Vous voyez ce message parce que votre navigateur ne peut afficher correctement la mise en page de ce site. Effectuez une mise à jour vers un butineur qui supporte les standards du web. C'est gratuit et sans douleur.

NE PAS CLIQUER
LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
VAGUES
Eau et agriculture : les chercheurs s’engagent
par Marc Laimé, 9 octobre 2023

L’INRAE organisait le jeudi 28 septembre dernier un colloque intitulé : "Anticiper pour mieux planifier : quelle demande en eau pour quelle agriculture demain », 9 heures de contributions éclairantes pour qui s’intéresse à la question…

Il faut absolument consulter l’intervention de François Molle (IRD, UMR Gestion de l’eau :

(De 2:39:55 à 2:58:00 (15 mn + débat) sur les 9 heures du Colloque INRAE.)

Vous aurez quelques réponses à vos questions sur la qualité des données que produisent (et qui servent) à l’administration, aux chambres d’agri/OUGC et aux mégabassines... montrant que l’administration est complètement à la ramasse (bases de données non coordonnées ou incompatibles...) mais que c’est une stratégie volontaire de l’Etat, produit d’une certaine idéologie de l’ingénierie.

François est l’animateur principal de la très riche e-revue en accès libre Water Alternatives (WaA) https://www.water-alternatives.org/ depuis +10 ans dont, justement, le prochain numéro traitera de The Politics of Water Quantification.

Voir aussi :

Sur le retour d’expérience des sécheresses en 2022

Nathalie Bertrand (MTES)

Rappel des enseignements et recommandations principales du rapport de l’IGEDD sur la gestion des sécheresses en 2022 :

• Le besoin de mieux anticiper (mieux utiliser les modélisations hydro-climatiques de Météo France ou du BRGM [météo des nappes], mieux exploiter le réseau ONDE, réunion la CRE à chaque fin d’hiver pour faire un bilan des rechargements, …)

• Le besoin d’optimiser la connaissance et le suivi (meilleure connaissance des prélèvements au jour le jour, mieux faire remonter les connaissances des prélèvements auprès des services de l’Etat,…)

• Le besoin d’une meilleure efficacité de la gestion de crise (raccourcir les délais entre le constat du franchissement des seuils et le déclenchement des niveaux d’alerte)

Karine Bonacina (Agence de l’eau) :

L’intégralité du bassin Méditerranéen de l’Occitanie est en déficit structurel depuis les années 2010 (80 millions de m3/an pour les eaux de surface et 3 millions de m3/an pour les eaux souterraines)

Sur les PTGE (projets de territoires pour la gestion de l’eau)

Sébastien Loubier (Inrae)

Les PTGE durent 2 à 3 ans : émergence engagement de la démarche puis état des lieux/diagnostic/enjeux puis co-construction des scénarios et programme d’action puis mise en œuvre du programme d’action et enfin suivi et évaluation des mesures
Leur but est de résorber les déséquilibres quantitatifs de l’eau sur un bassin versant grâce à 3 types d’actions (par ordre de priorité [théoriquement]) :

1. Économies d’eau (gaspillage, pratiques agricoles, changement des cépages, ..)

2. Mise en place de solutions fondées sur la nature (SFN)

3. Stockage/transfert (contrairement aux deux actions précédentes, ce sont des actions irréversibles. Une fois une installation construite, elle créé une dépendance des activités sur le moyen et le long terme)

Les PTGE sont inspirés des PGRE (plans de gestion de la ressource en eau) développés dans nos départements OcMed (certains depuis plus de 30 ans), au niveau national. Il y a cependant des différences par rapport aux PGRE :

• Intègrent le changement climatique

• Ont une vision prospective

• Sont moins liés à l’aménagement d’ouvrages de stockage/transfert

Il y a aujourd’hui 50 PTGE approuvés au niveau national, dont les ¾ correspondent en fait aux anciens PGRE. L’ensemble des bassin-versants d’OcMed sont couverts par ces plans.

