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Après Sivens, revoir « Pour quelques grains d’or »

7 janvier 2015

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Diffusé en 2009, ce film de 52 minutes de David Briffaud et Fabien Mazzoco, produit par Lilith Production, pointait déjà avec une acuité remarquable les dérives de la logique productiviste qui a promu à outrance la culture du maïs irrigué.



« La France produit et exporte du maïs. En été, cette culture consomme jusqu’à 80% des réserves d’eau et assèche les rivières. Les réserves de substitutions qui prélèvent l’eau l’hiver sont-elles une solution ? N’y a-t-il pas d’alternative à cette culture et à cette agriculture intensive ? 
À travers le portrait de deux agriculteurs, l’un, céréalier en Vendée en GAEC à quatre associés sur 500 hectares, dont 120 de maïs irrigué, l’autre en Charente-Maritime reconvertissant 140 hectares en polyculture et élevage bio, ce film pose le problème de la politique agricole du "tout maïs" et de ses conséquences économiques et écologiques.

« La culture du maïs vaut-elle le prix à payer en termes d’épuisement des ressources en eau et de pollution ? Certains, qu’ils soient agriculteurs, citoyens ou associations, doutent que les solutions proposées soient les bonnes dès que la logique productiviste n’est pas remise en cause.

« La rivière du Mignon, en Charente-Maritime, est asséchée : une situation qui est devenue chronique à cause des prélèvements opérés pour arroser le maïs au détriment du milieu naturel. 
Le maïs est cultivé depuis le 15e siècle en France, en Aquitaine et en Alsace. Les maïs hybrides ont permis d’étendre ces cultures à d’autres zones. La culture du maïs est destinée à l’alimentation des animaux d’élevage. LA PAC en 1992 a mis en place des primes à l’hectare, en particulier pour les cultures irriguées. Or, l’irrigation en été consomme 80% des ressources en eau et, en France, ce sont la moitié des zones humides qui ont été asséchées en 30 ans. La culture du maïs contribue aussi au lessivage des terres et à la pollution des rivières par les intrants. 


« En octobre 2000, la Directive Cadre Européenne sur l’eau impose à la France de retrouver un "bon état des eaux et des milieux aquatiques" d’ici 2015. Si l’eau vient à manquer l’été, on peut la récupérer l’hiver : l’eau est partout et pour tout le monde, et la crue dérange. La solution consiste alors à construire des bassins pour les réserves de substitution avec l’eau prélevée en hiver. En 2008, la crise de l’ostréiculture révèle la mauvaise santé des eaux. Le 31 janvier 2008, l’Europe a condamné la France pour violation répétée de la réglementation sur la qualité des eaux potables dans trois départements : les Deux-Sèvres, la Vendée et la Charente-Maritime.

« Pourtant la logique d’agriculture intensive n’est pas stoppée. Les subventions pour les réserves d’eau alimentent la course au stockage de l’eau et "l’artificialisation" du milieu, alors que le financement à 70% des réserves d’eau de substitution pour maintenir la culture du maïs crée une dette pour 20 ans !

« Face au problème, la résistance citoyenne s’organise et certains agriculteurs en sont partie prenante. Le sorgho, la luzerne peuvent être utilisés pour l’élevage, mais ces cultures ne sont pas favorisées car le poids du lobby "Monsanto," dont l’activité est exclusivement tournée vers le maïs, est très fort. Les céréales sont cotées en bourse et souvent destinées à l’exportation.Les règles sont définies au plan mondial avec une démarche de spécialisation des zones de production. C’est ainsi que les céréales se croisent (exportation de maïs et importation de soja, par exemple). 


« Il y a actuellement 6,7 milliards de personnes sur la planète et en repensant les systèmes de production (conversion en agriculture bio notamment), on pourrait en nourrir 9 milliards (Source : FAO). Hélas, aucune mesure n’est prise pour renverser la situation : le maïs passe pour assurer le meilleur revenu et explique le choix que font les agriculteurs, les aides allant prioritairement aux cultures irriguées et à la constitution de réserves d’eau.

« Avec une sensibilité certaine à la beauté de la nature, ce documentaire révèle les contradictions que doit affronter le monde agricole et dégage avec clarté les enjeux majeurs. »

Avec la participation de :

 Claude Poitiers, agriculteur céréalier en Vendée, en GAEC à 4 associés, sur 500 hectares dont 120 de maïs irrigué. 


 Julien le Guet, animateur nature batelier dans le Marais Poitevin.

 Marc Benoît, agronome, directeur de recherche à l’INRA. 


 Benoît Biteau, agriculteur en Charente-Maritime, en reconversion en polyculture et élevage biologique sur 140 hectares. 


 Luc Servant, président de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime. 

 Patrick Picaud et Claude Matard, Association Nature Environnement 17 (La Laigne).

 Michel Bertin, ostréiculteur, Bassin de Marennes d’Oléron.

 Michel Barnier, ancien ministre de l’Agriculture. 


 Christine Dumont, habitante du Marais Poitevin.


 François-Marie Pellerin, Ingénieur géologue - CORDE Marais Poitevin. 


Commander le DVD du film sur le site de Voir et Agir (12 euros).

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