Vous voyez ce message parce que votre navigateur ne peut afficher correctement la mise en page de ce site. Effectuez une mise à jour vers un butineur qui supporte les standards du web. C'est gratuit et sans douleur.

NE PAS CLIQUER
LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Réforme de l’Etat : l’UMP accélère son projet ultra-libéral
par Marc Laimé, 24 mars 2008

La « parenthèse » des élections municipales et cantonales n’a aucunement entravé la volonté de « réforme » du gouvernement de M. François Fillon. Sous couvert de « rationalisation » de l’action de l’Etat, la Révision générale des politiques publiques (RGPP) connaît une nouvelle accélération, comme en témoigne le courrier adressé par le premier Ministre le 19 mars 2008 aux préfets et sous-préfets. La conjonction de l’accroissement du périmètre du ministère dirigé par M. Jean-Louis Borloo et de la décision de conférer à l’échelon régional le pilotage des politiques de l’Etat, laisse augurer de difficultés et de tensions avec les collectivités locales, de surcroît majoritairement dirigées par la gauche, qui vont devoir réorganiser leurs missions dans le domaine de l’environnement, qui sera donc à l’avenir piloté par l’Etat à l’échelon régional.

C’est par un courrier de trois pages daté du 19 mars que le Premier ministre a confirmé aux préfets de région et aux préfets départementaux la réforme de l’organisation des services territoriaux de l’Etat, avant même la prochaine réunion consacrée à la RGPP, prévue dès le 9 avril prochain, et dont le contenu et les orientations précises ne semblent pas encore définitivement arrêtés, après les remous suscités, tant par les préconisations de la « Commission Attali », actuellement « revisitées » par les parlementaires de l’UMP, sous l’égide de M. Jean-François Copé, que par les orientations du « Rapport Lambert », qui remettaient notamment en cause nombre de compétences aujourd’hui exercées par les départements.

Mais le nouveau « Conseil de modernisation des politiques publiques » qui se réunira autour de M. Nicolas Sarkozy le mercredi 9 avril 2008 aura toujours bien pour objectif de « réformer » l’administration pour « réaliser des économies », et parvenir au non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite.

Dans le même temps, selon un scénario désormais bien rôdé, c’est aussi en avril prochain que devrait être remis au gouvernement, pour être rendu public, le « Livre blanc » sur les valeurs, les missions et les métiers de la fonction publique, dont le rédacteur, M. Jean-Ludovic Silicani, conseiller d’Etat, a auditionné les présidents des associations professionnelles du cadre A (administrateurs, D.G., et ingénieurs territoriaux) avec lesquels il semble partager, sur l’essentiel, objectifs et moyens. S’annonçant donc riche en propositions consensuelles, on augure cependant mal dans ce contexte par quel miracle il ne rejoindrait pas les innombrables catalogues de voeux pieux qui l’ont précédé au cimetière des bonnes intentions...

Le Premier ministre a donc d’ores et déjà confirmé aux Préfets et Sous-préfets que la circonscription régionale devient la référence de droit commun du pilotage des politiques de l’Etat sur le territoire. Entraînant un regroupement des services en un nombre restreint de grandes directions régionales, la future organisation reposera donc sur des structures régionales « resserrées » :

 Un pôle fiscal résultant de la fusion des Trésoreries générales et des services fiscaux ;

- Une direction régionale de l’écologie, du développement durable, de l’aménagement et du logement.

 Une direction régionale du travail, de l’emploi et de l’entreprise ;

 Une direction régionale de la « cohésion sociale » ;

 Le rectorat ;

 La future « Agence régionale de santé. »

Même si ce schéma, aux dires du Premier ministre, nécessite encore études et réflexions, pouvant aller jusqu’à de nouvelles appellations, il est déjà clair, comme l’annonçait le « regroupement expérimental » DDE-DDA, déjà initié dans huit départements par les précédents gouvernements, que c’est une nouvelle articulation région-département qui est au fondement de cette « réforme », dont les promoteurs reconnaissent qu’elle exige encore des travaux complémentaires.

Ainsi en matière d’organisation des services départementaux, l’hypothèse qui semble de plus en plus clairement devoir être retenue est celle "d’un budget de programme régional unique rassemblant l’ensemble des effectifs et des moyens de fonctionnement des services départementaux".

Poursuivant l’objectif d’une mutualisation régionale et départementale "de la gestion des ressources humaines et des moyens de fonctionnement", le premier Ministre annonce aussi la création d’une mission interministérielle pour délimiter le contour des directions régionales, fixer l’organisation départementale et les problèmes de mutualisation, notamment les outils à mettre à la disposition des préfets et des services déconcentrés.

