A la question d’un sénateur, productiviste assuré, répond la fuite en avant technosolutionniste de l’autre. No future.
La question d’actualité au gouvernement n°0755G de M. Jean Sol (Pyrénées-Orientales - Les Républicains) publiée le 15/02/2024 :
Question posée en séance publique le 14/02/2024
M. le président. La parole est à M. Jean Sol, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jean Sol. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la sécheresse historique que traverse le département des Pyrénées-Orientales - pas de pluie, pas de neige et barrages au plus bas -, confirmée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), place les nappes phréatiques de notre département dans le rouge et emporte des conséquences inédites sur les deux piliers que sont l’agriculture et le tourisme, ce qui affecte fortement notre économie.
La situation est telle que certains maires sont obligés d’alimenter leurs administrés en eau potable à l’aide de bouteilles ou de citernes.
Malgré les efforts réalisés par tous notamment à la suite d’une charte cosignée par l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF), les services préfectoraux et les élus locaux en matière d’usage, dont les dispositions ont permis d’économiser 30 % d’eau, ou du partenariat passé entre Perpignan Méditerranée Métropole (PMM) et l’agence de l’eau, nous n’y arrivons toujours pas.
Il est donc grand temps de passer à la vitesse supérieure. Nous ne pouvons plus nous satisfaire de comités Théodule et de déclarations d’intention : il faut agir, et vite !
La délégation à la prospective de notre assemblée a déjà tiré la sonnette d’alarme en 2016, avec le rapport d’information Eau : urgence déclarée de nos collègues Jean-Jacques Lozach et Henri Tandonnet. En 2022, nous avons encore affiné nos analyses et nos propositions dans le rapport d’information Éviter la panne sèche - Huit questions sur l’avenir de l’eau, dont j’étais corapporteur.
Dans ce contexte alarmant qui ne va pas s’améliorer compte tenu du dérèglement climatique, un plan d’action doit être rapidement mis en oeuvre afin de limiter les fuites des réseaux d’eau tout en agissant sur les canaux d’irrigation, les retenues collinaires, les eaux usées, les usines de désalinisation, les débits réservés et la prolongation du « tuyau » Aqua Domitia qui achemine l’eau du Rhône et qui s’arrête dans l’Aude.
Si la question du coût ne doit naturellement pas être éludée, il faut lâcher les vannes, monsieur le ministre. Il y a urgence, car, chaque jour qui passe, c’est une entreprise qui s’assèche, une commune qui n’a pas d’eau potable, un incendie qui se déclenche, un projet urbanistique qui s’éteint.
À quand un plan Marshall pour les Pyrénées-Orientales ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Publiée dans le JO Sénat du 15/02/2024 - page 93
La réponse du Ministère de la transition écologique et de la cohésion des
territoires publiée le 15/02/2024 :
Réponse apportée en séance publique le 14/02/2024
M. le président. La parole est à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Monsieur le sénateur Jean Sol, depuis vingt mois, c’est-à-dire depuis le mois de juin 2022, le département des Pyrénées-Orientales n’est pas sorti des mesures de restriction. Ce cas est unique en France.
Nous sommes confrontés à un niveau de sécheresse historique, avec un déficit d’humidité des sols qui atteint 90 %. La sécheresse historique qui sévit également plus au Sud, près de Barcelone en Espagne, est la preuve, pour les rares climato-sceptiques qui pourraient subsister, que le temps de l’action et de l’adaptation s’impose désormais.
À travers vous, monsieur le sénateur, je tiens à saluer l’ensemble des collectivités locales, qui ont pris leurs responsabilités et qui, en appliquant le plan préfectoral, ont permis une baisse de 30 % de la consommation d’eau. Je salue également le plan d’action présenté il y a quelques jours par le préfet des Pyrénées-Orientales sous l’autorité du ministère de l’intérieur et de mon ministère.
Alors qu’il n’existait qu’un seul projet de réutilisation des eaux usées l’année dernière, ce sont désormais sept projets qui sont accompagnés par l’État. Nous sommes sur le point de soutenir un nouveau projet ambitieux lancé par la communauté urbaine de Perpignan.
En parallèle, des projets de retenues collinaires ont été élaborés, avec la réserve que, même si nous en acceptons le principe, il faut bien qu’il pleuve pour que ces retenues soient utiles. Or, avec 153 millimètres cumulés de précipitations au cours de ces derniers mois, nous constatons que la ressource manque.
