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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Veolia-EDF : rapprochement ou « fiançailles » ?
par Marc Laimé, 7 novembre 2011

Annonçant que les deux groupes cherchent à renforcer leurs liens au travers de leur filiale commune, Dalkia, spécialisée dans les réseaux de chauffage, le Journal du Dimanche n’hésite pas à titrer dans son édition du 6 novembre 2011 : « EDF et Veolia préparent leurs fiançailles » …

L’annonce est encore à ce stade un rien prématurée, et contredit un récent portrait croisé publié dans le Nouvel Observateur, qui nous assurait que les P-DG des deux groupes étaient à couteaux tirés.

La séquence rappelle toutefois furieusement l’ébouriffante salve de storytelling qui avait précédé la nomination de M. Proglio à la direction d’EDF. Elle signe donc un inéluctable rapprochement, dont les contours annoncés anticipent bien évidemment la prochaine séquence présidentielle.

Sur le fond, à l’évidence, le rapprochement se fera, puisque en son absence Veolia devrait consentir au leadership de GDF-Suez…

« Déjà proches, EDF et Veolia envisagent de renforcer leurs liens. Selon plusieurs sources, ils discutent d’une refonte totale de leur filiale commune, Dalkia qui pèse 8,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Créée en 2000, la société est spécialisée dans la gestion des réseaux de chauffage, une activité complémentaire à la fois de l’eau pour Veolia et de l’électricité pour EDF. Au-delà, elle est surtout le pivot de la collaboration entre les deux groupes.

(…) « Le projet, discuté depuis six mois, pourrait s’accélérer : il sera sur la table des administrateurs de Veolia réunis en conseil mardi et mercredi prochains.

(…) Antoine Frérot (…) compte discuter de l’avenir de Dalkia avec son ancien chef, Henri Proglio, le PDG d’EDF et toujours administrateur de Veolia. L’objectif est de conclure un accord avant la fin de l’année. Ensuite, la campagne présidentielle parasiterait la décision sur le sort d’activités très liées aux collectivités locales.

(…) Avec des profits (653 millions d’euros) en hausse de plus de 40% depuis 2006, Dalkia est devenu une pépite que les deux patrons veulent faire grossir. Veolia lui céderait notamment sa société américaine, TNAI, et EDF ses activités similaires en Europe centrale. Les discussions se compliquent sur la répartition du capital de Dalkia et surtout sa gouvernance. Minoritaire avec un tiers du capital, EDF souhaite rééquilibrer le rapport de force. Henri Proglio veut notamment avoir son mot à dire sur le choix des dirigeants alors que son partenaire décide de tout. Les discussions sont d’autant plus complexes que l’atmosphère reste tendue avec Antoine Frérot. Henri Proglio n’a pas digéré le changement brutal de stratégie annoncée par son prédécesseur en août dernier. "Les relations sont plus apaisées", tente-t-on de
rassurer dans l’entourage des deux groupes. "Mais elles restent méfiantes chez Veolia, qui ne veut pas être sous la tutelle d’EDF", explique une source.

(…) Le projet autour de Dalkia est d’autant plus important qu’il cristallise l’avenir commun des deux groupes. "Cette opération est un rapprochement en soi", admet une source proche de Veolia. Elle permettra aussi de concurrencer le grand rival, GDF Suez, qui s’appuie sur ses deux filiales Suez Environnement et Cofely. De là à imaginer un mariage entre les deux groupes…

(…) Souhaité par Henri Proglio lors de son passage chez l’électricien en 2009, le projet a été remisé aux oubliettes. Même si la montée d’EDF – détenteur de 3,9% du capital – comme actionnaire de référence este un sujet sensible, Veolia devra dans les prochaines années stabiliser son capital, trop éparpillé."

Forum mondial de l’eau : le "paquet" eau-énergie

Annoncé lors d’une rencontre à New-York en octobre 2010 entre M. Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l’eau, qui en avait pris l’initiative, et M. Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations unies, l’adoption d’un « paquet eau-énergie » est au fondement de la légitimation de l’adossement de Veolia à EDF.