Nathalie Bertrand (MTES)

Le dernier rapport de l’IGEDD sur les PTGE éclaire un certain nombre de besoins :

• Pour rétablir les équilibres ressource/prélèvements, il faut une transformation en profondeur du modèle agricole (nouvelles variétés, rétention de l’eau dans les sols, SFN, …)

• Remettre le sol au centre de la stratégie d’adaptation au changement climatique

• Une irrigation de résilience : plus économe en eau et couplée à une évolution des assolements : « il ne faut pas une maximisation de la production mais une optimisation de l’utilisation de l’eau »

A noter : l’agence de l’eau est en train d’élaborer un plan de bassin d’adaptation au changement climatique, ce document ne sera pas prescriptif mais identifiera les territoires vulnérables et proposera un « panier » de solutions

Sur les OUGC (organismes uniques de gestion collective)

Anthony Muscat (chambre d’agriculture du Vaucluse)

C’est un type d’accès à l’eau collectif qui a pour objectif de d’allouer chaque année des volumes aux irrigants en fonction de leurs besoins respectifs et de la disponibilité de la ressource en eau. Il comporte 3 volets :

• L’autorisation unique de prélèvements

• Le plan de répartition

• Le bilan

Ce type d’accès à l’eau collectif (avec les ASA) est beaucoup plus présent sur nos territoires du sud-est que dans le nord (principalement des accès individuels).
Il s’agit d’un « label » qui est toujours porté par une structure existante (comme la chambre d’agriculture par ex).

A noter : certaines entreprises (Aquasys) développent des services numériques de l’irrigation qu’ils comptent vendre aux EPCI et aux OUGC : autorisation selon la disponibilité en eau, anticipation des disponibilités, fléchage des restrictions, intégration de compteurs télé connectés, …

Sur la fiabilité des données sur l’eau

François Molle (IRD)

En France, les ressources ne sont pas calculées en faisant la somme de calcul des eaux souterraines + surface, mais en comparant le volume de précipitation et d’évapotranspiration estimé.

Un rapport de la cour des comptes a montré qu’il y avait de « grandes incohérences et une faible fiabilité des données au niveau national ». En effet, il est difficile d’avoir certains chiffres (les prélèvements inférieurs à 10 000m3 ne sont pas soumis à déclaration, beaucoup de forages forains, …)

Sur les leviers d’économie de l’eau

Claire Wittling (INRAE)

Le réchauffement climatique, la baisse de la production des intrants ou la baisse de la ressource en eau incite à quitter le paradigme du contrôle (maximiser le potentiel génétique, considérer le milieu comme « carencé ») et se lancer dans le paradigme de la résilience à travers 3 leviers :

1. Agronomique

a. Choix des espèces et des variétés

b. Stratégies d’esquive (décaler les stades phénologiques les plus sensibles au déficit hydrique (par ex. semer le mais plus tôt)

c. Gestion du sol (agriculture de conservation des sols pour diminuer le ruissellement et l’évaporation).

Pour un meilleur stockage de l’eau (ACS) :

i. Réduction du travail du sol
ii. Rotation et diversification des cultures
iii. Couverture organique permanente des sols

2. Technologique
a. Améliorer l’uniformité de l’irrigation (limiter les zones surirriguées)

3. Pilotage
a. Mise en place de capteurs connectés, ...

A noter : « les économies d’eau permises par ces leviers diminuent à mesure que le déficit hydrique augmente » + l’intervention d’un agriculteur pour dire qu’il est pour l’agriculture de conservation des sols, mais que pour la mettre en place il lui faut de l’eau (couvert végétal), et donc, des retenues …

Christian Couturier (Solagro)

Au-delà de ces leviers, plutôt que de se poser la question « Qu’est ce qu’on veut faire en fonction des ressource qu’on a ? », se poser la question « qu’est qu’on a comme ressource en fonction de ce qu’on veut faire ? » : pour cela, « il faut sortir des bassines pour regarder dans les assiettes » et se poser les questions suivantes : quels sont nos besoins alimentaires ? a-t-on l’eau de nos ambitions ?

impression

pas de commentaire. ajoutez le votre!