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Avis de tempête sur le business de l’eau
24 mars 2013
par
- eauxglacees.comIl faut remonter aux frasques de Jean-Marie Messier pour retrouver pareil avis de tempête sur le business de l’eau, qui se retrouve littéralement cul par-dessus tête, au fil d’annonces plus sidérantes les unes que les autres. Revue de détail.
D’abord Veolia. Les semis d’Héllébore et de PiVO s’avèrent mortifères : 1500 salariés de Veolia Eau au tapis en France, et ce n’est qu’un début.
Suffit de prendre connaissance de trois courriers récents de Messieurs Frérot et Herrewyn pour mesurer l’ampleur des dégâts encore à venir, et l’on comprend pourquoi la CFDT Veolia nous contacte pour relayer ses tracts incandescents sur Eaux glacées !
Vive mobilisation syndicale
Outre la CFDT, c’est l’ensemble des syndicats présents dans l’entreprise qui sonnent le tocsin, à l’image de FO, qui voit se vérifier ses plus sombres prédictions.
Depuis lors, Veolia, aggravant son cas, vient de refourguer ses actifs au Portugal à… des Chinois !
En effet, selon une dépêche Dow Jones, "le groupe de services collectifs Veolia Environnement a annoncé jeudi la cession de ses activités eau et assainissement au Portugal à Beijing Enterprises Water Group pour 95 millions d’euros.
La cession "s’inscrit dans la stratégie de recentrage du portefeuille de contrats de Veolia Eau et de sa stratégie de développement sur des offres à plus forte valeur ajoutée", a précisé le groupe, ajoutant que l’opération était soumise "aux conditions suspensives d’usage".
Le montant de la cession "sera intégralement affecté au désendettement du groupe en 2013", selon Veolia.
La CGEP exerce ses activités dans le cadre de quatre contrats de concession pour la gestion de services publics d’eau et d’assainissement, et dans celui de prestations de services à des entreprises publiques et privées. Elle dessert près de 270.000 d’habitants, principalement dans le nord du pays.
Son chiffre d’affaires annuel s’élève à 42 millions d’euros. La CGEP emploie 423 personnes."
Ce qui n’empêche aucunement notre ami le gourou suisse de Pictet Water, qui nous offre chaque année un petit déjeuner près de la Madeleine aux alentours de la Journée mondiale de l’eau, de revenir, as usual, sur les fantastiques opportunités auxquelles devraient réfléchir les oligarques encalminés à Chypre :
« A la veille de la journée mondiale de l’eau, Arnaud Bisschop, co-gérant du fonds Pictet Water, a réussi la presse ce jeudi pour évoquer les opportunités au sein du secteur.
Pour Pictet, l’eau est un thème d’investissement à long terme, avec une visibilité supérieure à la moyenne. La tendance à l’urbanisation fait progresser la demande en services liés à l’eau, et avec la surexploitation des ressources naturelles, l’eau devient une ressource non renouvelable.
Le gérant a mis en lumière une prise de conscience de plus en plus importante de la nécessité d’investir dans une infrastructure liée à l’eau, tandis que la volonté d’externaliser les activités accessoires liées à la gestion de cette ressource grandit.
La consommation d’eau a été multipliée par neuf depuis 1900 et le statu quo devient insoutenable, en raison de la menace d’une pénurie, ce qui favorise la croissance du marché des services de l’eau et crée des opportunités pour les investisseurs en actions.
Ainsi, de nouvelles technologies, de nouveaux services émergent, « destinés à rendre les investissements du secteur plus intelligents ».
D’autre part, « les investissements nécessaires en infrastructures s’avèrent colossaux », a indiqué Arnaud Bisschop. Aux Etats-Unis, par exemple, on estime à 240 000 le nombre de ruptures de canalisation par an. A Manhattan, des conduites d’eau en bois existent encore.
En outre, avec les directives européennes sur l’eau, des investissements d’environ 100 à 150 milliards d’euros seront nécessaires dans la prochaine décennie pour la mise aux normes des infrastructures dans tous les pays (Europe de l’Est incluse).
