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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Prix de l’eau et concurrence : la ministre de l’Economie veut contraindre Veolia et Suez à supprimer leurs douze filiales communes.
par Marc Laimé, 25 février 2008

L’UFC-Que Choisir a annoncé le 25 février 2008 avoir reçu le 18 février un courrier de Mme Christine Lagarde, ministre de l’Economie, dans lequel celle-ci annonce avoir accordé un délai de six mois aux deux entreprises pour mettre un terme aux accords ayant conduit à la création de 12 filiales communes qui exploitent les contrats de grandes collectivités en France et dans les Dom-Tom. Faute de solution « consensuelle », la Ministre annonce en outre que « si les entreprises ne parvenaient pas à trouver une solution satisfaisante, (elle) prendrait les mesures nécessaires à l’application effective du Conseil de la concurrence. »

Coup de tonnerre ou pétard mouillé ? Le site boursier helvétique Romandie news lui consacre immédiatement une dépêche documentée, une heure après l’envoi du communiqué de l’association de consommateurs...

L’affaire remonte à plusieurs années. Dans un avis rendu le 11 juillet 2002, le Conseil de la concurrence avait jugé que les deux entreprises avaient « abusé de leur position dominante collective. » Il avait alors « demandé aux ministres chargés de l’économie d’enjoindre aux sociétés Compagnie générale des eaux et Lyonnaise des eaux de modifier, compléter ou de résilier, dans un délai déterminé, tous les accords et tous actes qui ont conduit ces entreprises à associer leurs moyens dans le cadre des filiales communes. »

La ministre vient donc de répondre à l’association de consommateurs qui lui avait écrit le 17 décembre 2007 en lui demandant de démanteler ces filiales communes.

La Générale et la Lyonnaise veulent-elles appliquer l’avis du Conseil de la concurrence ?

Le peuvent-elles sans se mettre gravement en difficulté, quand on sait que trois des collectivités concernées, Lille, Marseille et Nancy, avaient de surcroît sévèrement été étrillées par les enquêtes successives de Que-Choisir sur le prix de l’eau, publiées en février 2006 et novembre 2007 ?

Bercy passera-t-il à l’action ? L’actuel directeur de cabinet de Mme Lagarde,
M. Stéphane Richard, dirigeait jusqu’à l’an dernier la filiale « transport » de Veolia...

Alors que le débat sur la gestion de l’eau anime la campagne des municipales, Que Choisir annonce de surcroît avoir engagé un dialogue avec plusieurs collectivités épinglées dans ses enquêtes, mais que la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) a refusé dans un courrier en date du 9 janvier 2008 de lui transmettre la décomposition détaillée de leur prix dans les communes étudiées, renvoyant à un débat au ministère de l’Ecologie, qui se garde bien de se mouiller dans cette ténébreuse affaire, après avoir renvoyé les protagonistes vers le futur « Observatoire du prix de l’eau » que doit mettre en place l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), créé par la LEMA du 30 décembre 2006...

La question de l’eau n’en finit donc plus de susciter des remous, comme en atteste par ailleurs l’échange musclé (décidément !), qui vient d’opposer l’actuel secrétaire d’Etat à la Fonction publique, M. André Santini, à une équipe de Bakchich info, qui l’interrogeait sur la gestion du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), le plus important syndicat des eaux français, et le plus important contrat de Veolia en France.

Le ou la futur(e) ministre de l’Ecologie n’est pas sorti (e) de l’auberge...

Le communiqué de l’UFC-Que Choisir

Le dossier des municipales :

L ‘actualité des mobilisations pour l’eau dans plusieurs dizaines de villes françaises

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