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L’eau à vau l’eau…
30 novembre 2016
par
- eauxglacees.comJamais, de mémoire, le découragement, le pessimisme et le dégoût n’ont été à cet étiage. Renoncements, trahisons, triomphe sans partage des lobbies sur tous les fronts. Le pire est à venir, avec, l’an prochain, le grand coup de faux annoncé sur les « normes » et les contraintes « insupportables » qui vont enfin être mis à bas par de nouveaux croisés…
Voyons les Agences et les services de l’Etat : « On n’en peut plus. Réorganisation sur réorganisation, essorage des effectifs. Plus de pilote dans l’avion. Il y a trois ans, c’était de la colère contre la politique menée, maintenant c’est une grande lassitude de voir que plus rien ne tient. Tout le monde nous tombe dessus, ministère, élus, FNSEA, opérateurs, pour tout et n’importe quoi. Tiens le fameux SISPEA, grâce auquel on va tenter de camoufler les filouteries des opérateurs qui se multiplient avec la mise en œuvre de la loi NOTRe. Ca ne marche pas, tout le monde le sait. Dans plein de départements, il n’y a plus personne pour assurer la mission en DDT. Dumoulin et Gibaud battent les estrades en racontant n’importe quoi. A preuve ils ont du missionner un bureau d’études, au mieux avec les délégataires, un comble, pour relancer les DDT qui ne font rien. Les agences s’arrachent les cheveux avec des données pas exploitables, la conditionnalité des aides ne marche pas et les collectivités ne se sentent pas du tout concernées, noyées par la loi NOTRe et la Gemapi… »
Le 5 août dernier, le CGEDD publiait la synthése des audits « eau et biodiversité » réalisés en 2015 et récapitulait en annexe l’ensemble des recommandations faites en 2015 au niveau central, notamment à la direction de l’eau et de la biodiversité (DEB) et à la direction générale de la prévention des risques (DGPR).
Une lecture éclairante :
– La mobilisation et l’engagement des agents des services de l’État et de ses établissements publics pour mettre en oeuvre les politiques de l’eau et de la biodiversité dans des contextes politiques et socio-économiques parfois très difficiles.
– Les risques avérés dans le contexte structurel de moyens contraints, liés aux nécessités de renouvellement de compétences avec le vieillissement des experts et les nouveaux champs à investir par des agents.
– Le renforcement de la cohérence entre les programmes de mesures, plans territoriaux d’actions prioritaires des agences de l’eau et plans d’actions opérationnel territorialisé départemental n’empêchent pas une difficulté à la priorisation des actions.
– Le partage avec les partenaires locaux de stratégies d’actions claires en vue d’atteindre les objectifs fixés par les directives européennes rendu difficile par des évolutions institutionnelles peu favorables à l’engagement des acteurs et par un durcissement des postures des organisations professionnelles agricoles.
Au global, il convient de souligner la difficulté de mobiliser rapidement des partenariats pour faire progresser la mise en oeuvre des politiques environnementales. Des actions innovantes en vue d’un meilleur portage des politiques dans un contexte de faible adhésion voire d’opposition sont à promouvoir. Le projet d’agence régionale pour la biodiversité et sa structure partenariale prévus par le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages tracent une perspective encourageante. »
Dans le langage policé de rigueur : un désastre.
Et maintenant les dommages collatéraux de la COP22 sur l’eau…
Tous les experts s’accordent à penser que le changement climatique va aggraver la crise de l’eau partout dans le monde, crise de l’eau qui frappe déjà de plein fouet le Maghreb et le Moyen-Orient. Le Maroc a donc fait en sorte que l’eau soit une des questions au centre des discussions de la COP22 à Marrakech. De ce point de vue, nous n’avons pas été déçus. Pendant toute la durée de la conférence, les ateliers et side-events consacrés à l’eau dans toutes ses dimensions et relations avec le climat, se sont succédés à un rythme soutenu, ponctués par les habituelles déclarations et promesses d’actions. Voir la suite :
http://aldeah.org/fr/les-dommages-collateraux-de-la-cop22-sur-l-eau
Des projets cohérents avec les actes de la toute nouvelle Agence Française de la Biodiversité (AFB), et son point d’appui "Trames Vertes et Bleues" (alias : économie verte et bleue) qui sont à l’honneur, dans le viseur high-tech : celui du monde des bonnes affaires. On peut imaginer la suite aisément : pour le moment (rapports éloquents à ce sujet) de grandes idées mais aucun financement à part celui de "l’eau paye l’eau" : le magot intéresse autant les bleus que les verts ; de manière générale, le pollueur devient "bénéficieur" : il va proposer des solutions qui vont lui permettre de se développer ; si on suit ce raisonnement, plus il y aura de catastrophes générées par le pollueur, plus il pourra développer de nouvelles filières pour y remédier.
Nous verrons bientôt des petits hommes bleus et verts remédier à l’extinction des espèces ? Peut-être des drones qui repèreront le dernier mulot aqua-terrestre pour le cloner ? Ou bien des cellules intelligentes dispersées dans l’eau qui mangeront les pesticides ? etc, etc..
En attendant : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Le-palmares-du-hackathon.html
L’ONEMA va donc se fondre dans l’AFB dont le budget viendra pour 80% des redevances des agences de l’eau.
Soupirs d’un responsable provincial de FNE :
« Quand on voit comment démarre l’AFB (cf programme du forum économie et biodiversité), il y a de quoi s’inquiéter. On était au séminaire de préfiguration de l’ARB régionale, la question de la monétarisation est encore là, portée par certains acteurs... Il y a beaucoup de gens qui y croient encore (croissance verte et compagnie) et il faudra faire preuve de beaucoup de persuasion pour que ce ne soit pas la colonne vertébrale de cette ARB. »
La dernière, pour la route :
Le projet de loi de finances rectificative pour 2016 (PLFR 2016), dont l’Assemblée débute la discussion le 5 décembre en séance publique, prévoit "d’ajuster les ressources" de plusieurs organismes chargés de missions de service public. En d’autres termes, il prévoit de ponctionner les ressources du Fonds de prévention des risques naturels majeurs, dit "Fonds Barnier", de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) et du Fonds de compensation des risques de l’assurance ...
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