Retour au format normal


Crise économique et factures d’eau

11 juin 2008

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Veolia, Suez et Saur peuvent se faire du mouron. La crise est bel et bien là.
Selon une analyse discrètement évoquée par le quotidien les Echos le 5 juin 2008, la consommation dans les hyper et supermarchés a reculé de 4,1%. au premier trimestre. Les « hard-discounters » pâtissent un peu moins de la baisse du pouvoir d’achat. Mais, fait plus inhabituel, la consommation de produits alimentaires a stagné au 1er semestre 2008. Dans le même temps M. Jean-Louis Borloo, interrogé la semaine dernière par le député-maire de Sarrebourg, M. Alain Marty, annonçait que « dans un souci de transparence », une demande de révision de la présentation des factures d’eau et d’assainissement a été formulée lors du Comité national de l’eau de novembre 2007. Ca vient la transparence ?



Selon le bureau d’études IRI, spécialisé dans les études de consommation, qui réalise des enquêtes régulières depuis de nombreuses années, la consommation dans les grandes surfaces à donc baissé d’environ 4% sur tous les produits.

En attendant de travailler plus pour gagner plus, en fait en travaillant toujours plus pour gagner toujours moins, et encore pour celles et ceux qui travaillent, il appert que l’on réfléchit désormais à deux fois avant de prendre sa voiture et de faire les courses. Préfèrant payer quelques centimes de plus et acheter dans les supérettes et marchés de proximité.

Du coup comme la ruée vers les super, hypers et autres calamités se tasse, on est moins tenté par les « achats impulsion » et « accessoires ».

Du jamais vu ! D’ailleurs supers et hypers se gardent bien de le clamer sur les toits (il est où Leclerc ?), d’autant plus que nos observateurs ne notent aucun report de consommation sur le « hard discount ».

Alors que les baisses précédentes étaient dues au report de l’achat des ménages des "produits de marque" sur les « premiers prix » et « marques de distributeurs », celle-ci semble due à un baisse drastique sur tout ce qui n’est pas essentiel : tout ce qui n’est pas alimentaire ou entretien courant passe à la trappe.

Et d’ailleurs, attention, les gros malins du « low cost » ne sont pas les derniers à enfumer le populo !

La confédération d’associations familiales Familles Rurales, qui pratique une veille sur les prix, confirmera le vendredi 13 juin 2008 leur tendance à la hausse et s’inquiètait en particulier de l’augmentation de ceux des produits "premier prix" et des marques de distributeurs.

L’association, qui a mis en place son propre observatoire des prix avec 48 "veilleurs consommation" qui relèvent les prix de 13 catégories de produits dans 22 départements, "confirme le ressenti des consommateurs" concernant la hausse des prix, expliquait-t-elle dans un communiqué.

"Le prix des panels marques de distributeurs (MDD) et premier prix sont ceux qui augmentent le plus", souligne Familles Rurales qui estime que "face à cette tendance, les familles les plus modestes sont les plus touchées".

Elle note par exemple qu’entre janvier et mars dernier, le prix du panel MDD a augmenté "de plus de 10%". Entre novembre 2007 et mars 2008, le prix du panel moyen aurait augmenté de 4% et enfin, "en un an, le prix des produits laitiers premier prix a augmenté de 32,5% dans les hypermarchés".

Familles Rurales fait même le constat que les produits "premier prix" vendus dans les hard-discounts "sont plus chers que ceux vendus dans les hypermarchés ou les supermarchés".

L’association "s’interroge sur l’efficacité de la réforme de la négociabilité des tarifs en cours dans la mesure où elle ne porte pas sur les marques de distributeurs" et craint la poursuite à la hausse des tarifs de ces MDD.

« Grâce » au pétrole cher et à la baisse du pouvoir d’achat, la décroissance est-elle en marche ? Ne rêvons pas, camarades autarciques...

Le blème c’est que toujours selon Les Echos du mardi 11 juin 2008 : l’inflation en France (est) au plus haut depuis juillet 1991 : : « Les prix à la consommation ont bondi de 3,3% sur un an en mai, après +3,0% en avril. La tendance est également à l’accélération en variations au mois le mois, à +0,5% le mois dernier contre +0,3% le précédent. La poursuite de la flambée des produits pétroliers et la hausse saisonnière du prix des produits frais expliquent ces évolutions. »

Donc, ça va pas s’arranger...

Et c’est donc dans ce contexte « tendu », comme le décriraient les écrivaillons, et écrivaillonnasses (TM Eaux glacées), appointé(e)s pour pondre des « éléments de langage » à nos seigneuries que l’imparable Jean-Louis « Houdini » Borloo, l’homme qui a remis aux normes 57 STEP en moins de six mois, du jamais vu là aussi, mais on verra ce qu’en penseront les services de l’excellent Stravos Dimas, répondant au député-maire de Sarrebourg, l’a assuré qu’il était « favorable à une facture d’eau plus limpide ». On se doute bien qu’il ne se serait pas aventuré à clamer le contraire, quoique, quand les bornes sont franchies, bref.

Et d’apporter des précisions à notre député-maire sur la détermination de la part fixe de la facture d’eau, la part variable étant déterminée par le volume d’eau consommé.

L’arrêté du 10 juillet 1996 relatif aux factures de distribution de l’eau, de collecte et de traitement des eaux usées demeure aujourd’hui le texte de référence pour l’établissement de la facture.

Elle est composée de plusieurs rubriques visant à expliciter les principales composantes du prix acquitté par l’abonné. La facture distingue ainsi les montants correspondant au service de distribution de l’eau, de celui de la collecte et du traitement des eaux usées et aux redevances prélevées par les organismes publics (agence de l’eau et, le cas échéant, Voies navigables de France).

Les deux premiers visent à couvrir les coûts supportés par le service d’eau et/ou d’assainissement pour assurer le service à l’abonné (lui délivrer une eau potable et collecter puis traiter ses eaux usées). Les redevances versées aux agences de l’eau permettent, quant à elles, d’assurer une solidarité entre les différents usagers de l’eau par un système de redistribution au travers de subventions.

La facture peut présenter une part fixe pour la distribution de l’eau et une pour l’assainissement. Pour l’eau comme pour l’assainissement, cette part fixe est identifiée sur la facture en tant qu’abonnement et doit faire apparaître un montant totalisé de l’ensemble des
éléments le composant.

Et donc, dans un souci de transparence, une demande de révision de la présentation des factures d’eau et d’assainissement a été formulée lors du Comité national de l’eau de novembre 2007.

Ca vient la révision ?

Surtout la révision générale des délégations de service public, qui seraient utilement remplacées dans la période par des régies coutant 30 à 40% moins cher que Veolia, Suez et consorts.

Avanti popolo...

Lire aussi :

Veolia en difficulté à Paris et en banlieue parisienne : la bourse s’inquiète

Les eaux glacées du calcul égoïste, 21 mai 2008

Comment Veolia explique aux analystes financiers internationaux qu’elle va conserver le contrat du Sedif

Les eaux glacées du calcul égoïste, 23 mai 2008

Crise économique et factures d’eau

Les eaux glacées du calcul égoïste, 11 juin 2008

L’action de Veolia environnement boit la tasse

Les eaux glacées du calcul égoïste, 11 juin 2008

Marc Laimé - eauxglacees.com