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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
« Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme
par Marc Laimé, 26 septembre 2010

Le Pavillon de l’eau, espace d’accueil et de promotion du service public de l’eau parisien, accueillait le vendredi 24 septembre 2010 à 20h00, comme des dizaines d’autres lieux en France, « l’avant-première » de cet Objet filmique non identifié, dont nous avons déjà dit ici tout le mal que nous en pensons, suscitant manifestement inquiétude et incompréhension. Comme nos plus noires prédictions se sont amplement confirmées à cette occasion, revenons-y et enfonçons le clou.

Vingt heures au Pavillon de l’eau. Un peu moins d’une centaine de personnes vont assister à la projection, dont des militants d’Utopia, et surtout un fort contingent de représentants de Suez-Lyonnaise, dont il s’avère que les personnels, comme ceux de Veolia, ont participé (activement), à plus d’une dizaine de soirées-débat, partout en France.

A l’issue de la projection, Anne le Strat, présidente d’Eau de Paris, déplore tout comme nous, certes en des termes plus mesurés, quelques contre-vérités et outrances du film.

N’en prenons que deux exemples, hélas tout-à-fait accablants.

Après que dès le début du film nous ayons, grâce à l’excellent Raymond Avrillier, relu la « leçon de Grenoble », et que nous ayons bien compris que la Régie publique de Grenoble n’utilise pas le chlore pour purifier l’eau (pas besoin puisqu’elle provient d’aires préservées de toute pollution), WMM s’embarque dans une charge furieuse contre les entreprises privées qui « utilisent des quantités considérables de chlore pour purifier l’eau. » Chlore qui donne le cancer ! Diable. Immédiatement va s’ensuivre un développement ahurissant, selon lequel les odieuses multinationales mettraient donc en danger la santé des usagers uniquement pour ne pas avoir à entretenir les réseaux, car le chlore permettrait de dissimuler des contaminations provenant de ce manque d’entretien…

Face à pareil Himalaya de connerie, qui a du conduire les membres de la cellule de crise de Suez et Veolia à sabler le champagne, on fait quoi ? On serre les dents, stoïque. Imaginant la rigolade autour des machines à café Veolia-Suez : " En plus ils nous refileraient le choléra..."

Jusqu’à la prochaine étape du chemin de croix, au hasard la conclusion de l’entretien avec notre ami André Ollivro, qui nous présente longuement le cancer des algues vertes en Bretagne. Cinq minutes impeccables, c’était trop beau. Il faut que WMM pressure André jusqu’à lui faire dire que pour vraiment combattre la pollution il faut que production et distribution de l’eau soient gérées en régie publique !

Là, Suez exulte, évidemment.

On continue à serrer les dents et on vous fait provisoirement faire l’économie de la quinzaine de passages du même acabit, dont la découverte nous a fugitivement fait caresser l’idée d’aller cacher notre honte sur le chemin de Compostelle…

Evidemment, à l’issue de ce cauchemar, le représentant des relations institutionnelles de Lyonnaise-Suez, tout sourire, à la tête d’une délégation d’une dizaine de membres habilement répartis dans la salle, demande la parole, qui lui est évidemment accordée, et égrène, implacablement, avec le sourire de rigueur, que reprocher à son entreprise de tirer un profit, inavouable, de la pollution, qu’elle ne combattrait donc pas, est une insondable bêtise, la meilleure preuve en étant que c’est la Lyonnaise qui a obtenu au début des années 90 la condamnation de l’Etat dans l’affaire des nitrates en Bretagne ! "En partenariat avec ERB et FNE", ose Igor Semo, qui, en bon lobbyiste n’a peur de rien...

Mais cette incise en dit long. Il y a les acteurs "responsables", entreprises et associations ayant pignon sur rue, et les idéologues patentés, qui racontent n’importe quoi. On aurait tort de sous estimer l’affaire, ça marche à merveille en dehors de nos microcosmes "militants"... Et on aura espérons-le vaguement compris que ce sont les effets sur le réel de cette histoire qui nous intéressent au premier chef.

Puis Suez de poursuivre, en s’indignant des anathèmes portés tout au long du film, qui sont une véritable insulte à des « professionnels » qui se dévouent 24 heures sur 24 sur le terrain pour aider par exemple, comme va le développer une jeune technicienne qui officie en Gironde, les petites collectivités à avoir une eau de qualité….

