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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Re-use et COVID-19
par Marc Laimé, 28 avril 2020

Disons le tout net. Nous sommes catégoriquement opposés, depuis l’apparition de cette monstruosité, au « Re-use », la réutilisation des eaux usées pour des usages agricoles, industriels ou récréatifs (ou REUT), portée sur les fonts baptismaux, en France, par Veolia, Suez, et la FNSEA, devenue en quelques années le mantra des croissancistes à tout crin, fermement décidés à poursuivre leur fuite en avant technologique qui nous mène droit dans le mur. Reste que tous les tenants de la croissance à tout crin, ont bien évidemment suivi nos prédateurs habituels, avec la circonstance aggravante qu’il peut s’agir d’organismes de recherche publics, jamais en retard, au cas d’espèce, faisant fi de toute éthique, quand il s’agit de venir au secours des plus forts… Depuis l’irruption du « Re-use » dans le débat, l’Europe a bien évidemment accompagné le mouvement, renforçant l’appétit de nos prédateurs. Il est donc plus que temps d’ouvrir le débat, ici alimenté par quelques uns de nos camarades.

 Thierry Uso, Eau Secours 34, Attac et European Water movement :

« L’UE prend de nouvelles mesures en vue de réduire les risques de pénurie d’eau pour l’irrigation des cultures. Ce jour, le Conseil a adopté par procédure écrite un règlement qui facilitera l’utilisation des eaux urbaines résiduaires traitées (eaux de récupération) à des fins d’irrigation agricole.

https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2020/04/07/water-reuse-for-agricultural-irrigation-council-adopts-new-rules

Le texte du règlement en anglais : http://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-15301-2019-REV-1/en/pdf

Le règlement doit maintenant être adopté par le Parlement européen en deuxième lecture avant d’être publié au Journal officiel.

Je ne sais pas si les virus présents dans l’eau réutilisée sont considérés comme des nutriments tels que l’azote ou le phosphore ;-)

 Didier Dumont, Membre de la Commission Exécutive de la Fédération Cgt des Services Publics :

« Pour répondre sur la présence de virus au sein des eaux en sortie d’épuration, pour ce qui concerne le covid-19, si l’on se réfère aux chiffres fournis par le journal « Le Monde » du 21 avril dernier, repris par Marc LAIME dans son interview avec Claude DANGLOT sur les eaux brutes non traitées, pompées directement dans la Seine et le Canal de l’Ourcq,

(http://www.eauxglacees.com/COVID-19-et-nettoyage-des-rues-a?fbclid=IwAR0XwsjsOxrlRGyOoEkyMJlJuOCsCoH0Paoq4FqmdO07BDN7YUcqDq7eVSc)

et leur comparaison avec les teneurs des résultats d’analyses des réseaux d’égouts et stations d’épuration de l’agglomération parisienne (eaux d’égouts du 75, 92, 93, 94 et de 400 communes ou services de l’assainissement du restant d’Île-de-France), je vais te poser un devoir d’arithmétique.
Sachant que dans le journal « Le Monde » du 21 avril, les chercheurs du laboratoire d’Eau de Paris ont relevé que les réseaux d’eaux brutes contenaient 1 000 unités du génome du Covid-19 par litre, que les eaux d’égouts arrivant dans les stations d’épuration du Siaap contiennent 1 000 000 unités du génome du Covid-19 par litre, et qu’après traitement dans les stations, les rejets contiennent entre 10 000 et 20 000 unités du génome du Covid-19 par litre, sachant également que le Siaap traite les eaux usées d’une population de près de 9 millions d’âmes, soit 2,5 millions de m3 par jour d’eaux usées en temps sec, et rejette la même quantité d’eau après épuration, sachant aussi qu’un mètre cube contient 1 000 litres d’eau,

 1ère question : Combien d’unité du génome du Covid-19 seraient déposés sur les sols si les agriculteurs réutilisent ces eaux (attention, 2 résultats doivent être donnés entre ….. et …..) ?

 2ème question : Combien d’unité du génome du Covid-19 sont respirés par les égoutiers et agents des stations d’épuration dans les réseaux d’assainissement de l’agglomération parisienne ?

Bon je sais que je ne suis qu’un agent de maîtrise travaillant à la station d’épuration d’Achères, doublé d’un militant de la Cgt et que je ne suis sûrement pas un bon prof de maths, mais je pense que le problème est aussi bien posé que ceux sur les baignoires et autre robinet qui fuit. »

 Jean-Louis Linossier, Attac, CACE :

« Les commentaires de Didier sont extrêmement précieux car issus de la pratique collective des ouvriers et techniciens dans la durée et de leur propre regard critique... qui n’ont rien à voir avec la communication institutionnelle des élus, des collectivités voire de certaines directions syndicales. »

 Thierry Uso, Eau Secours 34, Attac et European Water movement :

« Le fan-club de la REUT te dira que le COVID-19 a une durée de vie très courte hors être humain, et que par conséquent l’eau réutilisée arrivant à la borne d’irrigation de la parcelle ou dans le réseau de goutte-à-goutte ne contient quasiment plus de COVID-19 pathogène et que le reste de virus pathogène disparaît au contact du sol. Comme personne n’en sait rien et ne maîtrise tous les paramètres à prendre en compte, tous les arguments et les chiffres avancés dans un sens ou dans l’autre sont contestables.