M. Yannick Jadot. Et pourquoi pas des mégabassines ?
M. Christophe Béchu, ministre. Nous devons donc à la fois poursuivre ces efforts de sobriété, qui ont permis, comme vous le mentionnez, une baisse de 30 % de la consommation d’eau dans votre département, et optimiser l’ensemble de notre stratégie, dans le prolongement du plan Eau, lequel prévoit de nouveaux moyens pour lutter contre les fuites, insiste sur la nécessité pour une commune isolée de ne pas gérer seule la compétence eau, et rappelle l’intérêt que nous aurions à réutiliser les eaux usées.
D’ici à la fin du mois de février, le préfet des Pyrénées-Orientales me fera part de l’ensemble des perspectives qui sont les nôtres en la matière. J’aurai en outre l’occasion, au mois de mars prochain, de me rendre dans votre département, à la rencontre de vos administrés, qui sont particulièrement concernés par ces difficultés et qui subissent une situation, certes unique, mais dont, à bien des égards, nous devons nous inspirer pour nous adapter efficacement au changement climatique. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Jean Sol, pour la réplique.
M. Jean Sol. Monsieur le ministre, je vous remercie de reconnaître l’étendue des dégâts, mais ce ne sont pas des mots que nous attendons pour panser nos maux.
M. Christophe Béchu, ministre. Je le sais bien...
M. Jean Sol. Nous vous demandons un véritable plan Marshall pour éviter la guerre de l’eau et garantir la survie de notre département ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Mme Cécile Cukierman applaudit également.)
Publiée dans le JO Sénat du 15/02/2024 - page 935.
A l’approche des Jeux Olympiques, la frénésie sur la location de courte durée touche aussi le financement de biens immobiliers avec plus de 20 % d’augmentation. Exemple un appartement de 70m² financé par crowdfunding à plus d’1 million d’euros.
« Dans le 8ème arrondissement de Paris, l’appartement baptisé « Le Triangle d’Or » a connu un succès retentissant. Les porteurs du projet, Clark et Nelson Hassan ont ainsi récolté 1 060 000 € auprès de 4 682 particuliers investisseurs en quelques jours seulement.
Ce projet immobilier d’exception de 70m² pourra accueillir 6 personnes dans un cadre somptueux et chaleureux.
« Cet appartement a été vraiment conçu dans l’optique de fournir une solution de location courte durée capable de rivaliser avec l’hôtellerie de luxe, en offrant ainsi à une clientèle en quête d’un logement plus intime qu’un hôtel, une expérience haut de gamme. Son aménagement soigné et ses équipements de grande qualité sont spécialement pensés pour répondre aux besoins des voyageurs exigeants, positionnant ainsi ce lieu comme une option idéale en prévision des Jeux Olympiques de 2024 et tout futur événement majeur sur Paris.
En dehors de cet évènement, nous prévoyons un loyer brut annuel estimé à 176 573 € et une rentabilité nette annuelle prévisionnelle de 13,96 %. Les frais de gestion locative et les charges opérationnelles seront pris en compte dans ce calcul. La rentabilité est fixée à 9 %/an, avec des intérêts versés mensuellement aux investisseurs sur une période de 3 ans. »
« L’exemple de cet appartement n’est pas un cas isolé. Nous avons enregistré une augmentation de 20 % des financements sur Bricks.co pour des biens dédiés à la location courte durée. Avec des prévisionnels financiers boostés par les JO sur Paris, les locations de courte durée peuvent enfin avoir les moyens de se faire financer en crowdfunding. Avec des durées de financement allant de 3 jusqu’à 5 ans, la plateforme Bricks.co intéresse particulièrement ces nouveaux opérateurs.
Les Jeux Olympiques de Paris représentent une magnifique opportunité pour les porteurs de projets mais aussi pour le grand public qui peut ainsi investir dans des biens d’exception avec des rentabilités beaucoup plus fortes et intéressantes. »
Source : communiqué de presse.
Préoccupée par l’eau de la Seine, la championne olympique de nage libre Ana Marcela Cunha estime que la Seine « n’est pas faite pour nager, s’inquiète pour la santé des athlètes, et veut un « plan B ». La Brésilienne, championne olympique en titre de natation en eau libre, a appelé dans un entretien à l’AFP les organisateurs des JO 2024 à élaborer un « plan B » au cas où les épreuves ne pourraient pas se dérouler dans la Seine, à cause d’une mauvaise qualité de l’eau.
