrer « les standards qui existent », ou « les modèles intensifs » d’agriculture voués à l’exportation. Une seule règle selon lui : répondre aux besoins des consommateurs et du marché.

« Je lancerai un programme d’investissements d’avenir agricole dès le début du quinquennat, sur la période 2017-2022. Cela permettra l’accès à des financements nouveaux pour des projets de modernisation des exploitations ayant un impact positif sur l’environnement, pour des projets de développement, d’activité de transformation et de distribution qui privilégient notamment les circuits courts, en privilégiant les projets coopératifs », annonçait-il.

Rémunérer les services environnementaux

« On doit également valoriser le travail pour l’environnement qui est fait par les paysans, comme une activité en propre », ajoutait-il. Concrètement, Emmanuel Macron suggère de rémunérer le travail fait en la matière « à hauteur de 200 millions d’ euros par an », à travers la création d’un « système de paiement pour services environnementaux ».

Haro sur les normes...

Autre sujet incontournable pour l’ancien ministre de l’Économie : celui des normes. « Mon projet est simple. Premièrement, réviser toutes les normes inutiles dans les cinq années à venir (en résumé, supprimer tout ce qui a été surtransposé et simplifier le reste). Deuxièmement, permettre un droit à l’erreur, en particulier pour les exploitants agricoles. Ce droit à l’erreur, c’est la possibilité quand on est contrôlé pour la première fois et qu’on a commis une infraction qui n’est pas pénale, de ne pas avoir une administration qui sanctionne, mais qui conseille et corrige. Un point « fondamental » en matière de normes, estimait-t-il.

Le candidat rêve enfin d’une « Europe plus concrète », avec « moins d’interventionnisme hors sol et moins de directives dénuées de sens », et défend une harmonisation des règles sociales et environnementales en Europe. « Il est urgent de renégocier les règles de concurrence, pour que cette concurrence ne soit pas faussée »,indiquait-il, promettant de réformer celles sur les travailleurs détachés.

Après avoir épinglé la mauvaise gestion de la sortie des quotas laitiers, il se prononçait sur la lutte contre la volatilité des prix agricoles, en soutenant la mise en place dans le premier pilier de la Pac d’un « système de subventions contracycliques de garantie sur les prix ou le chiffre d’affaires ». Une proposition que la France pourrait faire « dès mai 2017 », s’il est élu.

Les auditeurs auront noté, à un point de son discours, l’hommage rendu à Stéphane Le Foll en tant que ministre de l’Agriculture. Sous les applaudissements de la salle. Un geste loin d’être anodin au regard des stratégies politiques à l’œuvre chez les ténors de la gauche. À Quimper surtout, Emmanuel Macron aura réussi à se démarquer des autres candidats de son bord politique en consacrant près d’une heure de discours à l’agriculture.

"J’étais là pour valoriser l’importance de notre agriculture", expliquait-il à des journalistes au terme de la visite d’une exploitation laitière de plus de 50 vaches à Ploéven, au nord de Quimper.

"L’agriculture ce n’est pas une charge. L’agriculture ce n’est pas quelque chose qu’on doit considérer d’en haut. L’agriculture ce n’est pas un secteur comme les autres auquel on doit donner des leçons. L’agriculture ce n’est pas un secteur que l’on ne doit cesser d’opposer aux autres, en particulier à l’écologie ou l’environnement", énumérait-il.

"L’agriculture, nos exploitants agricoles, nos paysans, parce qu’il faut dire les choses et utiliser les mots, ce sont ceux qui nous nourrissent et nous en avons besoin", estimait le candidat à la présidentielle.

L’ancien ministre de l’Economie proposera aussi quelques semaines plus tard lors d’un déplacement en Mayenne lors d’une rencontre avec de jeunes agriculteurs à La Chapelle-Rainsouin de "généraliser les associations de producteurs", quitte à assouplir les règles européennes sur la concurrence et les cartels. Il s’est également dit prêt si nécessaire à revenir sur la loi de modernisation économique de 2008, qui a introduit une négociation annuelle "qui pressure les producteurs".

Enfin il proposait d’organiser "un Grenelle de l’alimentation" dès les premiers mois du quinquennat pour "réconcilier" les agriculteurs, les consommateurs et les acteurs de l’environnement.

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