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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
(2) Présidentielle 2017 : un écologisme de façade
par Marc Laimé, 2 mars 2017

Les programmes des différents candidats arborent, figure obligée, un écologisme de façade, soigneusement mis en scène, marketé par les équipes de campagne associant lobbies et communicants, et dont les traits saillants ciblent les attentes supposées des différentes clientèles électorales visées. Nonobstant, l’engagement pour l’environnement revendiqué à grands cris, et avec force mises en scènes, jusqu’aux plus grotesques, apparaît dès lors hors sol, totalement déconnecté de bien coruscantes réalités.

Les ONG baissent les bras

Dix ans après le Grenelle de l’environnement, la fête est finie. Les grands sorciers défenseurs de la planète laissent béton, écartelés entre business, vaines promesses, lutte des places et conflit de génération. Où l’on voit Canfin, lesté de ses obligations vertes et de tout le poids des fonds de pension qui le pilotent, en passe de supplanter Hulot qui n’en peut mais…

Il s’agit surtout d’une crise structurelle des associations et ONG de défense de l’environnement :

http://www.actu-environnement.com/ae/news/crise-association-protection-environnement-fne-finance-instances-representatives-27208.php4

https://www.actu-environnement.com/ae/news/denez-lhostis-fne-chantal-jouanno-associations-environnement-subventions-coupe-28567.php4#video&xtor=EREC-107

Du coup le J0 de l’alternative verte fait le tour des popotes, manière d’entretenir la flamme, et de « positiver » quoiqu’il advienne, trait de caractère dominant des Colibris, le positivisme moutonnier et béat ou la mort…

https://reporterre.net/Presidentielle-la-strategie-des-ONG-environnementales-pour-peser

Bon, en cas de doute persistant, il nous reste Le Fouquet’s Paris…

http://www.datapressepremium.com/rmdiff/2007877/diff_2020023220217174705.pdf

L’angle mort de la fabrication des politiques publiques

Aucun programme, aucun, ne s’étend, et pour cause, sur la manière dont les soi-disant préoccupations écologiques brandies haut et fort, vont s’articuler, ou non, avec les autres grandes politiques publiques : l’économie, les transports, le développement des territoires, l’agriculture, le logement, et on en passe.

Ici le tour de passe-passe ne devrait pas abuser un écolier, surtout depuis qu’on les initie à marches forcées au « développement durable… »

Car en l’état il est évident que l’ensemble des politiques publiques telles qu’elles continuent à se déployer sont radicalement antagoniques avec toute préoccupation environnementale.

Qu’on les prenne une par une, le bilan est simple : exploitation à outrance des ressources naturelles, croissance exponentielle, course aux profits, fuite en avant perpétuelle.

Ici une constante, toujours on privilégiera le curatif et/ou la fuite en avant technologique, plutôt que de remettre en cause des pratiques qui affectent, dégradent, voire détruisent l’environnement.

Pour le dire autrement, simplement, à l’ancienne, aucune politique environnementale digne de ce nom n’est compatible avec le capitalisme, à son stade actuel de développement.

Dès lors, dans le cadre actuel de nos institutions, et pour ne parler que d’institutions, aussi longtemps, comme cela fut évoqué dans la suite du Grenelle de l’Environnement, qu’un Vice-Premier ministre à l’environnement n’aura pas la main sur Bercy, l’Industrie et l’Agriculture on n’avancera pas d’un pas. Tout le monde s’en moque, les slogans suffisant à signer l’appartenance au camp du bien.

La recherche ?

Sans cesse plus asservie à la poursuite de la rentabilité maximale, dans tous les domaines...