« C’est une préoccupation. Il n’y a pas eu d’événement-test l’an dernier à cause de ça, mais (les organisateurs) insistent à vouloir que les épreuves aient lieu là-bas (...). Il faut un plan B au cas où cela ne serait pas possible de nager » dans la Seine, a déclaré la nageuse de 31 ans en marge d’une compétition sur la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro.
« Il ne s’agit pas d’effacer l’histoire de la Seine, nous savons ce que représente le pont Alexandre-III, la tour Eiffel, mais je pense que la santé des athlètes doit passer avant », argue la championne, selon qui « les organisateurs doivent accepter que, peut-être, il sera malheureusement impossible de réaliser les épreuves là où ils le veulent [...] C’est lié à un problème d’infrastructures : la Seine n’est pas faite pour nager ».
Les prélèvements reprendront en juin
A moins de cinq mois de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris (26 juillet - 11 août), la question de la qualité de l’eau de la Seine lors des JO de Paris se pose toujours. Les prélèvements pour vérifier la qualité de l’eau vont reprendre en juin, dans des conditions météorologiques plus proches de celles des Jeux, alors que le fleuve est actuellement en phase de crue. « Tout cela est bien encadré […] Ca avance, on va être prêt », précise-t-elle.
Ce sera le Cojo (comité d’organisation des JO) qui décidera de la tenue des épreuves, en fonction de certains seuils. A l’heure actuelle, aucun « plan B » n’est prévu, mis à part d’éventuellement reporter les épreuves en cas d’orage le Jour J.
La Seine doit également accueillir les épreuves de triathlon, et sa baignabilité, ainsi que celle de son affluent la Marne, est censée être l’un des grands héritages des Jeux olympiques et paralympiques. Les analyses réalisées de 2015 à 2023, transmises à l’AFP par la mairie de Paris, montrent de fortes variations l’été dernier, avec plusieurs pics de concentration de deux bactéries indicatrices de contamination fécale.
Aucun des 14 points de prélèvement parisiens de l’eau n’a atteint un niveau de qualité suffisant au regard des directives européennes en 2023, globalement de juin à septembre. Interrogée sur son état d’esprit à l’idée de devoir concourir avec un doute sur la qualité de l’eau, Ana Marcela Cunha évoque « un avant et un après ».
Macron a promis de s’y baigner
« Le jour de la compétition, il n’y a pas grand-chose à faire (...). Mais, après, une fois sorti de l’eau, on peut tomber malade quinze jours plus tard. Au moment de la compétition, on n’y pense pas, on s’inquiète après », dit la championne brésilienne, en exhortant plus largement à une prise de conscience environnementale.
« Tout est lié à la façon dont on traite la nature » et « tout le monde doit jouer son rôle », dit la jeune trentenaire en citant la pollution plastique des mers, même si, pour en revenir aux Jeux de Paris, c’est aussi « lié à un problème d’infrastructures : la Seine n’est pas faite pour nager », selon elle.
Lors de sa visite du village olympique, le président de la République Emmanuel Macron a assuré qu’il se baignerait dans la Seine avant les JO. « Et comment ouais ! Il y a eu des engagements de pris, a-t-il répondu, avec un sourire en coin. Moi oui, j’irai. Mais je ne vais pas vous donner la date, vous risqueriez d’être là. » Une promesse qui rejoint celle d’Anne Hidalgo en janvier, qui avait assuré : « nous nous baignerons dans la Seine ».
L’INERIS vient de publier un rapport qui éclaire les enjeux liés à la relance de l’extraction minière des métaux rares.
Le lithium est un métal stratégique, dont la production est actuellement entre les mains de quelques pays dans le monde, alors que des ressources existent ailleurs et notamment en France. Il s’agit soit de minerais inclus dans certaines roches (granites), soit de sels de lithium dissous dans des fluides profonds, comme les saumures extraites par certaines centrales géothermiques.
En France, les saumures géothermiques riches en lithium sont principalement localisées dans le fossé rhénan et, dans une moindre mesure, dans le Massif Central. Dans la partie allemande du fossé rhénan, des études et des travaux sont en cours avec l’objectif de produire du lithium d’origine géothermique dès 2024, préfigurant ce qui pourrait prochainement se faire sur le territoire français.
Après avoir rappelé les enjeux liés au lithium et recensé les projets d’extraction de lithium géothermique dans le monde, le document décrit les technologies employées et l’accidentologie associée. Les potentiels de danger sont ensuite identifiés sur la base des informations rassemblées, d’échanges avec les principaux professionnels français de ce secteur, ainsi que sur la visite d’un site démonstrateur en Allemagne.
