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Semaine sans pesticides
par Marc Laimé, 19 mars 2011

La sixième édition de la Semaine pour les alternatives aux pesticides organisée par « Générations futures », aura lieu du 20 au 30 mars 2011, alors que le ministère de l’Agriculture, en réponse à un parlementaire, vient de faire un point d’étape sur le plan Ecophyto 2018.

Dix jours durant, associations, collectivités, particuliers ou entreprises organiseront des actions de sensibilisation, de formation et d’information afin de montrer que l’on peut se passer de pesticides.

La France détient le record d’Europe de consommation de ces substances chimiques, avec une consommation annuelle de plus de 70.000 tonnes, soulignent les promoteurs de la Semaine.

Ils insistent sur les "dégâts considérables, parfois irréversibles" qui leur sont attribués (appauvrissement des sols, pollution des eaux et de l’air, déséquilibre des écosystèmes, risque de cancer, de maladie de Parkinson, etc.).

En 2008, le ministère de l’Agriculture a lancé le plan Ecophyto 2018 visant à réduire de moitié en 10 ans l’usage des pesticides, « si possible »...

Pour Générations futures, il faut donc encourager les nouvelles formes d’agriculture et de jardinages plus respectueuses de l’environnement.

Jusqu’au 30 mars plus de 700 actions (conférences, colloques, débats, projections de films, etc.) sont prévus dans les 14 pays participants en Europe (France, Belgique, Espagne, Luxembourg, Macédoine, Hongrie, Allemagne) mais aussi en Afrique (Sénagal, Togo, Burkina Faso, Gabon, Bénin, Algérie, Tunisie).


Des marches symboliques seront ainsi organisées le 26 mars un peu partout en France et ailleurs pour dire "oui aux alternatives aux pesticides".

A Draguignan (Var), plus de 10 000 repas bios seront servis dans les cantines des collèges et lycées.

Le 23 mars à Paris, l’association Natureparif organisera quant à elle un colloque : "Objectif zéro pesticides dans les espaces à contraintes dans les collectivités locales (cimetières, jardins historiques, terrains sportifs, golfs".

Ecophyto 2018

M. François Marc, sénateur (PS) du Finistère, avait interrogé le 30 décembre 2010 le ministère de l’Agriculture sur la « Maîtrise des risques liés à l’usage des pesticides en agriculture ».

« M. François Marc attire l’attention de M. le ministre de l’agriculture, de l’alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l’aménagement du territoire sur les risques de engendrés par l’utilisation de pesticides dans le cadre de productions agricoles.

L’usage des ces produits hautement toxiques (comme le Metam sodium par exemple) peut en effet être à l’origine de catastrophes écologiques. Des cas récents de telles pollutions agricoles diffuses démontrent les séquelles en chaîne provoquées sur la faune et la flore.

Au-delà d’un bilan écologique néfaste, l’utilisation de telles substances n’est pas sans danger pour l’agriculteur lui-même, exposé également à un grand risque sanitaire. 


Dans son rapport annuel 2010, la Cour des comptes rappelait à quel point il est aujourd’hui nécessaire aux pouvoirs publics de faire preuve d’une extrême vigilance pour éviter que des pratiques agricoles contraires aux principes de base du développement durable ne se perpétuent à l’infini. 


Face à cette exigence majeure, il lui demande de préciser quelles démarches l’État envisage de conduire dans le but de dissuader les agriculteurs d’utiliser des pesticides, manifestement très dangereux et d’une nocivité durable dans les sols. »

La réponse du Ministère de l’agriculture, de l’alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l’aménagement du territoire, publiée dans le JO Sénat du 17/03/2011 - page 650.

« Le plan Ecophyto 2018, lancé en 2008, poursuit l’objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides en 10 ans si possible.

Il mobilise tous les moyens disponibles pour améliorer et réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, autant en zone agricole qu’en zone non agricole.

À l’occasion du deuxième Comité national d’orientation et de suivi du plan, le ministre de l’agriculture, de l’alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l’aménagement du territoire a tenu à rappeler son engagement total pour le succès de cette action.

