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Ile-de-France : risque de nuage toxique mortel à l’usine des eaux « vitrine » du SEDIF

20 avril 2016

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Voilà qui va chagriner André Santini, qui vient de se faire réélire triomphalement à la présidence du Syndicat des eaux d’Ile-de-France, aussi bien que Veolia, titulaire du plus gros contrat de délégation de service public d’eau français. La préfecture du Val d’Oise, le SEDIF et Veolia, organisent des réunions publiques les 20 et 21 avril à Méry et Auvers-sur-Oise, afin d’expliquer à la population qu’elle vit à côté d’une véritable bombe à retardement, et quelles sont les mesures qui vont être prises pour l’en protéger.



Certes, le risque est « infinitésimal », aux dires des services de l’Etat.

Mais « non nul ».

Savoir d’ailleurs, si le remplacement, inopiné, ces jours-ci, du Préfet du Val d’Oise ne serait pas la conséquence (ou la cause ?) de ce ramdam inattendu ?

De quoi s’agit-il ?

L’usine de potabilisation d’eau de Méry-sur-Oise est le « fleuron » du SEDIF, qu’il fait visiter à des délégations du monde entier, au plus grand profit de Veolia, qui l’a construite et en assure le fonctionnement.

Ainsi, depuis deux ans, « Méry » est immanquablement mise en avant par André Santini, qui poursuit avec un rare acharnement un projet de reconquête de la gestion privée de l’eau en Ile-de-France. Projet qui vise à « effacer » le retour en gestion publique de l’eau intervenu dans la capitale en 2010.

Dès lors ça y va dans la com à donf, soigneusement orchestrée pour celer l’essentiel :

http://www.gazettevaldoise.fr/2015/10/06/le-sedif-renforce-la-securite-de-lusine-des-eaux-de-mery/

Car patatras, il y a de l’eau dans le gaz à Méry !

Ou plus exactement un stock d’hypochlorite de sodium entreposé sur le site qui pose problème.

Ce composant chimique (très) dangereux à manipuler est utilisé dans le process de potabilisation de l’usine de Méry.

Jusqu’au 1er juillet 2015, ce stock se chiffrait, selon le SEDIF et Veolia, à 198,4 tonnes, ce qui entraînait la classification de l’usine comme Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) soumise à autorisation, puisqu’elle dépassait le seuil fixé par un arrêté ministériel du 10 mai 2000 pour ce type de produit. D’où son classement en site « Seveso seuil bas »

Selon la Préfecture et la DRIIEE Ile-de-France, l’exploitant Veolia a ensuite « notifié la diminution du volume stocké à moins de 100 tonnes (98t), et cette ICPE est donc désormais soumise à déclaration avec contrôles périodiques depuis le 1er juillet 2015, sans que cela réduise pour autant les risques industriels et leurs incidences sur les secteurs environnants. »

L’exploitant, Veolia, a ensuite « déposé une étude des dangers susceptibles d’être générés par ces installations. »

Cette étude a ensuite fait l’objet d’un rapport d’analyse de la DRIEE Ile-de-France.

Elle fait apparaître "des effets létaux et irréversibles qui, en cas d’accident, sortiraient de l’emprise du site et impacteraient les secteurs alentours. »

La Préfecture souligne ensuite que « parmi l’ensemble des phénomènes dangereux analysés, les plus pénalisants sont liés au mélange accidentel de produits chimiques incompatibles, qui conduirait à la formation d’un nuage toxique de dichlore et/ou de dioxyde soufre, selon le cas. »

Avant de poursuivre : « les probabilités des différents scénarios d’accident ont été estimées par l’exploitant à des valeurs inférieures à 1/100 000, correspondant à la classe de probabilité « E : événement possible mais extrêmement peu probable, définie par l’arrêté ministériel sus-cité.

Toutefois, dans l’organisation actuelle du site, la défaillance d’une mesure de sécurité, telle que le test physico-chimique du produit à dépoter est susceptible de remettre en cause cette classe de probabilité. C’est pourquoi il est essentiel de prendre en compte ce risque dans le cadre de vos compétences en urbanisme. »

A la demande des maires d’Auvers et de Méry, la Préfecture du Val d’Oise a dès lors organisé deux réunions publiques d’information, à Auvers le 20 avril et Méry le 21 avril, en présence de tous les acteurs : services de la Préfecture, représentants de Veolia Eau Ile-de-France et du Sedif, maires...


Tenant compte du risque, le Préfet a en effet imposé aux communes de Méry et d’Auvers des restrictions sévères en matière d’urbanisme à l’intérieur de deux périmètres ayant pour centre l’usine des eaux.

Dans le premier périmètre « bleu », un cercle d’environ 750 mètres de rayon autour de l’usine, toute nouvelle construction est désormais interdite.

Dans le deuxième périmètre « vert », un peu plus large, les constructions ou extensions ne sont possibles que si elles n’augmentent pas la population exposée (ce qui interdit par exemple la réalisation d’un projet de 88 logements sociaux étudié par la ville depuis 18 mois). Au-delà de ces périmètres, toute construction reste autorisée sans restriction.

Ces dispositions très contraignantes, qui doivent être communiquées au public et annexées au Plan Local d’Urbanisme, seront maintenues tant que Veolia et le Syndicat des Eaux d’Ile-de-France (SEDIF) n’auront pas mis en œuvre une solution supprimant tout risque de mélange accidentel.

Or, selon l’annonce publiée par les mairies de Méry et Auvers, « cette solution technique n’existe pas à l’heure actuelle, et les différentes options présentées par Veolia n’ont pas été agréées par les services de l’Etat. »

Pierre-Edouard Eon et Isabelle Mézières, maires de Méry et d’Auvers, ont adressé un courrier au Préfet, réclamant l’organisation d’une communication auprès des populations des deux communes et le détail du plan de sécurité à mettre en œuvre en cas d’incident.

Ils sollicitent également une réunion avec le Préfet pour évaluer l’ensemble des conséquences en matière d’urbanisme : gel de toute opération immobilière en centre-ville, préjudice pour les propriétaires souhaitant vendre leur bien, impossibilité de réaliser les objectifs triennaux 2014-2016 de logements sociaux assignés à Méry par le Préfet…

Les maires de Méry et d’Auvers exigent également que le SEDIF et Veolia, exploitants de l’usine, mobilisent tous les moyens pour mettre en œuvre dans les plus brefs délais une solution supprimant le risque et les périmètres de danger.


Mais faut pas compter sur Vivacités Ile-de-France ni le Comité 21 pour éclairer votre lanterne...

https://docs.google.com/forms/d/1bTsCfI6JxEGllB5VpSpW2Wbl-tSBztFgl0yExOOAAKc/viewform

Sources : DRIIEE Ile-de-France, Préfecture du Val d’Oise, Ville de Méry-sur-Oise, Ville d’Auvers-sur-Oise.

Marc Laimé - eauxglacees.com