Vous voyez ce message parce que votre navigateur ne peut afficher correctement la mise en page de ce site. Effectuez une mise à jour vers un butineur qui supporte les standards du web. C'est gratuit et sans douleur.

NE PAS CLIQUER
LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
La STEP qui fait travailler des lombrics
par Marc Laimé, 26 novembre 2018

Le grand prix des maires, décerné chaque année à l’occasion de leur célèbre salon qui se tient à la Porte de Versailles à Paris, a récompensé une station d’épuration qui fonctionne grace à des vers de terre…

Daniel Floutard, maire de Combaillaux, un village de 1453 habitants de l’Hérault n’était pas peu fier le 21 novembre dernier de voir récompensée
sa station d’épuration « propre », entièrement biologique, qui fonctionne grâce à des vers de terre.

La Lombristation, c’est son nom, première européenne, existe depuis 2004 et a fait preuve de son efficacité. Elle ne produit aucune boue d’épuration, pas de nuisances sonores et olfactives pour les voisins, ne nécessite pas d’électricité pour faire tourner ses machines et peut traiter 60 mètres cubes d’eaux usées tous les deux jours.

Au total, le maire fait valoir une économie de 20 % en investissement et 50 % en maintenance.

Seul bémol, elle ne peut fonctionner que pour des petites communes de moins de 10 000 habitants. Mais des délégations viennent du monde entier pour se renseigner sur le système.

Voir la vidéo en ligne sur le site internet de la mairie :

http://www.combaillaux.fr/news.php?lng=fr&tconfig=0

puis

https://www.rmcgrandprixdesmaires.fr/ceremonie (aller sur énergie environnement)

Voir les photos ci-après pour la consistance du matériaux. Une sorte de compost.

En fait, ce ne sont pas vraiment des boues, après dégrillage, le substrat biodégradable du process, une fois les lombrics ayant digéré des effluents domestiques, est mis en tas puis épandu sur des prairies en hiver. Il y a même des épandages en vignes à proximité.

Les promoteurs de ce process sont feu Marcel Bouché, un self made man de l’INRA, très connu, et Patricio Soto, un biologiste INRA d’origine chilienne. Avec l’appui du CG34 de l’époque.

Combailloux 1 -.
Combailloux 2 -.
Combailloux 4

https://www.rmcgrandprixdesmaires.fr/le-palmares

On se demande bien pourquoi le ministère de l’Environnement (ce qu’il en reste), l’ASTEE, le CNE, les Agences de l’eau… ne se précipitent pas pour promouvoir une innovation si écologique et économique, à l’heure où les politiques publiques de l’eau sont mises à la diète par Bercy…...

Pour le comprendre il faut lire l’ouvrage d’un autre pionnier qui nous explique par le menu trente ans d’expérience professionnelle qui l’ont vu affronter les lobbies des multinationales françaises de l’eau, du BTP, comme leur relais au sein des services de l’Etat, qui oeuvrent main dans la main depuis des décennies pour promouvoir le « tout béton » surdimensionné, en place de solutions davantage respectueuses de l’environnement :

« (…) Après un bref exposé des termes du débat, le livre retrace l’histoire de PME innovantes déjouant les manœuvres de holdings exaspérés par la perte d’une part de marché, et épingle les tergiversations de l’Etat entre un affichage écologiste, un soutien de façade à ses propres centres de recherche et un refus au cas par cas des procédés qu’ils développent.

Il révèle des enjeux tout à fait méconnus au plan économique (17 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel en France et 19 milliards à l’étranger en 2010), social (l’inégalité d’accès à l’eau), environnemental (une consommation d’énergie et une signature carbone effarantes), et des fonctionnements étranges occultant une réussite exceptionnelle, avec 3000 stations d’épuration, soit 30% du parc national en moins de 20 ans.

(…) L’auteur, André Paulus, ingénieur civil, spécialiste de l’assainissement autonome et des petites collectivités, a développé depuis vingt ans des techniques extensives de traitement des eaux usées, en particulier du filtre planté de roseaux, adopté en quelques années par plusieurs milliers de communes françaises. Il a dirigé depuis 2005 la construction de plusieurs dizaines de réseaux d’eau potable et de stations d’épuration de 50 à 6000 équivalent-habitant, publié un manuel et de nombreux articles. »

L’intérêt majeur du livre qui, sous cet angle n’a aucun équivalent, ce sont les douze exemples d’implantation de solutions alternatives dans des villages et des villes de l’arc méditerrannéen. L’auteur ne dissimule en effet rien des innombrables difficultés qu’il a fallu affronter pour conduire ces projets à bien, qui trouvent essentiellement leur source dans l’opposition d’un lobby multiforme qui voit dès lors ses intérêts, d’abord financiers, remis en cause.