C’est d’ailleurs EDF qui assure le pilotage de la thématique "Eau et énergie" en vue de la préparation du 6ème Forum mondial de l’eau, et qui y organisera une table ronde, le 15 mars prochain, avec la venue de son président, M. Henri Proglio, table ronde consacrée au thème "Eau, énergie et alimentation".

Une soirée est également envisagée sur le site de la centrale de Saint-Chamas (13).

La contribution d’EDF se prolongera au-delà de cette semaine de réflexion internationale sur les enjeux de l’eau : durant 18 mois, quatre groupes de travail plancheront sur les modalités de mise en œuvre de solutions concrètes proposées durant le forum.

L’entreprise entend notamment faire valoir la reproductibilité du modèle hydroélectrique multi-usages (irrigation, production d’électricité, eau potable, tourisme…) qu’elle exploite depuis plus de 50 ans sur la chaîne Durance-Verdon et qui permet, en une dizaine de minutes, de produire 2000 MW en fonction des besoins de consommation.

"Fin 2013, nous restituerons les résultats de nos travaux à l’occasion d’un autre événement international", a précisé M. Patrick Sambarino dans un entretien accordé à E-lettre Sud Infos, publié le 4 novembre 2011.

Ils sont notre cauchemar, ils seront notre épouvante…

Car l’affaire achoppe aujourd’hui, et sur le colossal endettement hérité de l’ère Messier pour Veolia, qui contraint M. Antoine Frérot à « passer le groupe à la paille de fer », et sur les perspectives saumâtres de l’après-Fukushima pour EDF, lui-même lesté de plus d’une quarantaine de milliards d’euros d’un endettement qui va prospérer dans la période.

Dès lors, seule l’articulation entre le modèle hydroélectrique multi-usages (irrigation, production d’électricité, eau potable, tourisme…) qu’exploite EDF depuis plus de 50 ans sur la chaîne Durance-Verdon, et la palette des « nouveaux métiers » de Veolia, dont la filiale « Veolia Habitat Services » dessine l’avenir prometteur, surtout sur fond d’enrichissement colossal à base de « certificats d’énergie », seule cette articulation permettra à Veolia et EDF de rattraper l’avance déjà prise par GDF-Suez, sur fond d’avantage concurrentiel gigantesque.

Lorsque Suez en a pris le contrôle, GDF, efficace et très bien gérée, était une richissime belle endormie, ce que la chronique omet régulièrement de souligner, ce qui permet aujourd’hui à M. Mestrallet de présenter un avenant profil au plus important fonds souverain chinois, qui va investir 3 milliards de dollars dans la filiale spécialisée dans l’exploitation gazière en cours de création, à laquelle GDF va apporter quelques-uns de ses actifs…

On attend les commentaires des divers impétrants à la présidentielle sur ce meccano (de la Générale), dont les desseins sont aussi clairs qu’épouvantables : affermer le client sous le joug d’un « paquet eau-énergie » qui le laissera exsangue.

PS : quant au distinguo entre rapprochement et fiançailles, nous ne saurions trop suggérer aux experts de l’ingenierie sociétale de Suez d’organiser séance tenante un dialogue entre Orsenna et Nadine de Rotschild, sous le haut-patronage de Proglio frère, expert s’il en est en fusions-acquisitions...

Avec en guest-star un économiste distingué (l’Oncle Bernard, au hasard...), qui évoquera la soutenabilité de l’augmentation de la TVA sur les CD en regard de l’impact de Mozart sur les boues des STEP...

(Euh, non dommage, là c’est la solution de l’ASTEE et du Secours catholique pour le Forum mondial, encore raté !)

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commentaires

1 Veolia-EDF : rapprochement ou « fiançailles » ?

Oui, mais la vraie question c’est que va dire ou faire la CGT EDF omnipuissante ? Quoique mon beauf qui y officie doute un peu devant le prochain passage de la retraite EDF au régime général. Qui gagne ? qui perd ?

poste par Luigi34 - 2011-11-7@15:01 - repondre message
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