Dans les catacombes de la pratique politique du sarkozysme par temps de crise, on débouche sans coup férir sur l’invention des nouvelles formes de criminalité mondialisées, qui évoquent cruellement la Russie poutinienne. Démonstration avec « plan de rigueur » et fraude croissante aux pesticides.
Ca commence par une alerte dans le quotidien économique « Les Echos » le 10 octobre dernier : l’Etat puise 320 millions dans les caisses de ses « opérateurs ». Kezako ? Un N’opérateur c’est un ancien service public qu’on a démantelé après audit d’un grand cabinet de conseil (de préférence etatsunien), sis à Neuilly ou tout autre lieu mal famé proche de la Défense.
On liquide la moitié des fonctionnaires, on crée une entité publique ou privée, c’est du pareil au même, dotée d’un « contrat d’objectifs », on lui alloue un peu d’argent en année 1, ensuite les as du « new management public » qu’on y a parachuté doivent faire flèche de tout bois pour maintenir le bastringue à flot en « développant des activités rentables ». Pas de souci, ils ont appris la Lolf et la RGPP depuis qu’ils sont petits.
Bref, cette année les N’opérateurs ont morflé à la rentrée. Et parmi eux l’ONEMA, l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, qui ne survit déjà, depuis sa création par la LEMA de 2006 qu’en piquant chaque année 110 millions d’euros de bon argent dans les caisses des Agences de l’eau, qui prélèvent elles-mêmes bon an mal an 2 milliards d’euros de redevances via les factures des usagers de l’eau, vous et moi.
Et qu’est-ce qu’est censé faire l’ONEMA avec nos 110 millions d’euros de redevances. Payer 800 garde-pêche, payer des foultitudes de programmes de recherche de l’Ineris, du Cemagref, du BRGM…, que l’Etat n’a donc plus besoin de financer par ailleurs.
C’est pas bô, ça ?.
En plus l’Onema servait aussi de tirelire à l’admirable plan « Ecophyto 2018 », le machin inventé au Grenelle, qui était censé faire se pâmer tous les accrobios pro-AMAP, bref la bande à toilettes sèches, Ah Que avec Ecophyto 2018, on allait diminuer par deux les quantités de pesticides (en 2018), si toutefois « c’était possible, à des conditions économiques raisonnables », comme n’avaient pas manqué de l’imposer les flingueurs de la FNSEA, de l’APCA et de l’UIPP, ce qui réduisait donc l’affaire à des tableaux Excel bidons présentés en grand arroi aux grandes messes sponsorisées par les traiteurs bio de rigueur chez les men et women in grey.
Et voilà donc que l’Onema, "plan de rigueur" oblige, se fait braquer 58 millions d’euros de son fonds de roulement, une somme normalement destinée à financer... l’admirable Plan Ecophyto, avec en sus d’invraisemblables pataquès à la clé, qui occuperont députés et sénateurs jusqu’à plus soif...
Bon, donc on nous piquait l’argent de notre facture afin que Borloo, Bachelot, NKM, Lemaire et tutti-frutti fassent les beaux tous les quatre matins en beuglant que « Pesticides, no pasaran, Yes, we can… »
Jusqu’ici tout va bien, c’est comme d’habitude.
Bon, après on suit vaguement les camarades syndicaux qui protestent, les courriers à NKM, qui a autre chose à faire, comme gratter 130 000 euros auprès de très gentils sponsors pour les fêtes de Noël à Longjumeau, faut pas déconner, les législatives c’est l’année prochaine, et les municipales ça va pas tarder.
Jusqu’à Lemaire qui, interviewé le mercredi 26 octobre 2011, « pense qu’on peut faire mieux. »
Ecophyto XXL, façon Lemaire
« Je pense qu’on peut faire mieux », déclare Bruno Le Maire, mercredi 26 octobre 2011 en début d’après-midi, lors de l’ouverture du troisième comité national du plan Ecophyto qui vise « si possible » la réduction de 50 % de la consommation de pesticides en France à l’horizon 2018. Les chiffres de 2008 à 2010 montrent une consommation « stable », ce qui ne « satisfait » pas le ministre de l’Agriculture qui souhaite « continuer à mettre une pression suffisante pour que chacun progresse ». Il se félicite toutefois de « l’excellent résultat » sur l’utilisation des substances CMR (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques), sur lesquelles la baisse enregistrée est de 87 % en deux ans. Il ajoute : « Quand je dis que chacun peut s’améliorer, ce n’est un reproche à l’égard de personne, et surtout pas à l’égard des agriculteurs que j’ai toujours défendus. »
Le plan Ecophyto est « un plan réaliste et non idéologique », insiste le ministre. Il « mise sur l’accompagnement et la formation plutôt que sur des contraintes […] et des normes tatillonnes ». Bruno Le Maire précise encore : « Des mesures environnementales qui se traduisent par des pertes sèches pour les agriculteurs ne passeront pas. Il faut des mesures économiquement supportables. »
(Voir l’intégralité des « éléments de langage » ci-après).
Le mel de l’honorable M. Jeff
Là où çà se gâte c’est quand je reçois une semaine plus tard un mel du très honorable Jeff à qui je n’ai bien évidemment rien demandé...
« Dear Sirs
How are you ?
This is Jeff from Tianjin Siterui Chemicals Co., Ltd., China.
We are glad to know that you are in the market for chemicals.
Now I take the pleasure writing you with the hope of establishing long-term business cooperation with your esteemed firm.
We are a professional manufacturer and exporter of chemical raw materials in China.
Our main products are : insecticide, acaricide, fungicide, Oxalic acid, Lithopone, Calcium choloride,Titanium oxide, Zinc oxide, acetic acid, Forrnic acid, Chlorinated paraffin, ect…
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We will be happy to give you our competitive quotation upon receipt of your requirements in details.
