Retour au format normal
SIAAP : les poissons morts se ramassent à la pelle, le gouvernement s’inquiète
8 juillet 2019
par
- eauxglacees.comAprès l’incendie qui a totalement ravagé mercredi 3 juillet vers 17h00 le local de stockage de chlorure ferrique du bâtiment de clarifloculation de l’usine Seine Aval d’Achères exploitée par le SIAAP, et comme nous l’annoncions dès le lendemain, plusieurs tonnes de poissons ont été tués par des rejets d’eaux usées non traitées dans le fleuve, et remontent à la surface, suscitant une vive indignation des riverains. Indice de la gravité de l’accident, l’un des Vice-Présidents et le DG du SIAAP sont convoqués le mardi 9 juillet à 15h30 par Emmanuelle Wargon.
Quatre mois après la fuite d’un pipeline à Autouillet, puis, déjà, deux incendies sur le site d’Achères depuis le début de l’année, une nouvelle catastrophe industrielle a frappé les Yvelines.
Mercredi 3 juillet, un impressionnant incendie ravage l’unité de clarifloculation de l’usine du SIAAP implanté sur la commune de Saint-Germain-en-Laye, site sensible, classé « Seveso 2 », qui traite 60 % des eaux usées de 9 millions de Franciliens, ce qui fait d’elle la plus grande station d’épuration d’Europe.
Située à l’Ouest de Paris, l’usine couvre 800 hectares à cheval sur les villes d’Achères, Maisons-Laffitte et Saint-Germain-en-Laye.
Au moment de l’incendie et dans les heures qui ont suivi, un gigantesque panache de fumées noires s’est répandu, inquiétant les riverains. D’après les autorités, ce nuage noir était dû à la combustion de plastique, sans conséquences sanitaires. L’an dernier, déjà, lors d’un précédent incident, les habitants du secteur avaient vu un nuage de fumées jaunes s’élever. Il s’agit, en l’espace de quelques mois, du quatrième incident, sur ce même site.
"Problème pour les soldats du feu à leur arrivée, révélait Le Parisien, dans son édition datée du 8 juillet. Les bouches d’incendie du Siaap étaient inutilisables. « Nous avons dû procéder à une alimentation en Seine avec un bateau pompe. Nous avons également utilisé des motos-pompes remorquables dans les rétentions des eaux usées, explique le lieutenant-colonel Christophe Betinelli, commandant des opérations de secours."
Deux jours après le sinistre, et alors que le bras télescopique qui avait contribué à combattre l’incendie de Notre Dame était toujours déployé vendredi au-dessus de l’usine pour éteindre les derniers foyers, l’heure était au premier bilan.
Vendredi matin, le directeur du site, Yann Bourbon, confirmait l’existence d’une pollution de la Seine liée au déversement d’eaux qui n’étaient plus que « partiellement » traitées.
Le feu a pris dans un grand bâtiment de 1000 m2 qui contenait du chlorure ferrique servant à débarrasser les eaux usées de leur phosphore, embrasant cuves en plastique et toiture en lattes de bois.
Ce bâtiment, où sont traités chimiquement les eaux usées, a été « gravement et durablement endommagé (...) détruisant notamment la totalité des cuves de chlorure ferrique utilisées » dans le processus, détaillait-t-il.
C’est la troisième fois depuis début 2018 qu’un incendie a lieu dans ce site sensible classé Seveso « seuil haut » en raison de risques toxiques. Mais il n’existe « pas de lien entre ces incendies », assurait M. Bourbon.
. La préfecture indiquait pour sa part « s’interroger » sur ces incendies à répétition.
« A l’heure actuelle, le traitement normal des eaux est interrompu », confirmait Thierry Laurent, directeur de cabinet de la préfecture des Yvelines, précisant que le feu n’était pas totalement maîtrisé. « L’état du bâtiment rend difficile l’intervention et l’un des planchers s’est effondré. Le feu ne pourra pas être parfaitement éteint au mieux avant vendredi matin », ajoutait-t-il.
Le bâtiment qui a totalement été détruit, après avoir pris feu pour des causes qui demeurent inconnues, stockait en effet sur 1000 mètres carrés du chlorure ferrique, également appelé perchlorure de fer, toxique et fortement corrosif. Sa dissolution dans l’eau s’accompagne d’un important dégagement de chaleur et de la formation de vapeurs corrosives de chlorure d’hydrogène (acide chlorhydrique). À forte température, au delà de 200°C, il se transforme en chlorure ferreux et en dichlore. Le chlorure ferreux est corrosif et hautement toxique. Le dichlore provoque une odeur suffocante très désagréable et est extrêmement toxique puisque mélangé à l’eau ou à l’humidité des muqueuses et des poumons, il attaque les tissus.
« A aucun moment il n’y a eu de rejet massif en milieu naturel, indiquait à la presse le directeur du site. Durant une ou deux heures, on a rejeté un peu d’eau non traitée, de l’ordre de 23 m3 par seconde, soit au total 12 % de l’eau traitée sur la journée.
