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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
14 juillet : au bal des lobbies
par Marc Laimé, 13 juillet 2017

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, le ban et l’arrière-ban des grands, (et même petits, dont on ne se méfie jamais assez), fauves s’apprêtent à déchiqueter à belles dents tout ce qui peut l’être. Sous Pharaon, l’avantage c’est qu’il n’y a même plus à faire semblant de se cacher… Florilège.

Le 1er juillet dernier, un petit éditeur parfaitement inconnu publie un opuscule de 136 pages, au prix déraisonnable de 25 euros. Aucune importance, il n’est pas destiné à être lu par le public, mais à appuyer une stratégie d’influence.

Un titre choc : « L’eau potable entre facture et fracture ».

Les auteurs ? Le nouveau responsable des relations institutionnelles de Veolia, David Colon, qui a tenu la plume, sans même en parler à ses petits copains de Veolia...

Et… Jean Launay ! Le Kappelmeister ! Ancien député (PS) du Lot canal historique sud-ouest radical-cassoulet. Ancien président du Comité national de l’eau, à partir de 2012. L’homme dont nous avons inlassablement dénoncé les turpitudes. L’homme de tous les lobbies. L’homme du lobby de l’eau.

Nos deux belles âmes se sont réunis autour d’une louable ambition, si l’on se réfère à la présentation de l’ouvrage par l’éditeur :

« Accessible au non initié, cet ouvrage explique que l’eau du robinet, abondante, disponible et peu coûteuse, n’est pas un acquis définitif. Héritage national des « trente glorieuses », le patrimoine français des réseaux d’eau potable est menacé par une fracture territoriale sans précédent au détriment des campagnes. Voulons-nous réserver l’accès à une eau de qualité aux seules populations urbaines ? Ou bien voulons-nous d une « eau républicaine » qui garantit l’égalité du citoyen vis-à-vis de cette ressource vitale ? Ce livre ouvre les yeux du lecteur sur une fragilité française méconnue, et propose un mécanisme de solidarité territoriale qui pourrait être la solution pour le bien des générations à venir. »

Encore un peu et on allait manquer cela ! Dommage.

Bon, en vrai, le jeune Colon est le nouveau chief lobbyiste d’Antoine. A ce titre il préside depuis janvier dernier « La Filière française de l’eau », un truc qui n’existe pas (on ne va pas en plus s’emmerder avec des statuts, une d’adresse, tout un tas de paperasses à la con), mais qui l’autorise à sièger au COSEI à Bercy.

Le COSEI, c’est le Comité stratégique des éco-industries, installé depuis Montebourg : the place to be. Un genre de buffet campagnard gratuit, où c’est-y que les requins de la filière viennent fourguer à leurs amis fonctionnaires les idées mirobolantes qui feront la France « durable » de demain.

Bon, en fait ça sert uniquement à arroser nos ingénieux malandrins de milliasses d’euros d’argent public, histoire de faire l’impasse sur les investissements en RD, histoire de conforter les bons vieux dividendes qui ravissent les actionnaires.

Quand on voit comment ça marche, et qu’on endure ensuite tous les quatre matins le choeur des pleureuses qui nous bassinne avec les "charges épouvantables qui accablent nos entreprises"...

Qu’est-ce donc que Colon et le Kappelmeister ont-ils bien pu inventer pour faire cracher Bercy au bassinet ?

C’est tout simple. Nos riantes campagnes sont au bord du gouffre. Depuis des décennies des élus irresponsables ont oublié de renouveler les réseaux d’eau et d’assainissement. Il va falloir investir des milliards pour ne pas tourner tiers-monde. Mais l’Etat n’a plus d’argent, nous baillent les économistes attitrés, BFM-TV, enfin toute la clique.

En vrai, bien sur, ce sont Veolia, Suez et Saur qui ont fait disparaître dans leurs poches profondes les milliards d’euros de « provisions » et autres « garanties » pour renouvellement, prélevés depuis un demi-siècle dans le cadre de délégations de service public (DSP) sur les factures d’eau de plus de 40 millions de Français, et qui auraient du, normalement, servir à les renouveler les réseaux.

On estime généralement que ce sont ainsi environ 5 milliards d’euros qui ont été détournés.

Bref, les tuyaux tombent en ruine et y a plus de sous, nous baillent nos deux bonimenteurs.

Il faut donc : lancer un grand emprunt, un plan Marshall, créer des « instruments financiers innovants », une banque dédiée, que sais-je…

Vous n’avez pas fini d’en entendre parler. L’opuscule n’a évidemment été imprimé que pour être expédié gracieusement aux décideurs.

Ca tombe bien, dans les ministères, à l’Assemblée, partout en fait, y a plein de nouveaux petits décideurs qui viennent de se pointer.

Ce qui tombe encore mieux c’est que notre Jean Kappelmeister Launay, ex-député PS et président du Comité national de l’eau, était l’un des huit membres de la commission d’investiture présidée par Jean-Paul Delevoye, qui a fait le tri dans les 17 000 ou 18 000 candidat(e)s à la députation sous l’étiquette En Marche !

A cette étape deux dynamiques :

 1. la faucheuse : si quelque part en France un ou une candidate susceptible de défendre le service public ou la gestion soutenable de l’eau ou de l’environnement paraît susceptible de pouvoir l’emporter, on lui colle dans les pattes n’importe quel bourrin ou biquette estampillés En marche, et dégage !

 2. Laissez-venir à moi les petits nenfants des écoles de commerce, cheffaillons d’entreprise de leur état, bingo !

(On mesure ici le grotesque des simagrées sur la moralisation de la vie publique et le ramdam sur les collaborateurs familiaux...)

