La ville de Carrières-sous-Poissy, dans les Yvelines, comme les autres communes de la Plaine d’Achères, a été pendant plus d’un siècle le réceptacle des égouts de la capitale. Le risque sanitaire et environnemental étant avéré, le maire de la commune, Eddie Aït, a décidé de porter plainte contre X lundi dernier.
Pendant près d’un siècle, les égouts de Paris se sont déversés sur 350 hectares de la plaine de Carrières-sous-Poissy, dans les Yvelines. La pollution des sols s’est étendue et la plaine est devenue une gigantesque friche où des déchets s’entremêlent aux herbes folles. Cela fait trois ans que dans ce "no man’s land", le risque sanitaire est avéré en raison de l’infiltration aux métaux lourds. Dans cette zone, il y aurait treize fois plus de plomb que la normale : le maire a décidé de porter plainte.
La situation est telle que plusieurs habitants ont été surexposés, comme le fils d’Annie. "Il a attrapé plein de petits boutons, comme de l’eczéma. On a été voir le médecin et il nous a dit que c’était à cause du plomb", témoigne cette mère de famille au micro d’Europe 1. Des cas d’intoxication et même de saturnisme ont été également recensés.
Anthony Effroi, président d’une association écologiste locale, redoute des dégâts encore plus lourds. "Notre crainte aujourd’hui, c’est qu’on soit vraiment sur un scandale sanitaire et environnemental et que les populations sont très largement exposées au plomb, avec les conséquences sur la santé qu’on peut imaginer", dit-il.
Il y a donc urgence à décontaminer les sols, martèle le maire. Eddie Aït a décidé de porter l’affaire en justice et a porté plainte contre X pour "mise en danger de la vie d’autrui et atteinte à l’environnement".
"Nous avons clairement dans notre ligne de mire le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP) qui a répandu pendant des dizaines d’années des boues d’épandages de la ville de Paris, qui ont pollué des terres qui étaient jusque-là fertiles et utiles au développement agricole de notre territoire", détaille-t-il au micro d’Europe 1.
S’appuyant sur le principe du pollueur-payeur, Eddie Aït veut que le SIAAP paye pour la remise en état du site. Une fois le préjudice écologique reconnu, l’indemnisation servira, insiste-t-il, à réinvestir cet espace... pour en faire une zone de promenade ou y développer un projet d’énergies renouvelables.
Source : Europe 1