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Un bonheur hydroélectrique
12 septembre 2024
par
- eauxglacees.comDans les années 1960, un ingénieur soviétique part en mission sur le chantier du barrage d’Assouan. À partir de ses films amateurs et d’archives de l’époque, une reconstitution poétique qui fait état des dommages causés par le progrès humain.
Dans les années 1950, pour satisfaire des besoins en énergie qui ne cessent d’augmenter, les constructions de barrages se multiplient dans le monde industrialisé.
En URSS, on se lance dans la quête du "bonheur hydroélectrique" : des camions déversent des blocs de béton dans les fleuves, des forêts et des villages sont submergés, les habitants contraints de se déplacer brûlent leurs maisons...
Soucieux d’étendre son influence, le pays participe aussi à des projets étrangers. L’ingénieur Vadim Rudenko, à l’institut Lenhydroproject, apprend qu’il est affecté à la construction du barrage d’Assouan. Il doit se séparer de Véra, une biologiste qu’il vient de rencontrer. Cinéaste amateur, il emporte en Égypte sa caméra super-8 et filme son quotidien, son travail sur le chantier, ses escapades au Caire. Ses images n’ont rien à voir avec les discours officiels diffusés à la radio ou à la télévision…
Bonheur et progrès
Le réalisateur Alexander Markov a retrouvé les films de l’ingénieur Vadim Rudenko, ainsi que sa correspondance avec sa fiancée. Ce matériau intime, habilement mêlé à des archives d’époque, lui permet de tisser une singulière reconstitution de la construction du barrage d’Assouan et de son contexte historique, mettant en lumière le décalage entre les discours officiels et la réalité.
De fait, à l’instar des prisonniers employés par le régime soviétique pour ses grands chantiers, les paysans égyptiens travaillaient à Assouan pour une bouchée de pain, au mépris de toute sécurité – sacrifiés à l’édification d’un bonheur futur, tout comme les 40 000 Nubiens expulsés des rives du Nil et bon nombre de vestiges antiques à jamais disparus.
Entre les films amateurs et les extraits de lettres, une personnalité, celle de Vadim, se dessine en creux. Cet ingénieur consciencieux, pris entre la nécessité de faire carrière et un certain sentiment d’absurdité, se fait le témoin d’une époque où la destruction de l’environnement sur l’autel du progrès a atteint des sommets d’inconscience.
<https://www.arte.tv/fr/videos/11177...>
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