L’érosion accélérée des côtes sablonneuses d’Afrique du Nord, qui disparaissent quasiment à vue d’œil, est très alarmante. Les scientifiques s’emploient à en mesurer les effets, en évaluer les impacts et en comprendre les causes, pour proposer des pistes de solutions. Cette parution coïncide avec d’autres alertes tout aussi inquiétantes relatives à une marée noire au large du Yemen, à la situation des lacs dans le monde, de l’enneigement des Alpes, comme du développement à venir des canicules dans le sud de la France.
« Faudra-t-il choisir entre eau courante et plages de sable blanc ? Ou autrement dit, arbitrer entre aménagements hydrauliques et préservation de l’environnement, des ressources naturelles et du cadre de vie et de subsistance des populations des rives méditerranéennes de l’Afrique…
« Nos travaux montrent que la pression sur les ressources hydriques contribue directement à la vulnérabilité des côtes arides entre la baie de Tunis et l’embouchure du Nil, explique Abderraouf Hzami, géologue spécialiste des systèmes d’information géographique (SIG), doctorant à l’université de Carthage, en Tunisie.
Les indices en la matière révèlent ainsi que 70 % des côtes sablonneuses et deltaïques y sont d’ores et déjà menacées ou très menacées, contre 47 % pour l’ensemble des littoraux sud de la Méditerranée. » Le phénomène se caractérise par une érosion accélérée des plages.
(…)
Déficit alluvial
En effet, ce ne sont pas les quelques millimètres de hausse du niveau de la mer – trois millimètres en moyenne par an dans le monde – qui peuvent suffire à provoquer une telle submersion.
« En réalité, c’est le fonctionnement géomorphologique même des côtes qui est affecté, explique-t-elle. Naturellement érodées par les courants marins, elles étaient jusqu’à ces dernières décennies rechargées en permanence par l’apport des alluvions fluviales. Sables et sédiments drainés depuis l’intérieur du continent venaient combler les pertes. »
Ça, c’était avant… Avant que l’on s’emploie à capter l’eau des fleuves et rivières, pour répondre aux besoins anthropiques, en y plaçant des barrages. En plus de retenir l’eau, ceux-ci piègent les éléments solides qu’elle transporte, privant les côtes et les plages d’une recharge indispensable à leur maintien (…).
Lire la suite :
https://lemag.ird.fr/fr/vers-la-fin-des-plages-du-sud-de-la-mediterranee
(*) IRD : Institut de recherche sur le développement.
A snow day in NYC
Lire aussi :
– Les prélèvements de sable pour l’industrie du béton, dans un excellent reportage d’Arte :
ou en plus court sur le cas spécifique du Maroc :
Cet aspect n’est malheureusement pas du tout évoqué dans l’article d’IRD, la seule mention du mot "béton" est dans l’encadré à la fin en tant que solution potentielle - et contestée - face à l’érosion des plages en construisant des épis en béton... combattre le mal par le mal, une preuve de plus s’il en fallait qu’on marche complètement sur la tête ?!
– Situation catastrophique face aux côtes du Yemen :
https://newlinesmag.com/reportage/the-oil-tanker-waiting-to-ruin-yemens-coast/
(traduction en français : https://pastebin.com/PkzhBFRP)
Dernières tribulations : https://www.lorientlejour.com/article/1250582/les-rebelles-prets-a-une-inspection-par-lonu-du-petrolier-safer.html
Et encore un autre article : https://atalayar.com/fr/content/les-nations-unies-sinqui%C3%A8tent-de-la-n%C3%A9gligence-du-p%C3%A9trolier-safer
Bien sûr tout parallèle avec ce qui a conduit à l’explosion au port de Beyrouth le 4 aout 2020 serait purement fortuit...
Pour mémoire cet excellent fil d’analyse de "Oui d’accord" et cette vidéo du "Canard Réfractaire" qui en avait découlé :
– Coup de chaud mondial sur les lacs
https://www.letemps.ch/sciences/coup-chaud-mondial-lacs
Pascaline Minet, Le Temps, 29 janvier 2021.
– La « transfiguration » des Alpes, une vision apocalyptique du changement climatique
Audrey Garric, Le Monde, 1er février 2021.
– StocaMine : des déchets toxiques menacent la plus grande nappe phréatique d’Europe
Mr Mondialisation.
– Premiers éléments d’analyse de la crue du 2 octobre 2020 de Roya et de la Vésubie.
Johan Berthet, 5 février 2021.
– Dans le sud de la France, des canicules de plus en plus mal vécues
https://theconversation.com/dans-le-sud-de-la-france-des-canicules-de-plus-en-plus-mal-vecues-153583
The Conversation, 1er février 2021.