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Algues vertes : le Conseil scientifique de l’environnement de Bretagne stigmatise violemment l’agriculture intensive et les carences de l’Etat
25 septembre 2009
par
- eauxglacees.comDeux jours avant la manifestation contre les algues vertes qui aura lieu à Hillion dans la baie de Saint-Brieuc le dimanche 27 septembre à 15 heures, le CSEB dresse un réquisitoire sans précédent contre une catastrophe environnementale majeure, à l’heure où la mission interministérielle qui doit rendre ses conclusions au gouvernement avant trois mois vient à peine d’arriver en Bretagne.
Accablant, le constat du CSEB, dévoilé par Ouest-France dans son édition du 25 septembre 2009, est d’une implacable sévérité.
Créé par le Conseil régional il y a quinze ans, le Conseil scientifique de l’environnement de Bretagne est composé des 24 meilleurs scientifiques de ce domaine. Régulièrement saisi sur la question de la qualité des eaux, il donne ses avis en toute indépendance.
Pierre Aurousseau, professeur à Agrocampus : « Les algues vertes ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt, il ne faudrait pas oublier tous les autres phénomènes d’eutrophisation des eaux. Leurs causes sont connues depuis vingt ans, toutes les mesures prises sont restées inefficaces : ces désordres doivent être traités à la source, de manière préventive. »
Alain Menesguen, directeur de recherche à Ifremer : « La lutte contre les phosphates n’a été qu’un placebo coûteux et inutile, seuls les nitrates d’origine agricole sont en cause. Les fuites d’azote des bassins versants bretons sont, de 3 à 5 fois supérieures à la normale : 33 mg/l d’eau en moyenne. Je suis formel : pour être efficaces et suivies d’effets sensibles sur les marées vertes, les teneurs en nitrates doivent être ramenées en dessous de 10 mg/l. Le Guillec, dans le Léon, rejette à la mer 97 kg d’azote par hectare et par an. À rapprocher de la Seine, 11 kg, et du Mississipi, 6 kg... »
Alain Baert, toxicologue et médecin légiste au CHU de Rennes : « Ces algues en putréfaction dégagent un gaz hautement toxique, l’hydrogène sulfuré, bien connu des égoutiers. Le risque est certain pour le public comme pour les ouvriers ramasseurs. Les détecteurs sont inutiles : aux valeurs constatées, l’écroulement de tout être vivant est instantané. Les masques à gaz sont indispensables. Stocker ces algues pour en faire du compost, c’est tout aussi dangereux. Quant à autopsier la dépouille de l’ouvrier décédé, une initiative totalement inutile deux mois après les faits... »
Nathalie Hervé-Fournereau, juriste chercheur au CNRS : « L’appareil juridique existe pour assurer la protection du public et des travailleurs, il n’a pas été respecté. C’était un choix politique, nous payons désormais cette inertie. Au fil des règlements et lois bafoués depuis dix ans, la situation est devenue pathologique : la France est sous le coup de multiples condamnations. Une commission interministérielle a été nommée par le gouvernement ? Très bien, mais il y en a déjà eu une en 1999... »
Philippe Le Goffe, économiste, professeur à Agrocampus : « Les dommages économiques provoqués par les algues vertes menacent toute la vocation touristique et résidentielle de la région. Les aides publiques versées en Bretagne aux professions agricoles s’élèvent à un milliard d’euros. Effet pervers, ces subventions confortent la filière dans une apparence de rentabilité économique. Pire, la multiplication des réglementations paralyse le secteur de l’élevage. En vain : normes insuffisantes, contrôles inefficaces, principe pollueur-payeur non appliqué. »
Algues vertes : le dossier d’Eaux glacées
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