Le fait que cette « réforme » conduite à marches forcées, qui n’emporte pas, douce litote, l’adhésion des personnels du MEEDDAT, qui dénoncent vent debout un nouvel affaiblissement des politiques publiques de l’environnement, intervienne de surcroît dans une configuration politique qui voit la gauche, situation totalement inédite depuis 1982, diriger 20 régions métropolitaines sur 22, 58 départements sur 101, et 132 villes de plus de 30 000 habitants sur 232 en métropole, à l’heure où les collectivités représentent près de 70% de l’investissement public, va poser un redoutable problème à tous les exécutifs de gauche.

Comment promouvoir un développement soutenable, à l’heure où le pouvoir national de droite poursuit sans entraves le démantèlement des politiques publiques qui est au fondement de son programme libéral ? Comment développer des logiques de projet cohérentes quand l’ensemble de la Fonction publique d’Etat est « réformée » à la hussarde, désarticulant les interactions et synergies qui pouvaient jusqu’à présent se mettre en place entre services de l’Etat et collectivités, notamment au niveau départemental ?

La réponse qu’apportera la gauche à ce redoutable défi conditionne en grande partie l’évolution des politiques publiques dans le domaine de l’environnement jusqu’à la prochaine élection présidentielle.

La gauche aurait tort de sous-estimer l’enjeu. La présidence de l’Union que va assumer M. Nicolas Sarkozy à dater du 1er juillet 2008 est absolument vitale pour la réussite du projet ultra-libéral de l’UMP et du président de la République.

L’instrumentalisation de la crise économique et financière mondiale, et l’assimilation des inquiétudes générées par le changement climatique à un problème de sécurité nationale vont être les deux axes de la Présidence française. L’UMP et M. Nicolas Sarkozy se préparent déjà à en tirer argument pour légitimer un programme de « réforme » drastique, et l’adoption de mesures d’exception

Démantèlement des politiques publiques et réponses marchandes à la question environnementale en découlent tout naturellement.

Si la gauche ne s’organise pas pour combattre résolument cette nouvelle étape du projet libéral, la facture environnementale et sociale de cette fuite en avant sera considérable.

Note :

Certains lecteurs d’Eaux glacées se sont émus de notre propension à stigmatiser dans la reconfiguration du ministère dirigé par M. Jean-Louis Borloo la recréation d’un « Gosplan », à leurs yeux imaginaire. Or, jamais depuis 1958 ministère n’aura concentré autant de pouvoir. Le nouveau « Mes dates ! » constitue une pièce centrale du dispositif de « réforme » ultra-libérale que l’UMP et le président de la République entendent bien imposer à la France.

Nous notons par ailleurs avec indignation, mais point étonnés, que « l’eau et les milieux aquatiques » ne figurent plus sur la page d’accueil du site du
« Mes dates ! ». Tout un symbole.

Une citation :

« La politique est l’art d’obtenir de l’argent des riches et des suffrages des pauvres, sous prétexte de les protéger les uns des autres. »

Jules Michelet, historien français (1798 – 1874).

impression

commentaires

1 Réforme de l’Etat : l’UMP accélère son projet ultra-libéral

Le défi qui selon vous se pose à la gauche me semble absent. Vous semblez en effet penser que le parti socialiste soutien une pensée de gauche.
Cette hypothèse ne cadre absolument pas avec les politiques mise en oeuvre par ce parti lors de ses multiples passages au gouvernement sur ces 25 dernières années. A chaque fois ce sont des politique s libérales qui ont été mise en oeuvre ! Le parti socialiste est donc un parti de droite. Il devrait donc être très à l’aise avec les orientations politiques de l’actuelle majorité. Nous constatons d’ailleurs qu’il fait le service minimum face aux "réformes" actuellement en cours.

poste par bertrand - 2008-03-25@14:56 - repondre message
2 Réforme de l’Etat : l’UMP accélère son projet ultra-libéral

lePS ou pseudo gauche à considérer les courants qui
l’animent ne devraient pas etre géné aux entournures car il s’est toujours accommodé d’une politique droitière tant en accompagnant le mouvement ou en le devançant .DU reste le trouble des électeurs provient principalement qu’il ne s’y reconnait plus et qu’il est temps de redonner un sens aux mots et valeurs sans retourner à Proudhon ou Jaurés

poste par karl - 2008-03-27@14:12 - repondre message
vous aussi, reagissez!