L’agriculture française s’est clairement engagée dans de nouvelles pratiques de développement durable. La mobilisation de tous les acteurs professionnels, associatifs, organismes de recherche et représentants de l’administration, apporte notamment la preuve qu’une agriculture à la fois productive et écologiquement responsable est possible.

Deux ans après le début de la mise en oeuvre du plan Ecophyto 2018, un réseau de fermes pilotes de démonstration est en place sur près de 200 exploitations agricoles dans 14 régions, pour un déploiement national à environ 1 000 fermes depuis la fin du mois de janvier 2011.

Aussi, plus de 2 000 bulletins de santé du végétal ont été publiés sur l’ensemble des régions. Ils permettent aux agriculteurs de connaître la situation phytosanitaire et donc de cibler les traitements.

Enfin, plus de 41 000 professionnels ont déjà suivi une formation sur le respect de la réglementation, des bonnes pratiques d’utilisation et la connaissance des techniques de lutte intégrée.

En 2011, le plan poursuivra sa montée en puissance au travers d’un réseau de 2 000 fermes pilotes, de la généralisation du dispositif de formation, du renforcement de l’effort de recherche et d’un travail spécifique sur la protection des utilisateurs, du professionnel agricole au jardinier amateur.

L’épandage de pesticides interdit en Argentine

Une décision judiciaire a confirmé le 21 février l’interdiction d’épandage de pesticides à proximité de Urquiza, une zone urbaine dans la province de Santa Fe (Argentine). Il s’agit du premier cas argentin d’interdiction d’épandage pour raisons sanitaires, alors que les plaintes des riverains liées aux pesticides s’entassent par centaines dans les tribunaux.

Désormais, l’épandage terrestre devra être effectué au moins à 800 mètres du quartier de Urquiza, et à 1.500 mètres en cas d’épandage aérien. Cette décision s’appuie sur le principe de précaution, dans un pays qui a fait de la culture intensive de soja le pilier de son modèle agricole.

En septembre, Basta ! relayait l’étude de chercheurs argentins révélant les malformations du cerveau générées par l’utilisation du glyphosate, matière active de pesticide.

Un premier jugement a été rendu en mars 2009 par le tribunal de Santa Fe ordonnant la suspension immédiate de l’épandage aérien à proximité des zones urbaines. Un jugement confirmé en deuxième instance, au grand dam des producteurs de soja, de la municipalité et du gouvernement provincial qui avaient fait appel.

La Cour d’appel a également ordonné au gouvernement de Santa Fe de démontrer la non-nocivité pour la santé des produits chimiques. La charge de la preuve incombe désormais à ceux qui utilisent les pesticides.

Cette décision fera jurisprudence. Elle s’inscrit dans une large mobilisation des communautés locales contre l’expansion des cultures de soja transgénique et l’usage irrationnel des pesticides qui en découle. À Santa Fe, la campagne « Stop à l’épandage » implique aujourd’hui plus de 70 villages.

Le Centre de Protection de la nature, actif dans cette campagne et partie civile au procès, s’organise pour demander l’interdiction d’épandage dans les 300 villages concernés à Santa Fe.

(Sophie Chapelle, pour Basta !)

En lutte contre les pesticides

A Ruffec (16), Paul François et d’autres agriculteurs malades lancent demain une association nationale pour venir en aide aux victimes des pesticides.

Depuis mardi soir et la diffusion du dernier documentaire de Marie-Monique Robin « Notre poison quotidien », sur Arte, le téléphone de Paul François ne cesse de sonner. Le céréalier en lutte contre Monsanto est l’un des principaux protagonistes de l’enquête sur les pesticides. Le film commence d’ailleurs avec la réunion sur son exploitation, en janvier 2010, d’une quarantaine d’agriculteurs souffrant de leur exposition aux pesticides.

Lire l’article d’Aude Boilley dans Sud-ouest.

Une association pour les agriculteurs victimes de pesticides

Le Nouvel Obs.com, 19 mars 2011.

Lire aussi :

Le rapport « Ecophyto 2018 : deux ans d’action/Rapport 2008-2010 » qui présente les principales avancées du plan Ecophyto sur cette période.

La question sur le site du Sénat.

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