On a l’air malins, là !

Bon, on passe sur la suite et les efforts désespérés qu’il faut ensuite déployer pour remonter la pente…

Quid de la responsabilité écrasante de l’Etat, du politique, quelles perspectives pour le petit et grand cycle de l’eau sur fond de crise gravissime des politiques publiques, quel nouvelle dynamique promouvoir alors que le modèle économique historique du service de l’eau s’effondre littéralement sur les maisons Veolia et Suez, comment refonder une recherche et une ingénierie publique, etc, etc.

Et ce n’est pas fini, hélas…

Suez-Lyonnaise a conduit depuis la fin de l’année 2009 la préparation de la dernière étape de sa stratégie de « reconquête de l’opinion », avec une opération intitulée « Les idées neuves pour l’eau ». Une trentaine « d’experts » ont été consultés, dont deux prises de guerre notables, dont on croise les doigts pour que leurs contributions ne soient pas instrumentalisées au-delà du raisonnable : Anne le Strat et Patrick du Fau de Lamothe.

La campagne de « com » initialement prévue avant l’été a été repoussée à octobre, histoire de bien profiter de deux événements :

 le procès qui se tiendra le 29 septembre prochain au TGI de Paris. Suez-Lyonnaise attaque en diffamation la réalisatrice du film « Flow », qui traînait déjà les multinationales de l’eau dans la boue. Bon, facilités de langage aidant, ils vont gagner.

 la deuxième occase à ne pas manquer étant donc la sortie de Water makes money, qui a été intégrée (à raison hélas, on a vu pourquoi) dans le plan « com » de nos amis…

Résultat des courses, dans les semaines qui viennent Suez-Lyonnaise va nous balancer tous azimuts ses « Idées neuves pour l’eau », un rouleau compresseur médiatique et institutionnel.

Le ramassis d’âneries qui émaillent WMM vont faire conjointement l’objet d’un argumentaire accablant, édité à des milliers d’exemplaires, que nos gentils « missi dominici » de la Lyonnaise vont susurrer à l’oreille de leurs clients : les élus.

« Bien sur c’est très pénible pour nos personnels qui sont lamentablement calomniés, enfin tout ce qui est raconté dans ce film c’est n’importe quoi, juste une petite bande d’idéologues qui s’agitent et essaient de faire une carrière politique en abusant le public, de bonne foi, qui n’y connaît rien. Heureusement qu’il ne s’agit que de quelques agités irresponsables… »

Mortel.

Espérons que nous échapperons à une invitation à un grand débat à la télé avec Veolia, Suez et la FP2E, qui se feraient un malin plaisir de nous sataner allègrement !

Et l’on me dira que j’exagère et que je m’énerve pour rien...

L’insupportable dans cette affaire, outre que nous offrons des armes inespérées à l’adversaire, qui est en réelle difficultés par ailleurs, pour une foule de raisons, évidemment évacuées par WWM parceque trop compliquées et que « ça donnera pas des bonnes images », c’est que ce scandale surgit aussi à raison de minables calculs boutiquiers aujourd’hui clairement identifiables.

« Il faut parler simplement sinon les gens ne comprendront pas. Non, là c’est trop compliqué… »

Donc on fait du sous-Michaël Moore en racontant littéralement n’importe quoi à partir d’un matériel qui aurait pu donner un très bon film. Entendre pour séduire les masses (et Arte tant qu’à faire), faut faire dans la facilité.

Deuxio, autre calcul boutiquier : le leadership sur le « contre-sommet » de Marseille 2012. On s’autoproclame représentant du mouvement (et de la légitime indignation qui s’incarne dans un "immense mouvement populaire"), et on déclenche un tir de barrage médiatique pour en convaincre les gens de bonne foi. Effet « Vu à la Télé »… Pour les "décideurs" matois, il y a belle date que les bénéfices à retirer de la combine qui se profile ne leur a pas échappé...

Bref, nous vous faisons grâce pour l’heure des développements y afférents, devant nous préparer à aller « animer un débat » après la diffusion de WMM.

L’enthousiasme que nous allons y apporter n’échappera évidemment à personne…

Surtout si l’on songe à ce que prépare du coup le "vrai grand méchant", Veolia...

At least ce qui est en jeu ici c’est la colonisation de l’imaginaire et l’hégémonie culturelle sur la question de l’eau.