 Histoires d’eau. Le versant vert de l’eau française. André Paulus, éditions Johanet, 2016, 138 pages, 28,00 euros TTC.

http://www.le-filtre-plante.com

impression

commentaires

1 La STEP qui fait travailler des lombrics

Ce qui n’est pas dit, quelles sont les performances de cette station ?
Et une station qui ne produit pas de boues n’existe pas ou c’est quelle ne fonctionne pas. Je suppose qu’ici ce sont la biomasse (lombrics) qui est produite, comme le dit Lavoisier "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme." Du coup que devient cette biomasse ?

poste par Damien - 2018-11-26@08:44 - repondre message
2 La STEP qui fait travailler des lombrics

Excellente question, je vous remercie de l’avoir posée, et vais la relayer au maire.

poste par Marc Laimé - 2018-11-26@08:46 - repondre message
3 La STEP qui fait travailler des lombrics

Merci d’avoir étayer votre article sur la gestion des "boues".
Par contre, j’aimerais connaitre les performances épuratoires de ce système. Si je comprends bien, 60 m3 sur 2 jours soit 30 m3/j, nous serions sur une STEP de 200 EH ?

poste par Damien - 2018-11-27@16:25 - repondre message
4 La STEP qui fait travailler des lombrics

Très bien. On ne peut que se réjouir de la mise en oeuvre de "solutions basées sur la nature", en particulier à un moment où , sous couvert de FREC , le cercle vertueux de la valorisation agronomique des boues est remis en cause et où on se dirige lentement mais surement vers un "tout incinération" (qu’en dirait André Paulus ?)

poste par X - 2018-11-26@14:09 - repondre message
5 La STEP qui fait travailler des lombrics

Si j’ai bien compris Combailloux compte un peu plus de 1500 âmes, converti en EH 200 ça me semble un peu léger.

poste par Marc Laimé - 2018-11-27@16:43 - repondre message
6 La STEP qui fait travailler des lombrics

Effectivement mais 30 m3/j à 150 L/j, ça fait 200 EH...

poste par Damien - 2018-11-28@09:21 - repondre message
7 La STEP qui fait travailler des lombrics

La Station d’épuration de Combaillaux fonctionne avec 2 procédés d’épuration (lit bactérien et Lombrifiltre).
Il y a environ 140 000 litres d’eaux usées qui sont épurés tous les jours avec 1200 personnes raccordées soit environ 110-120 litres/hab/j.
Cette Lombristation est suivie depuis peu par l’intercommunalité mais aussi par le Conseil départemental 34 et l’Etat - les résultats des analyses sont donc publics comme pou toutes les stations d’épurations de France.

A ce jour, la capacité d’épuration du lombrifiltre (qui fait environ 110 m²) est autour de 4 habitants/m² soit 440 habitants soit environ 50 000 litres d’eaux usées. Le reste soit 760 habitants produisant environ 90 000 litres d’eaux usées, est traité par le système classique en parallèle (lit bactérien).
Plusieurs protocoles ont été testés et le lombrifiltre peut aussi épurer des quantités plus importantes d’eaux usées (de 80 000 à 100 000 litres/j) mais avec un repos d’un jour afin de réguler l’activité des lombriciens.

Pour répondre à l’allégation disant "qu’une station qui ne produit pas de boue, n’existe pas", je rappelle simplement que les boues se forment après minéralisation de composés en milieu anaérobie (décanteur-digesteur) et que le lombrifiltre fonctionne totalement en condition aérobie donc pas de minéralisation mais plutôt transformation donc aucune production de boue. Les composés résiduels (dérivés carbonés ou nitrés) sont en grand majorité réduits en composés volatiles ou en produits assimilables par le milieu naturel et donc non polluants.

A la question "que devient la biomasse", je rappelle qu’aucun élément n’est extrait du lombrifiltre donc pas de boues, pas de charge dans le temps, l’eau usée arrive sur le lombrifiltre puis ressort épurée après filtration.

Daniel Floutard , Maire de Combaillaux

poste par Maire de Combaillaux - 2019-02-9@20:47 - repondre message
vous aussi, reagissez!