Mais dès le début de la soirée, on a pu reprendre la décantation primaire qui permet de recueillir les matières en suspension ». Et donc, selon lui, de « limiter » des dégâts déjà visibles.
« De l’ordre de quelques dizaines de poissons morts, notamment dans le bras mort de l’île d’Herblay », minimisait le SIAAP.
Des témoins affirmaient pourtant que les cadavres de poissons se comptent « par milliers ».
« Une centaine de kilos en tout » de « petits poissons » ont été retrouvés morts depuis jeudi soir, bétonnait Marine Renaudin, chef du service police de l’eau de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE) d’Ile-de-France. Ils ont été victimes d’un manque d’oxygène après le rejet dans la Seine mercredi, entre 17h15 et 19h30, d’eaux peu retraitées.
Depuis l’accident, de spectaculaires photos ou videos d’amoncellement de poissons morts ont pourtant été diffusées par les medias, ou mises en ligne par des associations locales et de nombreux particuliers, notamment des pêcheurs et de bateliers, ces derniers étant massivement stationnés à Conflans-Sainte-Honorine.
Cette mortalité est due au manque d’oxygénation de l’eau, conséquence de la présence anormale de matières organiques et donc de carbone.
« (…) Les premières mesures réalisées montrent une forte chute de la teneur en oxygène du milieu, évolution susceptible d’entraîner de la mortalité piscicole » en aval de l’usine, développait le Siaap soulignait toutefois qu’en amont de l’usine, c’est-à-dire vers Paris, « cet incident n’a aucune conséquence sur l’équilibre du milieu » aquatique.
« Cette baisse de la teneur en oxygène s’avère moins prononcée à mesure que l’on s’éloigne de la zone critique », assurait-t-il, promettant de travailler « activement à des solutions alternatives pour diminuer l’impact de cet événement sur la qualité du milieu naturel ainsi que sur la biodiversité et la vie piscicole » de la Seine.
Le syndicat affirmait miser sur la mise en service d’unités de biofiltration pour faire remonter le taux d’oxygénation de la Seine. Ces unités devraient être opérationnelles sous quelques heures, grâce à l’installation de groupes électrogènes.
Parallèlement, toujours selon le SIAAP, le volume d’eaux traitées sur le site était réduit, passant de 15 m3 par seconde à 8, la compensation étant assurée par les autres usines, notamment celles de Colombes (Hauts-de-Seine) et de Triel-sur-Seine.
Le site d’Achères, traite en temps normal 60% des eaux usées de l’agglomération parisienne, confirmait Jacques Olivier, directeur général du syndicat. Aujourd’hui, seuls « 40% des eaux usées d’Ile-de-France sont traitées » à Achères et sur ces 40%, « la moitié est traitée correctement, l’autre moitié, traitée partiellement, est rejetée en Seine ».
Le problème sera réglé « dans les prochains jours », assurait-il. Les eaux usées qui ne peuvent plus être retraitées à Achères ont été redirigées vers d’autres sites.
« On attend une amélioration rapide. En revanche, il faudra attendre quelque temps pour retrouver un régime normal en matière de phosphore », concluait Jacques Olivier.
Dans l’après-midi de vendredi les membres du CHSCTE de Seine Aval demandaient à l’administration suite à l’incendie qui a ravagé en partie la Clarif :
– l’ouverture d’un CHSCTE Extraordinaire sur SAV le plus vite possible ;
– l’ouverture immédiate d’une enquête de CHSCTE ;
. une communication transparente envers les agents suite aux différents incendies et/ou anomalies sur le site de SAV depuis plus d’un an.
Le SIAAP fâché avec les chiffres ?
Récapitulons.
Le syndicat affirme successivement :
– « (…) Durant une ou deux heures, on a rejeté un peu d’eau non traitée, de l’ordre de 23 m3 par seconde, soit au total 12 % de l’eau traitée sur la journée. »
– L’eau « normalement traitée » dans la journée représenterait donc un débit d’un peu moins de 184 m3 par seconde ? Hum...
– « (…) Parallèlement, selon le SIAAP, le volume d’eaux traitées sur le site était réduit, passant de 15 m3 par seconde à 8, la compensation étant assurée par les autres usines, notamment celles de Colombes (Hauts-de-Seine) et de Triel-sur-Seine. »
– « (…) Aujourd’hui, seuls « 40% des eaux usées d’Ile-de-France sont traitées » à Achères et sur ces 40%, « la moitié est traitée correctement, l’autre moitié, traitée partiellement, est rejetée en Seine ».
– Or on sait avec certitude que le seul site d’Achères traite journellement de 60 à 70% du volume journalier d’eaux usées pris en charge par les 8 usines du SIAAP sises dans l’agglomération parisienne.
Est-ce à dire que les deux seules usines de Colombes et de Triel-sur-Seine vont pouvoir substituer Achères ?