Sauf trop rare accident, voir ainsi les vidéos des présentations faites lors de la rencontre scientifique organisée le 3 février 2017 par l’université de Bordeaux sur "Pesticides et santé en Aquitaine" :

http://www.canal-u.tv/producteurs/universite_de_bordeaux/colloques/pesticides_et_sante_en_nouvelle_aquitaine

L’Europe au placard

A l’identique aucun candidat ne va nous expliquer comment il va dompter la mécanique infernale des dispositifs communautaires et des financements associés. Et pourtant, sans explorer les détours des FEDER, FEADER, FSE…, des financements croisés, des hoquets de la pompe à phynances, en ce moment les aides au bio bloquées par un bug de l’Agence de services et de paiement (ASP), aucun engagement n’est crédible. Et que dire de la camarilla des missi dominici en demeure à Bruxelles et à Strasbourg, qui y font la loi pour tous les lobbies, et le plus souvent avec une casquette d’agent public !

Voir la bio de l’invraisemblable ASP dont nul n’évoque jamais l’existence, en plein naufrage depuis la création des nouvelles régions sur un coin de bureau à l’Elysée :

https://www.asp-public.fr/lasp/historique-de-lagence-unique-de-paiement

Le point de non retour

Autre « oubli », sidérant. Il existe dans la loi pour la reconquête de la biodiversité adoptée le 8 août 2016 un principe de « non-régression » : les dispositions législatives et réglementaires relatives à la protection de l’environnement ne peuvent faire l’objet que d’une amélioration constante.

C’est bô, c’est grand. Sauf que pour ne prendre que les deux dernières mandatures, la quasi-totalité des textes, lois, réglements, circulaires, et on en passe, pouvant affecter d’une manière ou d’une autre un quelconque compartiment de l’environnement organisent TOUS une régression, démolissent une protection. C’est devenu une industrie employant des dizaines de milliers d’officiants dans les sphères privées comme publiques.

Voir, pour ne prendre qu’un seul exemple, l’invraisemblable plan de nouvelle cartographie des rivières, ourdi par la FNSEA, avec le soutien empressé de Manuel Valls et Ségolène Royal...

https://reporterre.net/La-FNSEA-veut-faire-disparaitre-les-petits-cours-d-eau-de-nos-cartes

Ou bien, la toute récente modification, par décret, de la "simplification des procédures" relatives aux parcs naturels :

http://www.environnement-magazine.fr/article/49106-parcs-nationaux-decret-simplifie-procedures/

Encore mieux, tartufferie sans précédent, les décrets relatifs aux "sites naturels de compensation", ou l’industrialisation du saccage sous la bannière de "l’éviter, réduire, compenser"...

http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250278717041

Et voilà pour l’implantation des stations d’épuration, et le contrôle sanitaire de leur bon fonctionnement :

http://www.environnement-magazine.fr/article/49137-stations-d-epuration-vers-suppression-de-regle-des-cent-metres/

Une “gouvernance” public-privé allotie aux lobbies

Plus aucun texte, loi ou règlement ne peut désormais faire l’économie d’une “consultation” qui va permettre à tous les lobbies de l’accommoder à leur sauce. Voir les “consultations” pour happy few sur le site du ministère de l’Environnement, ce qu’il en reste. Du coup ce sont les lobbies de la nouvelle classe “écolo” qui trustent la gouvernance du secteur,côté démocratie on repassera :

http://www.lagazettedescommunes.com/491155/des-idees-a-marche-forcee/

Datas

Aucun candidat, aucun programme, n’ont pris la mesure de l’enjeu fondamental des datas, lors même que ce sont déjà de colossaux monopoles privés qui travaillent d’arrache pied à s’approprier toutes les données environnementales. En la matière, hélas politique et société civile ont déjà dix trains de retard.

Prenons par exemple toutes les données que nous produisons par le biais des villes, des maisons ou même des voitures « intelligentes ». Tout le monde connaît désormais leur valeur, à commencer par les compagnies d’assurance qui réduisent volontiers leurs franchises ou les start-up de la finance qui accordent des taux d’emprunt préférentiels… à condition de leur céder nos données.

Voir le prix de la déconnexion :

http://blog.mondediplo.net/2017-02-23-Le-prix-de-la-deconnexion

Aux USA il aura fallu la victoire de Donald pour que les chercheurs prennent les mesures qui s’imposent :

http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/02/27/aux-etats-unis-un-refuge-pour-les-d

En France rien, aveuglement total.