Le rapport :
Lithium : comment l’extraire en France ? :
https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/lithium-comment-lextraire-en-france-118716/
On comprend pourquoi Arnaud Rousseau est enragé contre « les normes ». Il s’en est affranchi depuis des lustres dans la commune dont il est maire en Seine-et-Marne, dont les captages d’eau potable n’ont fait l’objet d’aucune déclaration d’utilité publique (DUP), comme le prescrit pourtant la loi sur l’eau de 1992…
C’est une association locale qui vient de révéler le pot-aux-roses, après avoir saisi sa députée Ersilia Soudais, qui a posé la question au ministère de l’Ecologie :
https://www.nosdeputes.fr/16/question/QE/11527
Bien que ce dispositif de protection des captages soit obligatoire depuis le 3/1/1992 (1) un nombre important de communes de Seine et Marne ne respectent toujours pas cette législation : plus d’un quart (28.5 %) des captages du 77 ne sont toujours pas protégés par une DUP soit 100 captages sur 350.
A noter qu’en 2023 seulement 9 captages d’eau potable ont fait l’objet d’une protection DUP (car ils étaient 109 en 2022 à être non conformes).
Ce sont les maires qui ont la responsabilité de mise en place de cette protection, ils se regroupent en Syndicat et élisent un responsable que va se charger du sujet.
Un captage d’eau non protégé c’est une aubaine pour les industriels et agriculteurs qui n’ont pas d’obligation, au titre de cette législation, pour, à proximité, implanter une usine polluante ou bien épandre des boues, déchets de méthaniseur ou des pesticides.
Pour exemple parmi les 100 captages non couverts par une DUP nous citerons quelques captages du nord 77 :
• Captages Forfry, Lizy sur Ourcq, Germigny l’Evêque
Gérés par la communauté de communes Pays de L’Ourcq :
Président Pierre Eelbode, maire de Cocherel, agriculteur
Co président Arnaud Rousseau, maire de Trocy en Multien, président de la FNSEA…
• Captages Charmentray, Marcilly, St Soupplets
Gérés par le Syndicat Thérouanne Marne et Morin
Président Xavier Ferreira, maire de Charny
• Captages Juilly, Moussy le Vieux 2, Oissery, St Pathus, Othis
Gérés par le Smaep Goële
Président Jean-Louis Durand, maire de Marchémoret
(1) Le site SIGES Seine Normandie indique :
« Un PPC (périmètre de protection des captages) est un dispositif rendu obligatoire par la loi sur l’eau du 3 janvier 1992 (article L-1321-2 du code de la santé public). Il constitue la limite de l’espace réservé réglementairement autour d’un captage utilisé pour l’alimentation en eau potable, après avis d’un hydrogéologue agréé.Ce périmètre vise à prévenir les risques de pollutions ponctuelles ou diffuses sur un point de prélèvement d’eau pour la consommation humaine. Ils sont rendus officiels par Déclaration d’Utilité Publique (DUP). »
La DUP :
https://www.serpn.com/protegeons_l_eau/proteger_la_ressource_en_eau_dup/#:~:text=La%20DUP%20permet%20aussi%20de,directe%20de%20l’eau%20capt%C3%A9e.
Acculé par le bras de fer que lui impose le FNSEA le gouvernement ne recule devant aucune argutie juridique pour conforter les tenants d’une agriculture productiviste gaspilleuse d’eau…
Comme il l’a déjà maintes fois formulé, l’exécutif souhaite simplifier les procédures permettant la construction de retenues d’eau. Objectif, permettre le stockage de l’or bleu, en prévision des périodes de sécheresse, et ainsi garantir les récoltes pour les exploitants. Ces projets sont loin de faire l’unanimité, leurs détracteurs dénonçant un « accaparement » de l’eau par les gros producteurs, au profit de l’agro-indutrie.
« Ce dont nous parlons, c’est de faire du stockage d’eau », a souligné Agnès Pannier-Runacher, au micro de Public Sénat, ce lundi, réfutant le terme de « bassines ».
Le gouvernement compte, dans sa nouvelle loi agricole, « faciliter » l’installation de réserves d’eau pour l’agriculture, a indiqué la ministre déléguée à l’Agriculture et à la Souveraineté alimentaire, Agnès Pannier-Runacher, ce lundi.
« Nous allons faciliter (..) les procédures pour faire des ouvrages de stockage d’eau » en les « simplifiant », a assuré la ministre au micro de Public Sénat, au Salon de l’agriculture, sur fond de colère des agriculteurs qui perdure depuis plus d’un mois.
