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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Tango argentin
par Marc Laimé, 11 novembre 2006

Après les déconvenues qu’elles ont enregistré ces dernières années dans leurs tentatives d’implantation du Partenariat-Public-Privé sur toute la planète, les majors de l’eau françaises, après avoir tiré le bilan de leur échec, contre-attaquent et peaufinent une nouvelle stratégie.

Après s’être massivement impliquées dans l’élaboration d’un « Partenariat Français pour l’eau », qui a posé les premiers jalons de cette nouvelle doxa au 4ème Forum mondial de l’eau à Mexico en mars 2006, et s’être fait les chantres de loi « Oudin-Santini » sur la coopération décentralisée dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, qui permet désormais à toutes les collectivités locales d’affecter jusqu’à 1% de leurs budgets d’eau et d’assainissement à des actions de coopération décentralisée, la contre-offensive passe aussi par l’explication « dépassionnée » des échecs rencontrés sur d’autres continents dans le cadre de gigantesques concessions, qui ont violemment été rejetées par les populations locales concernées.

Ainsi une Table-ronde organisée conjointement par le GRET (Groupe de recherche et d’échanges technologiques) qui se présente comme une association professionnelle de solidarité et de coopération internationale, et le LATTS (Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés), unité mixte de recherche CNRS-ENPC-UMLV, avec la participation de Coordination Sud et du PNUD, évoquera le lundi 13 novembre 2006 au ministère de l’Equipement, à la Grande Arche de la Défense, à Paris, le thème des « Multinationales de l’eau et les marchés du Sud : Pourquoi Suez a-t-elle quitté Buenos-Aires ? »

L’affiche et la présentation du propos laissent rêveurs.

En substance l’échec de Buenos-Aires serait surtout imputable, et « aux antagonismes entre une capitale riche déjà desservie en eau potable et refusant de voir sa facture augmenter, et une périphérie plus pauvre, largement à desservir, dans l’impossibilité financière de faire face aux coûts de connexion ». Et à la « crise argentine » et « la dévaluation du peso argentin en janvier 2002 qui sonnent le glas des définitions initiales ».

En Bolivie ce serait « le début d’une période d’austérité budgétaire, d’effervescence sociale au niveau national (…) et d’instabilité politique, qui ont ouvert la voie à l’élection en décembre 2005 du président Evo Morales », qui ont conduit à une dégradation croissante de « la relation entre l’entreprise et la société bolivienne ».

Ajoutons pour faire bonne mesure qu’il convient aussi de s’interroger sur « le rôle qu’ont joué les acteurs publics locaux (Provinces, municipalités) dans la vie et les évolutions des contrats de concession ».

In fine, « l’entreprise privée, prise dans l’histoire et dans la culture de chaque contexte, pose un problème au politique puisqu’elle contribue à créer des attentes fortes de la part des populations ».

On ne s’étonnera donc pas qu’en conclusion il soit jugé souhaitable « qu’au delà des débats sur le statut public privé de l’opérateur et sur les résultats obtenus », que « l’échec des concessions de La Paz et de Buenos Aires invite à analyser en profondeur, la complexité des imbrications Services d’eau/sphère politique/attentes citoyennes. »

Après avoir noté qu’ici le champ universitaire apparaît manifestement enclin à épouser les thèses des entreprises privées, ce qui ressort de la litote, on prendra garde de ne pas négliger les enjeux de cette « écriture de l’histoire » qui aboutit, d’un glissement à l’autre, à ce que l’équation ultime ou la morale de l’histoire puissent se résumer ainsi : « Ces gouvernements autocrates (populistes…) n’ont rien compris au film, et la merveilleuse solidarité sociale « à la française », qui s’incarne dans notre admirable systême de redevances et de délégation de service public (au privé…) ne peuvent décidément pas être acclimatés auprès de ces populations, de surcroît parfois indigènes, lors même que les « riches » (brésiliens, boliviens), se soucient comme d’une guigne du bien-être des pauvres… »

Tout l’enjeu de l’actuel repositionnement, tant opérationnel qu’idéologique, du cartel français de l’eau, réside dans sa capacité à faire avaliser cette lecture de l’histoire récente, « au-delà des débats sur le statut public privé de l’opérateur et sur les résultats obtenus », qui ne relèvent à l’évidence que d’une posture « idéologique » aussi surannée que malfaisante…

La_table_ronde_GRET-LATTS_du_13_novembre_2006

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