Un doctorant de l’INRAE mène actuellement une étude sur une expérimentation REUT pour l’irrigation agricole dans l’Hérault. Les premiers résultats qu’il a obtenus montrent qu’un biofilm se forme et bouche les sorties du réseau de goutte-à-goutte au bout d’un certain temps, quelque soit la qualité de l’eau réutilisée, et malgré que le réseau de goutte-à-goutte utilisé est censé ne pas se boucher d’après le fabricant. Et le biofilm contient systématiquement une fraction de bactéries et virus pathogènes. Ces résultats emmerdent fortement l’IRSTEA qui finance le doctorat et qui est par ailleurs un des principaux promoteurs de la REUT en France.

Le fan-club de la REUT est plus emmerdé pour défendre l’utilisation d’eau usée traitée pour laver la voirie à haute pression. Les chiffres que tu évoques apportent de l’eau au moulin des ARS qui se sont toujours opposées à ce type d’usages.

Je n’ai pas de chiffres, mais en Languedoc-Roussillon, c’est les viticulteurs et les arboriculteurs qui sont les plus demandeurs et les maraîchers les moins demandeurs d’eau réutilisée. Et dans tous les cas, les agriculteurs préfèrent de l’eau du Rhône pour irriguer quand ils sont dans une zone desservie par BRL. »

 Jean-Louis Linossier, ACER, Attac, CACE :

« On entend dire çà et là que l’agriculture, peut-être seulement certains agriculteurs, notamment les maraîchers, ne seraient pas prêts à se jeter sur cette eau, en pensant à leurs clients.

L’épandage des boues de station d’épuration avait semble-t-il fait l’objet de suspicions un peu analogues.

A-t-on des estimations ? »

 L’autre Jean-Louis :

« Et dans tous les cas, les agriculteurs préfèrent de l’eau du Rhône pour irriguer quand ils sont dans une zone desservie par BRL »

Même dans la zone BRL, tu ne comptes donc pas les prélèvements sur nappes (forages) déclarés ou pas ? Opacité totale dans ce domaine !

Ensuite il y a plein de réseaux non BRL (ASA, dont Gignac, etc...) mais dans son périmètre historique ou d’extension (depuis longtemps dure un face à face BRL vs ASA), et il arrive que BRL se fasse mettre à la porte (p. ex. ASA de Thuir 66, début 2000’) quand en tant que gestionnaire elle n’est pas performante...

L’arboriculture fruitière consomme bien plus que la viticulture (à l’ha comme au total)

Le maraîchage (qui consomme plus à l’ha mais moins en volume total) articule forages et BRL + autres réseaux et l’eau BRL est trop chère pour eux (BRL doit payer 500 salariés même s’ils font de l’ingénierie export, > 1/3 du CA ou des espaces verts urbains + eau brute)

Voir étude de cas France ISIIMM Agropolis 2007. »

 Didier Dumont, Membre de la Commission Exécutive de la Fédération Cgt des Services Publics :

« Tu cites sur les mêmes "experts" que ceux qui ont trouvé judicieux de remplacer les tuyaux de plombs d’alimentation en eaux potables par des tuyaux plastiques qui génèrent le même dépôt que tu cites (biofilm), celles et ceux qui disent qu’une distance d’un mètre suffit entre deux personnes, qui nous disent que les masques ne servent à rien, et que le Covid-19 ne se propage pas par aérosol

(https://www.sudouest.fr/2020/04/18/video-coronavirus-comment-une-personne-infectee-peut-contaminer-tout-un-supermarche-7422384-10861.php?fbclid=IwAR2IfnTstBE1dAuZgH8pOjEzL0qqtXnSa7Hu0p6JrOznWUfwglRDM4eenLo)

pour arguments affirmant qu’il ne survit pas longtemps au sol, je suis euh…. soulagé…

Il y a une semaine on nous affirmait (les spécialistes), qu’il n’y avait que des traces dans les eaux d’égouts, citant des études dans des pays étrangers alors qu’en France il existait une étude commencée le 5 mars qui chiffrait avant le 1er mort parisien survenu le 10 mars à plusieurs centaines de milliers d’unités du génome par m3, qui chiffre aujourd’hui à 2 500 milliards les unités du génome du coronavirus, tu parles d’une trace !

