Retour au format normal


Eurofins : nouveau revers en Bretagne

25 avril 2013

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Le tribunal administratif de Rennes a décidé le 3 avril dernier que l’Agence régionale de santé allait pouvoir attribuer comme elle le souhaitait le marché du contrôle des eaux bretonnes à des laboratoires départementaux et publics. La société privée Eurofins avait attaqué cette décision en justice, s’estimant injustement écartée de l’appel d’offres.



L’Agence régionale de santé (ARS) Bretagne avait lancé un appel d’offres pour le marché du contrôle sanitaire des eaux bretonnes, en juin 2012. Un gros marché, puisqu’il s’agit d’analyser les eaux potables et les eaux de baignade (piscine, mer…) de toute la région pendant les quatre prochaines années.

Cet appel d’offres avait été remporté par les laboratoires publics Leres, LDA56, LDA22 et IDHESA Bretagne Océane, rattachés aux conseils généraux des Côtes-d’Armor, du Morbihan, du Finistère et, pour l’Ille-et-Vilaine, à l’École des hautes études en santé publique de Rennes.

Une décision qui avait suscité l’ire d’Eurofins. Le numéro deux mondial de la bioanalyse n’avait pas digéré cette décision, d’autant que son offre était trois fois moins chère…

Devant le juge des référés du tribunal administratif de Rennes, le 26 mars, son avocat, Paul-Guillaume Balaÿ, avait pointé des « liens très étroits entre les laboratoires départementaux et l’ARS », datant d’avant l’ouverture du marché du contrôle de l’eau à la concurrence, en 2006. Et dénoncé « l’imprécision des critères d’attribution du marché ».

L’ARS, elle, s’était défendue de tout traitement préférentiel. Et expliqué qu’Eurofins n’avait pas eu le marché parce que « son offre confuse ne correspondait pas » aux attentes : mauvaise classification des analyses, délais trop longs, préleveurs non accrédités pour le Finistère et les Côtes-d’Armor…

De plus, l’ARS avait rappelé qu’Eurofins ne pouvait de toute façon plus obtenir ce marché, puisque le groupe a, depuis lors, perdu son agrément pour une partie des analyses de pesticides, obligatoire pour contrôler l’eau en Bretagne.

Le juge des référés de Rennes a donné raison à l’ARS et aux laboratoires départementaux contre Eurofins. L’appel d’offres s’est passé dans les règles. Et Eurofins « ne peut se prévaloir d’un intérêt lésé, même éventuel ». La société devra verser 5 000 € de frais d’avocat à l’ARS et aux quatre laboratoires.

Lire aussi :

- La loi sur l’eau privatise les services publics (1)

Les eaux glacées du calcul égoïste, 9 octobre 2007

- Laboratoires publics d’analyse des eaux : la crise

Les eaux glacées du calcul égoïste, 22 septembre 2009

- Laboratoires publics d’analyse des eaux : le Val-de-Marne se mobilise

Les eaux glacées du calcul égoïste, 25 septembre 2009

- Le monopole caché du contrôle de la qualité des eaux du robinet

Les eaux glacées du calcul égoïste, 23 février 2011

- Le deuxième laboratoire d’analyse des eaux français coulé par la concurrence

Les eaux glacées du calcul égoïste, 24 février 2011

- Laboratoires publics d’analyse des eaux : le ministère de l’Agriculture balade les parlementaires

Les eaux glacées du calcul égoïste, 7 janvier 2013

- Le scandale Eurofins : le rapport de la DGS

Les eaux glacées du calcul égoïste, 28 février 2013

Marc Laimé - eauxglacees.com