Les multinationales ont perdu un terrain considérable ces dernières années.

On ne peut que s’extasier devant la fulgurance de l’intelligence politique (de l’avant-garde éclairée qui va illuminer les masses abêties), ici à l’œuvre. Réussir d’un coup d’un seul à s’aliéner et à précipiter dans les bras des multinationales honnies les élus « tous corrompus », les syndicats « tous achetés », les ONG et associations "toutes achetées", et les centaines de milliers de professionnels du secteur de l’eau, public comme privé, « qui empoisonnent le populo avec du chlore », Veolia et Suez n’osaient pas même en rêver, WMM l’a fait…

Multinationales 1, Activistes zéro.

Va rigoler Fauchon.

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commentaires

1 « Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme

Je suis un peu surpris de la virulence de ta réaction contre le film WMM. Sans doute a-t-il quelques défauts, des longueurs et des propos marginaux, et même quelques bêtises qu’il conviendra de rectifier. Mais son objectif essentiel est atteint : informer un public de "non-initiés" sur les pratiques, les méthodes, les compromissions.. utilisées par les multinationales en France et ailleurs pour s’approprier et conserver leur juteux "marché" de l’eau. Montrer, également,que la régie publique peut faire aussi bien et moins cher... Ce qui, au fond, est notre objectif principal.
Quant à la présence d’escouades de salariés de Suez et/ou de Veolia lors des projections à Paris, à Mantes, à Rouen, etc... Il est clair qu’il s’agit d’une opération concertée - à la limite de l’obstruction pour interdire le débat - visant à discréditer le film et les associations qui militent pour la régie publique. Même si l’on a des réserves sur tel ou tel aspect du film WMM, on n’est pas obligé d’en rajouter pour donner raison à nos "adversaires" ! Au contraire, faisons front !
Maurice MARTIN (AREP-CAMY)

poste par maurice martin - 2010-09-26@14:28 - repondre message
2 « Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme

Maurice,

Il ne s’agit pas d’en rajouter, mais d’allumer fissa des contre-feux avant que ces conneries ne nous plombent définitivement.

poste par Marc Laimé - 2010-09-26@14:56 - repondre message
3 « Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme

Bonsoir,

merci d’allumer vos contre-feux ailleurs que sur les genoux d’une spectatrice qui a le tort de porter des lunettes qui ressemblent à celles de la chargée de com’ de Véolia !! Se faire montrer du doigt de la sorte, c’est désagréable.

J’ai bien saisi, rue Sorbier, pourquoi vous dérangiez les gens "venus-s’informer-mais-sans-vouloir-se-mouiller-davantage-vous-comprenez-nous-ne-sommes-pas-grand-chose-devant-ces-multinationales", et je pense que vous avez raison étant donnée la gravité de la situation.

Mais je suis restée sur ma faim - c’est peu de le dire - suite aux questions que j’ai essayé de poser.
Quid du rapport de l’ANSES sur les médocs dans l’eau ?
Quid du lobby agricole dans le 28 ?

Vous êtes peut-être - surement - un bon acteur, comme vous le revendiquez, mais vous parlez trop vite (des sujets que je connaissais m’ont paru embrouillés tant vous enchainiez les mots). Quant à brusquer son public pour sortir du "je-m’informe-et-je-ne-fais-rien" et ainsi espérer une réaction, chacun sa technique ! Je me garderais bien de critiquer. Les réactions ce soir parlaient d’elles-mêmes quant à l’effet de vos propos...

Tout ça pour dire... c’était intéressant... le film, vos interventions, les réactions du public... et j’espère des réponses à mes questions !

Louise, qui ne travaille PAS DU TOUT pour Véolia ou Suez :-) mais qui prend des notes et porte des lunettes...

poste par Louise - 2010-09-26@22:52 - repondre message
4 « Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme

Merci pour votre message. Je vous réponds sur l’ANSES et ES28 dès que je me suis dépêtré du procès en hérésie en cours :-)

Bien cordialement.

poste par Marc Laimé - 2010-09-27@08:06 - repondre message
5 « Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme

Monsieur Martin, je suis moi-même très surpris de l’idée que vous vous faites d’un "débat". Si vous souhaitez organiser des "meetings", des réunions privées avec votre association, ou faire des discours militants à une tribune, personne ne vous en empêche. Mais un "débat" induit des idées contradictoires ! J’étais à Mantes lors de la projection et il n’y a jamais eu d’obstruction pour interdire le débat, comme vous le sous-entendez, mais l’expression d’idées différentes des vôtres. Chacun a pris la parole. A ce sujet, je suis navré de vous dire que votre argumentation était un peu courte.