Je ne suis pas un anti REUT, ni par ailleurs le syndicat Cgt du Siaap dont j’ai été le secrétaire général depuis 2003 jusqu’à il y a un peu plus de 2 ans. Nous avons mené une campagne depuis 1998 pour d’une part que dans la plaine de Pierrelaye/Méry-sur-Oise, soit maintenue l’irrigation en eaux traitées des champs pour une agriculture de substitution aux produits pétroliers (carburant et bioplastique), ce qui aurait eu pour effet de dépolluer les sols de cette plaine chargés de métaux lourds par la culture de certaines plantes fortement consommatrices de ces métaux lourds (ce qui d’ailleurs avait aussi été proposé par l’INRA lors du débat public sur la refonte du site Seine aval en 2007), et d’éviter la fermeture de l’usine de Pierrelaye, où travaillaient une soixantaine d’agents, et d’autre part la mise en lagunage de la plaine de Carrière-sous-Poissy/Triel-sur-Seine, considérant que la REUT permet une épuration tertiaire au traitement des eaux usées, ce que ne permet pas le rejet en sortie d’usine directement dans les rivières comme actuellement.

Ces deux projets n’ont pas pu voir le jour du fait des normes de l’EU.

Pour ce qui concerne le nettoyage des rues de Paris avec de l’eau brute (ce n’est pas de la REUT), mais de l’eau pompée directement dans la Seine et le Canal de l’Ourcq, donc une eau non traitée, ce que auparavant nous appelions l’eau industrielle, puisque bon nombre d’entreprises parisiennes s’en servaient jusqu’à dans les années 80/90, ma première surprise a été d’apprendre que les services de la VP la réutilisait ! En effet, à la fin des années 90, donc avant l’an 2000, devant l’afflux de SDF dans les rues de la capitale, la VP avait décidé de ne plus utiliser de l’eau brute pour nettoyer les rues, les SDF n’ayant pas accès à un nombre suffisant de fontaines d’eau potable consommait l’eau directement aux sorties des caniveaux. L’eau utilisée était de l’eau potable pour éviter les risques sanitaires.

J’ai quitté l’administration parisienne en 2003, mais j’en étais resté là… »

A SUIVRE.

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1 Re-use et COVID-19

Mise en cause de la filière d’épandage agricole ?

Depuis le 24/03/2020, il est interdit d’épandre les boues issues des STEU
Une étude pilotée par l’ANSES sur la présence éventuelle du SARS COV 2 dans les boues a commencé mi mai (seulement ?). Aucune donnée n’a été publiée à ce jour et on attend pour mi juillet les résultats qui permettraient la reprise de l’épandage. Les délais semblent s’allonger avec pour conséquence une remise en cause des épandages d’Août et septembre.
Les quelques bribes de résultats qu’on connait, c’est une absence de présence du virus dans les boues : la SAUR a fait réaliser quelques analyses ainsi que quelques SATESEs,
Les collectivités qui devaient épandre au printemps ont donc été obligées de faire réaliser un traitement complémentaire des boues via compostage ou hygiènisation. Ces procédés induisent un surcoût non négligeable (transports, traitements, analyses …..)
Concrétement pour une petite station à boues activées (1000 EH)un traitement pour 30 m3 de boues c’est environ 2500 € pour une solution compostage alors que l’épandage c’est environ 450 €,
On notera que les analyses pour valider l’hygiénisation sont très onéreuses et le délai assez long pour obtenir les résultats
Une analyse sur la présence du virus, c’est environ 10-14 jours pour avoir les résultats et le coût d’une analyse PCR est < 450 € (ex INOVALYS),
On a donc pour beaucoup de stations en France (notamment les régions peu touchées par le COVID) une dépense minimum non nécessaire d’environ 1500 € pour 30 m3 (chiffres un peu à la louche) …..
Même si les Agence de l’Eau financent ces surcoûts, il y a, à mon sens gaspillage de l’argent public.
De plus, la complexité à la fois administrative et technique de l’hygiénisation déportée ne peut favoriser que les grands groupes (« nous on sait faire ») et fragiliser les régies. Il est trop tôt sans doute pour fragiliser les filières rustiques de traitement comme le lagunage, mais …..
L’activisme de certaines associations contre tout épandage et désormais l’interêt limité pour les grands groupes qui ont mis en place les traitements d’hygiènisation ou de compostage d’avoir rapidement les résultats de l’étude nationale en cours et qu’on espère positifs (pas de virus...) sont générateurs d’évolution négative de l’assainissement collectif et son coût.

On soulignera également que s’il y a présence et charge virale active dans les boues : quid des surverses sur le réseau !!! et sur les rejets. La pêche en rivière est toujours autorisée …..

Résumé : pourquoi interdire l’épandage quand on a l’analyse qui prouve l’absence du SARS COV 2 dans les boues en attendant les résultats de L’ANSES ???

poste par alantao17 - 2020-06-21@19:45 - repondre message
2 Re-use et COVID-19

Surtout quand on voit que nous sommes le seul pays européen à nous poser ces questions... tous les autres pays y compris les plus touchés continuent les épandages comme si de rien n’était...

poste par Feup - 2020-06-22@13:44 - repondre message
vous aussi, reagissez!