Même pas en rêve…
Noter de plus qu’à l’occasion de la réunion d’information organisée en urgence à St Germain-en-Laye le lundi 8 juillet en fin de journée, le SIAAP reconnaissait, primo, n’avoir aucune idée précise de la quantité de rejets entre mercredi et vendredi...
Secundo, s’il s’aventurait à s’engager sur un horizon de quelques semaines pour obtenir un traitement des phosphates quasi équivalent, il reconnaissait dans la foulée qu’il faudrait plusieurs années pour reconstruire la clarifloculation !
Interrogé ensuite par un jeune confrère pugnace, le syndicat confirmait qu’il est son propre assureur...
Sachant qu’en octobre dernier la bande à « Baignades en Seine » déclarait (en exclusivité) aux Echos que l’addition desdites baignades au Trocadéro pour lesdits (funestes) JO se chiffrait désormais à un milliard et demi d’euros (dont personne n’a l’ombre d’un kopeck sous la main), on n’a pas fini de se marrer.
Quand la mer monte…
L’odeur est pestilentielle. En cette fin de journée de samedi, le bateau affrété par le SIAAP, est arrimé au quai de l’île Peygrand, face au barrage d’Andrésy (Yvelines).
A son bord, deux bennes contiennent trois tonnes de poissons morts, mélangés à des algues et détritus divers.
« Ils ont ramassé tout ce qu’ils ont pu dans la Seine, entre le rejet de l’usine, au droit d’Herblay (Val-d’Oise), et ce barrage », expliquait Yann Bourbon, directeur du site aux medias.
Lundi, un autre bateau allait nettoyer vers Conflans
Les zones nettoyées le samedi s’étaient concentrées sur Herblay (Val-d’Oise), au plus près du rejet de l’usine, là où l’impact est le plus fort. « Il reste deux points difficiles où le bateau ne passait pas : le bras mort d’Herblay et le secteur où sont stationnées les péniches d’habitation à Conflans-Sainte-Honorine. Nous mettrons en service, dès lundi à 8 heures du matin, un petit navire qui sera plus efficace » promettait Yann Bourbon.
Emmanuelle Wargon sur le pont
Lundi soir à 18h00, Emmanuelle Wargon annonçait la convocation "du vice-président et du DG" mardi à 15h30 :
(Il est où Belaïde, en cavale à Cuba ?)
« A la suite de l’incendie de la station d’épuration d’Achères mercredi 3 juillet et du décès de nombreux poissons constaté dans la Seine ce week-end, Emmanuelle Wargon recevra le vice-président et le directeur général du Syndicat intercommunal d’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP) pour qu’ils lui présentent les modalités de gestion de crise et les mesures envisagées pour un retour à la normale dans les meilleurs délais. »
Faudrait que Mame Wargon pousse la porte de MAGES pour y comprendre quelque chose...
https://www.siaap.fr/equipements/le-reseau/mages/
Arrivé là, un petit tableau vite fait :
– Débit Seine, amont, traversée de Paris et aval ;
– Flux entrant, volume traité, taux d’abattement et volume rejeté pour chacune des usines du SIAAP ;
– Analyse à partir des flux calculés : covariation entre débit et flux de DB05, de KMNO4, de NO3, d’oxygène dissous, de déficit en oxygène…
En deux minutes, on aura compris l’ampleur du désastre.
La nave ne va plus du tout…
Quand la macronie triomphante va découvrir l’épouvantable bourbier dans lequel va la plonger :
– la politiciernne saga des JO initiée par mame Hidalgo ;
– les mensonges éhontés de ses subordonné(e)s selon lesquels la baignade du Trocadéro pourra avoir lieu en 2024, parce que les normes des JO sont « moins sévères » que celles de la Directive baignade, et qu’on va mettre des UV sur les STEP du SIAAP, et que les résidents des péniches acagnardées sur la Seine vont mettre leur caca dans un pochon bio avec lequel on fera pousser du gazon sur les achloums parigots pour sauver la planète…
– les 50 parties de billards à 19 bandes, des grands syndicats franciliens, aka la Coupole et leurs milliasses d’affidés der Gross Paris…
Même l’éminent Cedric Villani as "capo di tutti capi" putatif du SIAAP n’y pourra rien.
On n’a pas fini de se marrer.
A suivre…
Lire aussi :
– SIAAP : mystérieux incendie, puis accident chimique à l’usine d’Achères
http://www.eauxglacees.com/Siaap-mysterieux-incendie-puis
Les eaux glacées du calcul égoïste, 5 mars 2018.
– SIAAP : gigantesque (nouvel) incendie à la station d’épuration d’Achères
http://www.eauxglacees.com/SIAAP-gigantesque-incendie-a-la
Les eaux glacées du calcul égoïste, 4 juillet 2019.
– Les suites de l’incendie du SIAAP à Achères
DRIEE Ile-de-France, 9 juillet 2019.
– Incendie de Seine Aval : le SIAAP fait le point avec Emmanuelle Wargon après l’hécatombe de poissons
Le Journal du Grand Paris, 10 juillet 2019
- eauxglacees.com