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COVID-19 et égouts : les nouveaux mensonges de la Ville de Paris
17 mai 2020
par
- eauxglacees.comFace au mouvement déclenché par les égoutiers de Paris, qui refusent de continuer à travailler sans être dotés d’équipements les protégeant réellement du coronavirus, la Ville persiste dans le déni et les mensonges flagrants, comme elle l’a déjà fait avec l’affaire du nettoyage des rues avec de l’eau non potable, infestée par le virus, ce qui provoque la formation d’aérosols mettant directement en danger les Parisiens. Ici la majorité PS-EELV de Mme Hidalgo - sous les flots de « com » mensongère -, révèle sa nature profonde. L’ennemi de classe ce ne sont pas les promoteurs auxquels elle a vendu tout Paris depuis 15 ans, ce sont les travailleurs de l‘ombre et leurs organisations syndicales.
Plusieurs medias se sont fait l’écho de la mobilisation des égoutiers de la Ville Lumière. Marianne, Reporterre, FR3 Ile-de-France…
https://reporterre.net/Coronavirus-dans-les-eaux-usees-les-egoutiers-inquiets-pour-leur-sante
Mais c’est dans sa réponse à France Bleu que Mme Celia Blauel, maire-adjointe (EELV) à l’eau et à l’assainissement exprime sans fard l’insoutenable mépris dont la Ville continue à faire preuve.
Rappelons que les syndicats ont fait valoir leur droit d’alerte dès le 6 mars, puis le 16 avril, sans obtenir la moindre réponse jusqu’au 7 mai, comme nous l’avons relaté dans nos précédents billets.
Afin de rester « droit dans ses bottes » (d’égoutier ?) la maire-adjointe joue à nouveau de la confusion en commençant par affirmer qu’il n’y « a plus aucune trace de COVID-19 » dans l’eau non potable. Un pur argument d’autorité qui n’est étayé par aucune démonstration scientifique.
Un pur argument d’autorité qui a surtout pour objectif de « noyer le poisson » en parlant d’autre chose, ce qui est la technique systématiquement mise en œuvre par la Ville dès qu’elle est mise en cause.
Mais il y a mieux, enfin pire. S’agissant de la situation des égoutiers, la maire-adjointe tient des propos absolument scandaleux dans ce contexte :
"On comprend leurs inquiétudes, les égouts sont un milieu extrêmement hostile, égoutier est un métier dangereux", reconnait Célia Blauel, adjointe à la mairie de Paris et présidente de l’organisme Eau de Paris. "Mais leurs tenues sont à la pointe", insiste l’élue. Selon elle les équipements des égoutiers ont évolué lors des 10 dernières années pour être "le plus efficace et le plus opérationnel possible". "Ils ont des bottes, des combinaisons, des visières pour limiter le risque microbiologique", ajoute-t-elle.
La ville de Paris a toutefois commandé de nouvelles lunettes de protection dont la livraison est prévue début juin. Elle reconnait que le virus est présent mais rappelle que "rien ne prouve qu’il est actif". Selon Célia Blauel, les résultats des échantillons "c’est une preuve de la présence, rien de plus".
A l’évidence on peut donc parfaitement être maire-adjointe « écolo » de la capitale, et ignorer totalement ce qu’est le principe de précaution !
Rappelons donc quelques vérités à ces édiles qui passent leur vie à nous asséner leurs mantras pour débiles mentaux « la co-construction de la résilience de la Ville verte avec les jardins partagés et l’agriculture urbaine pour faire pousser des fraises sur le toit de l’Opéra, et sauver la planète en vélo, sauf les jours où il pleut… »
Les mêmes, bien évidemment, qui applaudissent à tout rompre l’urbanisme "innovant" et désormais "tactique"), de Jean Louis Missika, la plus grande entreprise de prévarication à ciel ouvert depuis Guizot...
COVID-19 et environnement
Une synthèse réalisée par la Société francophone de santé et environnement (SFSE) sur ce qu’on sait (et aussi ce qu’on ignore), sur la transmission environnementale du SARS-CoV-2 a été rendue publique le 4 mai dernier.
Le SARS-CoV-2, agent de la maladie appelée COVID 19, est apparu en Chine à la fin de 2019. Il est responsable d’environ trois millions de cas confirmés en laboratoire (au 28 avril 2020) (OMS, 2020).
Avec le coronavirus responsable du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003, également découvert en Chine, et le coronavirus responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) (De Wit et al., 2016), c’est le troisième coronavirus humain hautement pathogène à apparaître au cours des deux dernières décennies.
La transmission se fait principalement de personne à personne par l’intermédiaire de gouttelettes. Mais que sait-on aujourd’hui sur la survie du virus dans les trois matrices environnementales que sont l’air, l’eau et les surfaces ?
https://www.sfse.org/article/sars-cov-2-et-transmission-environnementale
Les coronavirus sont des virus à ARN. Ils parasitent un organisme hôte et utilisent sa machinerie cellulaire pour se repliquer (synthèse d’ARN et de protéines virales), et donc éventuellement muter. Le SARS-CoV-2 n’a pas d’ADN et donc on ne risque pas d’en trouver.