Grands corps

Depuis des siècles, et plus clairement encore depuis un siècle, ils ont organisé méthodiquement la mise en coupe réglée de toutes les ressources naturelles. Depuis que la question environnementale s’est inscrite dans le débat public, ils redoublent de férocité. Ils sont partout, décident de tout, planifient tout, interdisent tout, saccagent tout…

Ils feraient comment les guerilleros de la “planification écologique” avec les 4500 IPEF (la caste des ex-ingénieurs des Ponts et des Eaux et Forêts) ? Ils ne feraient rien, abdiqueraient, le pire étant qu’ils n’en sont pas même conscients…

Voir “La société des Mollusque”s, Alain, à propos de la Petite Dorrit, 2 janvier 1911 :

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2007/04/22/66-la-societe-des-mollusques

Guidelines et normalisation

Les politiques dites “publiques”, pilotées par les lobbies qui ne s’en cachent même plus, passent avant d’être mises en oeuvre par la moulinette des “guidelines” et des normes, férule douce invisible, dont persionne n’évoque non plus le caractère d’arme de destruction massive.

Associations d’élus et mille feuilles

Le Grand Amortisseur Automatique sur lequel vient s’écrabouiller toute réforme structurelle. La Ligne Maginot revue façon bouclier spatial. Infranchissable.

Planification

Pas l’écologique, vantée à grands sons de trompe, non, les Sraddet et PCAET pour les EPCI, et l’armée de petites mains de la fonction publique territoriale et des services de l’Etat qui va contrecarrer gentiment tout dépassement réel :

http://www.lagazettedescommunes.com/487239/planification-environnementale-gare-aux-delais/

Medef et simplification

Ceci sans oublier qu’il y en a qui ne perdent pas le nord, à l’image du Medef, qui dégaine, un mois avant le premier tour, 40 propositions pour "simplifier le droit de l’environnement"...

http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/03/31/le-medef-avance-quarante-propositions-pour-simplifier-le-droit-de-l-environnement_5103734_3244.html

La nouvelle classe

A bien y réfléchir c’est l’obstacle principal. Les jeunes générations ont compris que la voie royale ce n’est plus les grandes écoles ou l’ENA avant d’aller monétiser son haut potentiel dans une multinationale.

Non l’avenir radieux c’est d’étudier l’environnement et le numérique avant de se former sur le tas, vrai-faux bénévole d’ONG, stagiaire de ZAD, assidu de Fab-Lab vert, collaborateur d’élu, chef de bande de l’économie collaborative, compter 5 ou 6 ans et on peut monter sa start-up écosourcée qui répondra à toutes les attentes de la nouvelle ménagère de moins de 50 ans. Vivre green, consommer green, devenir milliardaire green. C’est ce tournant générationnel qui va faire le succès de Macron.

"Les jeunes dont les parents assurent la subsistance ne votent pas car
ils se planquent dans des coins sympas en France et attendent des
jours meilleurs en plantant des légumes bio. Les jeunes démunis dont
les parents sont aussi pauvres qu’eux votent FN pour exister. Les
autres jeunes sont riches et cons, ils votent comme leurs parents. UMP
ou PS. Rappelons que la jeunesse dorée descend dans la rue après les
élections pour conchier la jeunesse pauvre et déclassée. LA jeunesse
n’existe pas, en France, il y a plusieurs jeunesses. Qui s’ignorent et
se méprisent."

(Source : contribution blog Mediapart, début janvier 2015).

En écho :

Les ZAD sont-elles l’avant-poste d’une nouvelle bourgeoisie ?

http://www.reporterre.net/Les-ZAD-sont-elles-l-avant-poste-d

D’où il appert que c’’est aussi cette génération qui nous précipite tout droit vers l’écologie des catacombes.

A suivre.

Lire aussi :

Des savoirs populaires à l’écologie politique

http://www.lan02.org/Des-savoirs-populaires-a-l-ecologie-politique

par François de Baulieu

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