Et voilà comment une ancienne, mais jeune, mais brillante, fugitive collaboratrice de Veolia en Inde se retrouve, sitôt députée, après avoir emporté le siège de la nièce Le Pen, secrétaire d’état auprès de Nicolas Hulot. Une autre, en provenance de l’ASTEE, tout aussi députée. Une autre encore, toute auréolée d’avoir dégommé Marisol Touraine, toute nouvelle députée UDI, mais déjà blanchie sous le harnois du Lobby de l’eau, itou…

Ce qui scandalise les gauchistes attardés de Bastamag :

http://multinationales.org/Sous-Macron-Veolia-et-le-lobby-de-l-eau-plus-influents-que-jamais

Accrochez-vous, vous n’avez encore rien vu…

Sur un autre front, la FNSEA et le méchant Hulot, c’est pas mal non plus, dans le genre délire paranoïaque, au demeurant à côté de la plaque.

Là c’est la très bien informée « Lettre » Agriculture et Environnement, grassement soutenue par tous les lobbies agricoles, qui casse le morceau et sonne l’alarme.

En vrai, c’est l’ancien directeur de WWF, Serge Orru, aujourd’hui recyclé à la mairie de Paris, qui avait lancé le premier l’idée d’un Grenelle de l’alimentation à l’été 2012 (c’est vrai). Comme Canfin a succédé à Orru au WWF, et que c’est d’abord Hulot qui en a relancé l’idée pendant la campagne des présidentielles, avant que Pharaon qui se faisait interviewer par Canfin sur You Tube, toujours dans la campagne, n’approuve, ce sont donc WWF et la Fondation Hulot qui sont dans le coup.

Alerte, danger, clame le public relations de la FNSEA !

WWF et la Fondation Hulot sont financés par la grande distribution, qui y fait du greenwashing à grande échelle (vrai).

DONC, l’histoire du Grenelle de l’alimentation, c’est une arnaque de la grande distrib, du WWF, de la Fondation Hulot, qui vont aider les requins des supermarkets à préserver leurs marges (arrières).

Et voilà comment la FNSEA cible l’alliance objective entre grande distribution et ONG environnementales…

https://agriculture-environnement.fr/actualites,12/nicolas-hulot-idiot-utile-grande-distribution

C’est dire si nous n’avons pas fini de nous amuser.

Tiens, sur le front élargi de l’environnement, dans son discours d’ouverture de la première conférence annuelle du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), Edouard Philippe a rappelé la responsabilité du Conseil en tant que chambre de la société civile organisée.

Il a proposé au Président et aux conseiller.ère.s de « prendre ensemble un peu d’avance sur le futur » par le biais de trois nouvelles saisines, dont :

 Le devenir du travail indépendant ;

 La coordination et l’organisation des acteurs de la transition écologique selon les modalités suivantes : co-construction entre acteurs publics et privés, simplicité des outils de planification et expérimentation pour les collectivités locales.

Va falloir nommer Colon, Launay, Poirson, Lavergne, Auconie… au CESE, et que ça saute !

Présentation par l’éditeur des auteurs de « L’eau potable entre facture et fracture) :

 « La Filière Française de l’Eau » regroupe les fédérations de collectivités, les fédérations professionnelles du secteur et les pôles de compétitivité de l’eau membres du Comité Stratégique de la Filière Eau des Eco-Industries, qui réunit aussi les représentants des Ministères liés à l’Eau (Minisitère de la Transition écologique et solidaires, Ministère de l’Economie de l’Industrie et du Numérique, Ministère de la Santé).

 David Colon est un spécialiste des questions d’eau et d’environnement. Ancien élève de l’Ecole Polytechnique et ingénieur du Génie Rural des Eaux et des Forêts, il a mené une carrière opérationnelle dans la gestion déléguée des services publics d’eau et d’assainissement et a dirigé des filiales de groupes dans les secteurs de la propreté industrielle et du transport public. Président de la Filière Française de l’Eau depuis janvier 2017 (Comité Stratégique de la Filière Eau des Eco-Industries), David Colon est aujourd’hui directeur des relations institutionnelles de Veolia Eau France. Auditeur de la 65è session nationale de l’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN) et du 49è cycle d’Intelligence Economique et de Sécurité, il est co-fondateur et président de l ONG Up2green Reforestation, qui promeut l’agroforesterie auprès des populations touchées par la déforestation et le manque d’eau.

 Jean Launay est un parlementaire français reconnu pour son engagement et son expertise dans les domaines de l’eau, de l’aménagement du territoire, et de la défense. Député du Lot depuis 1998, il est président du Comité National de l’Eau (CNE) et du Partenariat Français pour l’Eau (PFE). Membre du bureau de l’Association des maires de France de 1998 à 2014, comme vice-président puis trésorier, Jean Launay a particulièrement oeuvré pour les services publics en milieu rural, l’environnement et les finances locales. Auditeur de la 65è session nationale de l’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), il intervient auprès de décideurs locaux et internationaux dans les domaines de l’Eau (Europe et Afrique) et de l’Aménagement du Territoire (Europe). Jean Launay (était) par ailleurs Rapporteur du budget de la Défense et questeur de l’Assemblée nationale. »

Editions Nuvis, 136 Pages, 25 euros, 1er juillet 2017.

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commentaires

1 14 juillet : au bal des lobbies

Bonjour,

Je vous cite : "On estime généralement que ce sont ainsi environ 5 milliards d’euros qui ont été détournés.". Pourriez-vous m’indiquer la source de cette estimation s’il vous plait ?

Merci pour cet article très intéressant.

Cordialement,

Inconnu.

poste par Inconnu - 2017-07-18@08:41 - repondre message
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