Voir le schéma de la replication du coronavirus :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/43/Virus_%C3%A0_couronne.png
Et l’explication des différentes étapes de la replication :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Coronavirus#R%C3%A9plication
Eau de Paris et le SIAAP confirment la présence massive de COVID-19 dans les eaux usées
L’article de la SFSE précité mentionne notamment l’enquête en cours initiée par le Laboratoire d’analyse d’Eau de Paris, le SIAAP et plusieurs organismes universitaires (Wurtzer et al., 2020), dont une première synthèse publiée en pre-print mentionne une concentration d’environ 10’7 génomes de SARS-CoV-2 dans les eaux usées ; et 10’5 génomes de SARS-CoV-2 dans l’effluent.
Ce que SFSE ne dit pas, c’est qu’il s’agit de 10’7 et 10’5 d’unité du génomes de SARS-CoV-2 par litre.
Le volume d’eau usées où ces analyses ont été faites est de 2,5 millions de mètre cubes par jour (1m3 = 1 000 L) et que, nous citons les propos des virologues : « la plupart des génomes détectés sont des génomes correspondant à des particules virales intègres et donc potentiellement infectieuses. »
Nous avons interrogé Didier Dumont, membre de la Commission exécutive de la Fédération Cgt des Services publics, et animateur des Collectifs Eau Fédéral et Confédéral de l’organisation de Montreuil :
« Je n’ai pas forcément été fort en maths durant ma scolarité, mais il me semble que 10’7 = 10 millions.
Or l’étude citée (voir ci-dessus Note Eaux glacées), qui ne donne pas la teneur du génome dans les eaux usées, compare toutefois la teneur dans l’eau de surface (donc soit de la Seine ou du Canal de l’Ourcq ou des 2) qui est de 1 000 unité du génomes de SARS-CoV-2 par litre en précisant que celle-ci est 500 000 fois moindre que dans les eaux usées (donc dans les égouts en entrée de STEP) et 10 000 fois moindre que dans les eaux usées traitées (donc en sortie de STEP).
Or 500 000 X 1 000, n’ont jamais fait 10 millions, mais 500 millions, soit 50 X 107. De même 10 000 X 1 000, n’ont jamais fait 10’5, mais 10’7 soit 10 millions. »
L’ANSES à par ailleurs rédigé une Note
(https://www.anses.fr/fr/system/files/MFSC2020SA0056.pdf,
paragraphe 3.2., page 6)évoquant cette étude, mais ne cite que des teneurs de 10’4 à 10’5 et ignorant les 10’7.
Il y est conclu que l’interprétation faite par les virologues sur les particules virales intègres et donc potentiellement infectieuses, n’est qu’une communication personnelle du laboratoire de R&D d’Eau de Paris...
Ce qui est dit en fin de page 6, est également inquiétant : « … il faut noter que même les effluents désinfectés à l’aide de lampe à rayonnement ultraviolet (UV) peuvent contenir des virus infectieux (par exemple des adénovirus d’après Eischeid, Meyer et Linden (2009). »
Le traitement par UV est l’un des 3 traitements pour rendre l’eau potable, avec l’ozonisation et le chlore. Reste plus qu’a espérer que les 2 autres traitements soient plus efficaces… »
Une nouvelle alerte de la CGT
On comprend dès lors que la Fédération CGT des Services Publics ait à nouveau relancé les pouvoirs publics
Une dangerosité confirmée
Par ailleurs, des biologistes de l’environnement de l’université de Stirling signalent que la propagation potentielle de COVID-19 par les eaux usées "ne doit pas être négligée" dans la bataille pour la protection de la santé humaine.
https://www.sciencedaily.com/releases/2020/05/200506133603.htm
Citation :
« Le transport des coronavirus dans l’eau pourrait augmenter le risque d’aérosolisation du virus, en particulier lors du pompage des eaux usées dans les réseaux d’égouts, dans les stations d’épuration, ainsi que lors de leur rejet et de leur transport ultérieur dans le réseau de drainage du bassin versant.
« La charge atmosphérique des coronavirus dans les gouttelettes d’eau provenant des eaux usées est mal comprise mais pourrait constituer une voie respiratoire plus directe pour l’exposition humaine, en particulier dans les stations de pompage des eaux usées, les usines de traitement des eaux usées et à proximité des cours d’eau qui reçoivent des eaux usées traitées. »
L’Europe à fond pour le Re-Use !
Et pendant ce temps là « l’Europe de l’eau » (*) profite de la pandémie pour promouvoir ce que ses promoteurs qualifient de « water smart society ».
A Water Smart Society for a successful post COVID19 recovery plan :
( *) Water Europe = Veolia + Suez + Acciona + Canal de Isabel II + AEAS + Severn Trent + Utilitalia + Coca Cola... and many other "nice" companies and NGOs ;-)
Lire aussi :
– Des recherches pour suivre l’évolution du COVID-19 avec les eaux usées
Le Journal du Grand Paris, 19 mai 2020.
– Les eaux usées ne sont plus en odeur de sainteté
Renaud Lecadre, Libération, 20 mai 2020.
– Les égoutiers en grève pour leur santé (et la nôtre !)
Annaêlle Verzaux, Là-bas si j’y suis, 20 mai 2020.
- eauxglacees.com