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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Des collégiens de Martinique inventent un filtre d’eau douce à base de produits naturels
par Marc Laimé, 10 septembre 2023

Céramique poreuse, marc de café, coques de noix de coco… Inquiets de la raréfaction de l’eau potable et des pollutions aux pesticides, des adolescents martiniquais se servent de matières naturelles et locales pour filtrer l’eau de toutes leurs impuretés. Leur projet, baptisé Madin’O, a déjà remporté plusieurs prix et suscite de grosses attentes dans la population antillaise.

« Parmi les régions les plus impactées par la crise de l’eau, les Antilles. En Martinique, la sécheresse tarit les ruisseaux qui déboulent de la montagne Pelée. Plus grave, la plupart des eaux de source demeurent contaminées par des résidus d’engrais et de pesticides, à l’image du chlordécone. Les réseaux de canalisation manquent d’entretien et les coupures d’eau se multiplient jusque dans les cuisines.

Voilà pourquoi 17 élèves du collège Rose Saint-Just de La Trinité ont décidé de se lancer un défi visant à permettre à la population de bénéficier d’une eau pure en toutes circonstances.

Encadrés par Paul Cordeboeuf, professeur de Sciences Industrielles de l’Ingénieur, ils se servent de la fédération d’associations Entreprendre pour Apprendre afin d’imaginer une solution. "Nous partions d’une page blanche. Un brainstorming nous a permis d’évaluer nos manques en Martinique, nos besoins et ce que nous pourrions adapter. Des élèves nous ont fait part de leurs inquiétudes sur la potabilité de l’eau, des interdictions de boire au robinet ou de ramasser certains légumes faits par leurs parents", se souvient le professeur.

Le groupe se donne pour objectif de trouver un moyen d’éliminer la majorité des polluants de l’eau en fabriquant un outil avec des matières locales et naturelles, capable de fonctionner en toute situation, même sans électricité.

Le groupe crée une minientreprise et distribue à chacun un poste bien précis en fonction de ses compétences : responsable communication, designer, comptable, technicien, etc.

Les jeunes inventeurs choisissent de s’inspirer du processus d’infiltration naturel de l’eau. Ils superposent deux récipients : en haut, le pot en céramique poreuse récupère les impuretés, en bas le réceptacle récolte l’eau filtrée.

"Lors de la fabrication, l’argile est mélangée à de la sciure de bois ou de marc de café qui brûle pendant la combustion et creuse de minuscules trous dans la céramique", décrit Paul Cordeboeuf.

"Nous badigeonnons ce pot d’argent colloïdal, fabriqué avec une électrolyse. Ce vieux médicament tue les bactéries qui restent accrochées aux ions collés au pot. Nous déposons également une couche épaisse de charbon actif, à base de coques de noix de coco, pour adsorber les molécules (le chlore, le mercure et autres métaux lourds par exemple)."

Atout non négligeable, l’eau conserve tous ces sels minéraux après la filtration. Au-delà du modèle "O’riginel" en céramique de 10 litres, le professeur précise que le groupe a mis au point deux autres modèles disposant du même processus de filtration : le "bri’O" en inox dispose d’un réservoir de 15 litres tandis que le "zO’diack" en plastique recyclé présente un réservoir de 20 litres et se destine aux situations d’urgence. "Une heure suffit à faire transiter l’eau", ajoute le professeur martiniquais, rappelant que les jarres, très utilisées depuis l’antiquité, conservent et rafraichissent.

"Nous avons fait le test, en versant une eau à 30°C dans le récipient en céramique, sa température perd 3°C en une heure."

Ces matériaux écologiques, abordables et facilement remplaçables, rendent cet objet économique et accessible à tous. Les collégiens parviennent encore à limiter leurs coûts grâce à une flopée de partenaires. "Nous récupérons la terre cuite dans une usine qui fabrique des briques, le marc de café chez un torréfacteur, des sceaux en plastiques alimentaires auprès d’usines de jus et confitures, etc.", énumère leur encadrant.

En juin dernier, les élèves ont remporté deux prix du concours Science Factor : le prix Collèges, décerné aux élèves de la 6ᵉ à la 3ᵉ, et le prix CARE, récompensant les innovations au service de la santé et du bien-être. Les modèles ne sont pas encore commercialisés, mais la petite entreprise, devenue association, suscite un engouement sans précédent.

"Nous avons des centaines, voire des milliers, de précommandes. Mais il nous faut encore environ deux ans, le temps d’obtenir tous les certificats pour être sûr de ce qu’on fabrique", reconnaît Paul Corteboeuf. La Banque Publique d’Investissement (Bpifrance) et la collectivité territoriale de Martinique soutiennent financièrement le projet, cette dernière s’engageant notamment à aider l’association à déposer son brevet.

Une aventure extraordinaire pour les élèves. La mini-entreprise leur permet de gagner en confiance et en maturité. "Nous travaillons des choses que le système scolaire ne nous permet pas. Les universités et le monde du travail apprécient", garantit le professeur, qui ne tarit pas d’éloges sur l’utilité du projet. "Les élèves ont conscience de pouvoir sauver des vies grâce à Madin’O. C’est beaucoup de fierté et d’émotion de les accompagner."

Sources :

https://www.tf1info.fr/initiatives-positives/changement-climatique-des-collegiens-inventent-un-filtre-d-eau-douce-a-base-de-produits-naturels-2267750.htmlturels

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