« Ce dont nous parlons, c’est de faire du stockage d’eau », a-t-elle fait valoir, réfutant le terme de « bassines ».
Présomption d’intérêt public majeur
Comment l’exécutif compte-t-il s’y prendre afin de simplifier les procédures ? Le chef de l’Etat a avancé une piste. Samedi dernier, lors d’une visite houleuse pour l’ouverture du Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron s’était engagé à « reconnaître notre agriculture et notre alimentation comme un intérêt général majeur de la nation française », ce qui pourrait, a priori, faciliter de els projets.
« Sur le plan juridique, ça positionne l’agriculture en équilibre avec l’environnement », a réagi le patron du premier syndicat agricole (FNSEA), Arnaud Rousseau, invité sur le plateau du Grand Jury RTL, Le Figaro, M6, dimanche.
La mesure doit encore être explicitée mais elle ressemble toutefois déjà à la présomption d’intérêt public majeur. Ce principe datant du décret n°2023-1366 du 28 décembre 2023 permet de valider des projets d’éoliennes ou de centrales solaires même lorsque leur construction risque de mettre en danger des espèces ou des habitats protégés.
Arbitrer « entre le droit de l’environnement et l’agriculture »
Interrogé dimanche sur la priorité qui pourrait ainsi être donnée à la construction de ces fameuses retenues d’eau lorsque des associations écologistes s’y opposent au nom de la défense de l’environnement, « tout ne va pas être permis, ce n’est pas le cas », a répondu Arnaud Rousseau.
« Mais ça pourra permettre, en fonction de la reconnaissance du caractère d’intérêt général, de dire qu’à un moment il faudra qu’on arbitre entre le droit de l’environnement et l’agriculture reconnue d’intérêt général majeur », a-t-il souligné.
« L’idée de laisser cette décision au juge nous paraît de nature à donner une direction », a salué Arnaud Rousseau.
« L’idée c’est d’équilibrer pour faire en sorte qu’on ne continue pas à dire qu’on va protéger l’environnement chez nous, ce qui a du sens (...) mais si tout vient d’ailleurs, et le carbone, et les mesures qui ne respectent pas nos standards et nos qualités, je ne suis pas sûr qu’on ait beaucoup avancé », a-t-il poursuivi.
Fin janvier, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, avait déjà affiché sa volonté d’accélérer la construction de réserves d’eau en présentant un fonds de 20 millions d’euros destiné à améliorer le stockage et l’efficacité de l’irrigation.
Le souvenir de Sainte-Soline
Pour rappel, la construction de réserves d’eau supplémentaires pour faire face au dérèglement climatique faisait partie des revendications soulevées lors des manifestations des agriculteurs en ce début d’année. Certains exploitants réclament la construction de réservoirs, qualifiés de « réserves de substitution » par leurs promoteurs et de « méga-bassines » par leurs détracteurs, remplis par pompage dans les nappes phréatiques.
Les opposants aux retenues d’eau, eux, dénoncent un « accaparement » de l’eau par les gros producteurs, au profit de l’agro-industrie et pour l’exportation, qui perpétue un modèle remis en cause par le réchauffement climatique. A titre indicatif, l’agriculture en France est à l’origine de 58% de la consommation nationale d’eau pour irriguer les cultures ou abreuver les bêtes, peut-on lire sur le site du ministère de la Transition écologique.
Ce conflit de l’eau avait été illustré par les violences de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Après de premiers épisodes en octobre 2022, la manifestation de mars 2023 avait dégénéré en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés. Deux manifestants avaient passé plusieurs semaines dans le coma. Si la Ligue des Droits de l’Homme a dénoncé un « usage disproportionné » des armes (grenades lacrymogènes, LBD) par les forces de l’ordre, une commission d’enquête parlementaire a en revanche conclu mi-novembre à la « responsabilité écrasante » des trois mouvements qui avaient appelé à manifester, en dépit d’interdictions préfectorales.
Trois militants anti-bassines ont d’ailleurs été condamnés en ce début d’année à des peines comprises entre 6 et 12 mois d’emprisonnement avec sursis pour l’organisation de manifestations interdites. Les opposants semblent toutefois encore bien déterminés à poursuivre leur combat. Une prochaine mobilisation contre les « bassines » est d’ores et déjà programmée en juillet prochain dans le Poitou, juste avant les Jeux olympiques de Paris.