Pictet souligne qu’en Italie, 40% de l’eau est perdue, en raison de conduites défectueuses.
Arnaud Bisschop a indiqué que la thématique de fusions/acquisitions rend également le secteur attractif.
Reconnaissant que les décisions des autorités de régulation peuvent constituer un risque, le gérant estime que les décisions devraient rester raisonnables.
Pour précisions, le portefeuille se trouve fortement exposé aux Etats-Unis, à hauteur de 48%, pour 27% à l’Europe, dont 10% au Royaume-Uni, pour 20% aux émergents et 2,7% à l’Asie.
Il comprend environ 40% d’utilities, à caractère défensif, et 60% de valeurs industrielles (sociétés d’ingénierie et de services environnementaux) plus cycliques. »
On comprend dès lors pourquoi Gérard Payen (ONU-Suez-Aquafed…) croit bon, surmontant une légendaire timidité, d’interpeller la terre entière aux fins d’évangélisation, nous sommant d’en finir avec les mauvais débats subalternes, et de nous préoccuper enfin de l’humanité souffrante. Il aura juste manqué une préface pontificale du nouveau Saint-François pour faire un buzz d’enfer. Dommage !
Mais on se demande bien dès lors comment des génies de l’envergure de Joêl Séché, Olivier Brousse, et leurs admirables partenaires, éminents stratèges financiers de la CDC et du FSI, tout comme leurs innombrables soutiens bancaires, aujourd’hui aux abois, ont laissé filer pareilles opportunités, jusqu’à conduire le sulfureux libelle gauchiste dénommé « Challenges » à nous conter par le menu « La vérité sur le naufrage de SAUR… »
Du coup les syndicats de la Saur, choqués par le versement d’un bonus 2012 de 200 000 euros à leur président Olivier Brousse, annoncent une grève illimitée à partir du 3 avril pour demander la "réouverture" de négociations salariales…
Plus grave encore, sur l’échelle de Van Ruymbecke (que nous venons tout juste d’inventer), le Canard Enchaîné daube sur les turpitudes présumées du SIAAP ! Là les bras nous en tombent, eu égard aux déflagrations en cascade sur la Conférence métropolitaine, le Grand Paris, les municipales, on en passe et des pires.
D’autant plus que pendant ce temps là la gestion publique (100% garantie sur facture et Label rouge, ou Vert) vient de célébrer son Austerlitz !
Du coup le contenu même des débats sempiternels sur le choix du mode de gestion du SP de l’eau évolue-t-il à vitesse grand V, comme l’atteste le programme du colloque qui se tiendra sous l’égide de l’Université Bordeaux IV le 29 mars prochain.
Non pas que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes de la gestion publique, comme nous l’enseignent les remous qui agitent l’Office hydraulique en Corse, par ailleurs miné par les menées insidieuses de Kyrnolia !
Et plus grave encore, le très « grillonesque » tableau de l’ex-avant garde du « Mouvement italien de l’eau », si cher à la multitude de nos alter-amis, que leur hubris néo-Larzacien matiné référendum citoyen aveugle toujours autant…
Bon, et Suez dans tout çà ? Bien que fort réjouis de leur récente escapade présidentielle en Grèce, sur le mode « Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal », nos amis auraient tort de s’endormir sur les lauriers de l’arnaque à la tarification sociale, puisque même l’onoravole Jean-Pierre Rideau de la DEB apporte désormais sa pierre (sans doute la perspective de sa proche retraite), à la dénonciation des fariboles de la Lyonnaise, dont a pu mesurer combien elle investissait sur le « coup de Dunkerque… »
Reste le cas Estrosi…
Splendeurs et misères d’une fallacieuse annonce de « retour en régie » à Nice, très vite suivie, on aurait pu s’en douter, de la présentation de l’extravagant "Protocole" co-signé par Gérard Mestrallet et le Président de Nice-Métropole Côte d’Azur (qui vient de larguer sauvagement Veolia), protocole qui témoigne lui, bel et bien, que nous avons changé de siècle...
Et qu’il serait le temps de s’en apercevoir, mes camarades des multitudes :-)- eauxglacees.com