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Les formulants du glyphosate : une bombe toxique trop longtemps cachée
1er février 2018
par
- eauxglacees.comRévélée le 8 janvier dernier, une étude de l’Université de Caen Normandie publiée dans la revue Toxicology Reports est passée étrangement inaperçue. Elle révélait pourtant que la toxicité du glyphosate était encore plus grave qu’on le pensait jusqu’alors.
L’étude qui aurait du initialement être publiée le 31 mai 2017 dans la revue PlosOne « a finalement vu sa publication repoussée pour des raisons fallacieuses », précisait l’Université de Caen Normandie. « On peut soupçonner les lobbies d’avoir été à l’œuvre pour simplifier le débat sur le glyphosate », ajoutait-t-elle.
Il est vrai que ce sont les professeurs Gilles-Eric Séralini, Nicolas Defarge et Joël Spiroux qui ont étudié 14 formules d’herbicides à base de glyphosate, ainsi que leurs impacts sur les plantes et des cellules humaines. Des chercheurs qui suscitent depuis fort longtemps l’ire de l’industrie des produits phytosanitaires, qui n’ont de cesse de traîner leurs travaux dans la boue.
Or cette fois nos chercheurs ont eu l’idée de s’intéresser aux « formulants » du glyphosate.
Un produit phytosanitaire commercialisé, comme le glyphosate, est composé de deux éléments. Une ou des substances actives, d’origine naturelle ou synthétique, ou micro-organisme qui détruit ou repousse l’organisme visé.
Et un ou des co-formulant(s), qui sont des substances utilisées pour faciliter la manipulation, renforcer l’action de la ou les substances actives, ou sécuriser leur utilisation (solvants, stabilisants, colorants, etc.)
(Voir l’encadré ci-après en fin d’article : Qu’est-ce qu’un produit sanitaire ? du FREDON Lorraine).
Or, selon l’étude de l’Université de Caen, au cas d’espèce, ces « formulants » seraient plus toxiques encore sur les plantes et cellules humaines que le glyphosate lui-même.
Rien d’étonnant puisqu’il s’agit de métaux lourds, comme l’arsenic, le chrome, le cobalt, le plomb, le nickel…, ainsi que de composants issus de pétrole présents dans des herbicides à base de glyphosate.
Or, selon nos chercheurs, « Ces produits ne sont pas déclarés et normalement interdits pour leur toxicité », indique leur rapport d’étude.
« Sur les plantes, les formulants (de type Polyoxyéthylène amine - POEA) sont toxiques sans glyphosate, et le glyphosate semble le devenir seulement à des niveaux plus élevés que les doses agricoles ».Mais sur les cellules humaines, « les formulants composés de résidus de pétrole sont beaucoup plus perturbateurs endocriniens et toxiques que le glyphosate ».
Le cocktail de formulants toxiques présents dans les herbicides à base de glyphosate serait donc plus dangereux que le glyphosate lui-même, Ce qui remet dès lors en cause les analyses de toxicité des herbicides, portant sur le seul glyphosate.
« Nos résultats montrent que les déclarations du glyphosate comme principe actif de toxicité sont scientifiquement fausses, et l’évaluation de toxicité est tout aussi erronée : le glyphosate est testé sans ses formulants composés de résidus toxiques de pétrole, à long terme et au niveau réglementaire », conclut le professeur Gilles-Eric Séralini.
« Nous appelons à une transparence immédiate sur les formulations et surtout leurs tests sur la santé. Les résidus acceptables de glyphosate dans la nourriture et les boissons devraient être divisés immédiatement au moins par 1000 à cause de ces poisons cachés, et les herbicides à base de glyphosate devraient être interdits », estiment en effet les chercheurs.
Dormez en paix, braves gens, la Macronie va investir... 2 millions d’euros pour conforter la recherche sur les perturbateurs endocriniens...
Les ministres en charge de la transition écologique et solidaire, des solidarités et de la santé, de l’économie et des finances, du travail, de l’agriculture et de l’alimentation, et de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation ont saisi, le 2 août 2017, le Conseil général de l’environnement et du développement Durable (CGEDD), le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER)et l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) d’une mission d’évaluation de la Stratégie Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens (SNPE).
Après avoir présenté la problématique du thème de la perturbation endocrinienne, le rapport dresse le bilan de la mise en œuvre des actions des quatre axes de la stratégie initiée en avril 2014.
http://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2017-117R.pdf
Un rapport sur les perturbateurs endocriniens qui évalue un rapport qui lui-même évaluait etc. etc.
En France, quand les décideurs politiques pédalent dans la semoule et sont embarrassés par un sujet quelconque, ils demandent aux services de l’Etat de leur pondre un rapport. Très souvent ce rapport ne sert qu’à permettre à ces mêmes décideurs politiques de jouer la montre en espérant refiler la patate chaude à leurs successeurs.
Lire aussi :
– L’Etat français n’en fait pas assez contre les perturbateurs endocriniens
Libération, 1er février 2018.
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