poste par Jean H. - 2010-09-27@13:38 - repondre message
6 « Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme

J’aimerais quand même bien savoir pourquoi le "fil rouge" du film water makes money, alias Jean-Luc Touly, a réintégré Véolia...car en droit, véolia était obligé de le reprendre, si et seulement si Jean-Luc Touly le souhaitait : il aurait très bien pu refuser, eu égard à son "éthique" et à son combat contre les méchantes multinationales. Au fait, comment accorder du crédit au film, alors que son principal fil rouge, monsieur les bons tuyaux, toujours le même Touly, affirme avoir été "directeur administratif" chez véolia, alors qu’il ne l’a jamais été (il n’a d’ailleurs jamais été cadre comme il le prétend régulièrement)...Ce monsieur est un élu (de wissous et du conseil régional), qui ment sur son parcours, ce n’est pas joli joli.

poste par Jean H. - 2010-09-27@13:23 - repondre message
7 « Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme

Réponse à Jean H. qui oublie de préciser qu’il est salarié de Veolia ou de Suez !
Voici un extrait de l’article du Courrier de Mantes qui rend compte du "débat" que vous êtes venu "animer" à Mantes (comme à Paris, Rouen, etc... Est-ce un hasard ?) : "Le débat qui a suivi (...) a été très animé. En effet,des salariés de Veolia et de Suez étaient présents pour montrer leur hostilité au passage de l’eau en régie publique (...) D’où une défense de leur entreprise et de ses pratiques, allant parfois jusqu’à nier des décisions de justice ! A cet instant, de nombreuses personnes ont protesté de la tournure que prenait le débat (...)".
Je n’ai rien à ajouter.
Quant à la "faiblesse de mes arguments"... Je ne suis pas surpris de n’être pas parvenu à vous convaincre, vous !
Mais 16 personnes supplémentaires ont adhéré à l’AREP-CAMY à l’issue du "débat" et des associations similaires vont se constituer à Poissy et aux Mureaux. Que dire de plus ?
Maurice MARTIN (AREP-CAMY).

poste par maurice martin - 2010-09-30@10:23 - repondre message
8 « Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme

Que dire de plus ? Ce soir-là, en attrapant au vol une remarque d’un de mes voisins apparemment bien renseigné, j’ai entendu que le journaliste du courrier de mantes était parti au début du débat !!! Mais comment a-t-il pu le décrire, alors ? Il a eu quelqu’un de votre association au téléphone après coup ? Peut-être est-il lui-même membre ou sympatisant(ce qui n’est pas condamnable en soi, d’ailleurs). Au fait : je ne suis ni chez suez ni chez veolia ! vous croyez donc que les gens qui ne pensent pas comme vous sont uniquement chez suez ou veolia ? Un peu primaire, non ?

poste par Jean H. - 2010-09-30@14:53 - repondre message
9 « Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme

Bonjour,
Moi qui suis effectivement salarié de veolia, je reconnais à M. Laimé qu’il maîtrise mieux son sujet que la plupart des opposants à la gestion délégué, puisqu’il sait voir au moins une partie des inepties qui sont lancées à tort et à travers à propos de l’eau...
Votre réaction, M. Martin, ressemble au contraire à une caricature des opposants aux gestionnaires que nous sommes.
Qu’importe le contenu, le sens, la véracité et la pertinence des propos pourvu qu’ils soient à charge !

Sans généraliser totalement, c’est bien l’impression que les salariés de l’eau ressentent à la lecture de la plupart de nos détracteurs !

Quand à l’opposition des salariés d’une entité locale à son passage en régie publique, elle n’est pas vraie non plus, du moins pas systématiquement. Comme tout salarié, cela dépend des conditions bien sûr mais, le fait de pouvoir se retrouver fonctionnaire a bien évidemment des attraits incontestables pour nous... en tant qu’individus.

poste par acf78 - 2010-09-30@15:07 - repondre message
10 « Water makes money » au Pavillon de l’eau à Paris : le piège se referme

"Movie on Water Makes Money" more than "Water Makes Money"

poste par toutesles8secondes - 2010-10-16@06:19 - repondre message
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