Nouvelle réunion à Bercy en vue de résoudre la crise agricole
Les propos de la ministre interviennent alors qu’Emmanuel Macron a demandé lundi à plusieurs ministres réunis pour le suivi de la crise agricole une « mobilisation totale » pour « renforcer » le secteur sans relâcher les « efforts environnementaux ». « Ne cédons pas aux démagogies du moment. Il faut faire simple et fort tout en étant responsables pour les Français », a-t-il ajouté.
L’Elysée a annoncé la tenue mardi à Bercy autour des ministres de l’Economie et de l’Agriculture, Bruno Le Maire et Marc Fesneau, d’une nouvelle réunion « sur les plans de trésorerie des agriculteurs et la manière de les aider », avec le fisc, les banques, les assureurs et la mutualité sociale agricole.
Le chef de l’Etat « a demandé un recensement départemental » de « toutes les exploitations en difficulté » nécessitant un accompagnement « en matière de trésorerie », a expliqué son entourage. Et il a décidé la mise en place, pendant les deux prochains mois, d’une permanence dans chaque sous-préfecture pour « résoudre les situations individuelles en lien avec les différents services de l’État et les opérateurs ».
Enfin, « il a demandé à Bercy de lancer un chantier sur les prix plancher avec l’ensemble des organisations professionnelles agricoles ». Selon ses services, Emmanuel Macron a demandé samedi aux syndicats agricoles « d’aboutir à quatre ou cinq revendications assez fortes pour structurer les échanges ». Il espère leur retour « dans les dix jours » afin de « travailler sur ces revendications » en vue du nouveau rendez-vous qu’il leur a donné dans trois semaines à l’Elysée.
Derrière cette demande, il y a « la volonté de poser un cadre de référence commun », « d’avoir quelques mesures identifiées par l’ensemble des acteurs », a expliqué un conseiller. « Il faut maintenant clore la crise et se mettre d’accord sur les quelques mesures fondamentales pour faire la différence pour les agriculteurs et permettre aux agriculteurs de rentrer chez eux tranquillement et d’avoir été entendus », a ajouté une autre conseillère.
Lire aussi :
Pour plus de 1000 scientifiques les propositions de l’exécutif sur l’agriculture sont une régression pour l’environnement et la santé :
VOIR :
Megabassines, histoire secrète d’un mensonge d’état
En plein été, une installation stratégique de la plus grande station d’épuration des eaux usées d’Europe est totalement détruite par le feu à trente kilomètres de la capitale. Il faudra entre trois et cinq ans pour la reconstruire, au prix, dans l’intervalle, d’une pollution gravissime de la Seine. Ce site n’a cessé d’enregistrer des sinistres de plus en plus graves depuis plusieurs années. Sa gestion est entachée par des dévoiements sans précédent en matière de marchés publics. Un désastre absolu, qui ne suscite qu’une inquiétante indifférence.
Organisée dans le Tarn-et-Garonne le 20 avril 2020, par le Collectif "Les habitants d’ici et d’ailleurs", en réponse au nouveau projet de barrage ou de retenue de Sivens,, cette rencontre visait à informer et sensibiliser la population sur les enjeux de cet ouvrage et de la situation d’urgence climatique.
Invité début décembre 2016 à Tarbes, par l’association ATTAC 65, nous y présentions les enjeux des nouvelles lois NOTRe et GEMAPI et soulignions la place insuffisante réservée aux citoyens et aux associations dans les circuits de décision qui concernent l’eau.
A l’invitation de l’ADIL, nous intervenions à Paris le 3 octobre 2014 sur la question de l’eau et de la guerre.
Au bout du chemin de la guerre, avec le chaos s’étend du Moyen-Orient à d’autres continents, le politique, la diplomatie et la prévention des crises doivent retrouver toute leur place.
C’est le fil conducteur de la conférence organisée avec l’Association française du mouvement Pugwash avec des interventions de Daniel Lagot, physicien et président de l’ADIF sur les ambiguïtés présentes du droit, Monique Chemillier-Gendreau, professeur de droit émérite, spécialiste des relations internationales, interroge sur quel droit international demain ? et Ghislaine Doucet, conseillée juridique de la délégation du CICR en France, parme de l’évolution présente des conflits.
Bilan de vingt-cinq ans de guerres : Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, directeur de recherches à la Fondation MSF, apporte des réflexions partant d’une expérience de terrain sur la responsabilité de protéger et Pascal Turlan, membre du Bureau du procureur de la Cour Pénale Internationale sur le rôle de l’institution.