Look forward to hearing from you soon !
Best Regards
Jeff »
Tianjin Siterui Chemical Co., Ltd.
Addr. : Road DaGuNan, Dist. Hexi, Tianjin, China
Tel : 86-022-83831460
Fax : 86-022-83831440
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Website : www.str-chem.com
Email:ying.jiefeng@str-chem.com
MSN:yingjiefeng000@msn.cn
A la recherche du « free malathion »
Caramba, je rêve ?
Mais non, les chinois sont des putains d’entreprenants entrepreneurs, à preuve l’affection que leur voue le laitier du Poitou, grand défenseur du Futuroscope, et ami de la libre entreprise.
Bon, y a pas besoin d’y passer des plombes. En quelques clics c’est Byzance ! Bayer and co peuvent aller se rhabiller !
Essayez, un clic et on est dans le Rungis des pesticides…
Y sont costauds. Quelle molécule tu cherches ? Bingo, voilà la liste des fournisseurs et tu n’as plus qu’à faire ton marché. Tu tapes Atrazine, et après tu sélectionnes les dealers, Chinois de préférence, puis tu les sondes pour évaluer la possibilité de te faire livrer et après y a plus qu’à conclure.
Allez, un dernier pour la route. Ici tu trouves plusieurs molécules interdites, « prioritaires DCE », tu peux te procurer des médocs. Vétérinaires :
après avoir traité tes champs, tu passes aux bestioles...
De nouvelles formes de criminalité
Tiens, du coup je me demandais, il est où, le sinistre de l’Intérieur ?
Sitôt dit, sitôt fait.
« En 2010, les militaires de la gendarmerie nationale, les agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage et ceux de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques ont relevé 68 903 infractions au droit de l’environnement, soit une hausse de 8,6 % par rapport à l’année 2009. »
C’est l’une des conclusions du rapport annuel « La criminalité en France » réalisé par l’ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales) et publié mardi 22 novembre 2011. Globalement, le nombre d’infractions au droit de l’environnement a progressé de 19,9 % entre 2006 et 2010.
Les infractions au droit de l’environnement sont classées en six catégories : les atteintes aux milieux, la protection de la faune et de la flore, les nuisances, la santé publique, le non-respect de règles administratives ou préventives, et les infractions non identifiées.
Confirmant une tendance déjà observée en 2010, le rapport fait état d’une hausse de 27,5 % des « infractions relevées pour non-respect des règles administratives ou préventives » entre 2009 et 2010. De fait, l’incidence de ces infractions a progressé de 81,2 % entre 2008 et 2010.
Également en hausse, les infractions constatées pour nuisances sonores et visuelles augmentent de 7,4 % entre 2009 et 2010. Quant aux infractions non identifiées et celles relevées dans le domaine de la santé publique, « étant peu importantes en volume », leurs variations « sont difficilement interprétables ».
En revanche, les infractions relatives à la protection de la faune et de la flore reculent de 2,9 % entre 2009 et 2010, et les atteintes aux milieux, de 6,8 %. Parmi ces dernières, les plus représentées restent celles relatives aux dépôts d’ordures (61,2 % des atteintes aux milieux).
Les opérations de contrôle de transports de déchets, organisées à l’initiative de l’Oclaesp (l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, qui dépend de la gendarmerie nationale), ont par ailleurs « mis au jour plusieurs filières, dont notamment des trafics de DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) illégalement expédiés vers l’Asie et le Moyen-Orient », et de « véhicules hors d’usage exportés essentiellement vers l’Afrique sous l’appellation véhicules d’occasion ou sous la mention ’effets personnels’ ».
D’après le rapport, ces trafics s’appuient « principalement sur la réalisation et l’usage de faux » et « révèlent une nouvelle forme de criminalité cherchant à obtenir des gains substantiels estimés à plusieurs milliards d’euros à l’échelle mondiale ».
Par ailleurs, les trafics de pesticides ont également mobilisé les équipes de l’Oclaesp en 2010. « Visant à gagner de l’argent en proposant à la vente des produits destinés à accélérer ou accentuer artificiellement le développement des végétaux », ces trafics prennent la forme « d’importations ou d’exportations de produits, substances, formules moléculaires, non autorisés sur le territoire de la Communauté européenne », « de mise en vente de produits sans autorisation de mise sur le marché » ou encore « de contrefaçons de produits phytopharmaceutiques autorisés » et révèlent là encore « une nouvelle forme de criminalité organisée ».
Vous les avez entendus les contempteurs de la « fraude » sur ce coup là ?
Moi non.
Il est vrai que pendant ce temps là le chiffre d’affaires des coopératives agricoles souffre salement de la conjoncture, et ça c’est très emmerdant à l’approche des élections.
Devinez pourquoi leur CA s’effondre ?
Bon, vous avez tout compris.
On attend avec impatience la TVA environnementale aux frontières, surtout celles qui nous séparent des porte containers d’Anvers et d’Amsterdam…
Des pesticides dans le Vaucluse
Tiens, au hasard...
Les habitants de la commune de Jonquières (Vaucluse) ne peuvent plus boire l’eau du robinet. Le coupable ? Un pesticide, le terbuméton déséthyl, détecté dans le réseau de distribution d’eau potable. Il s’agit d’un herbicide utilisé notamment en viticulture et désormais interdit d’utilisation.
Selon un communiqué de la préfecture du Vaucluse, publié le jeudi 24 novembre, des analyses réalisées sur le captage public d’eau potable de la commune, menées dans le cadre d’un plan de surveillance renforcé mis en place il y a un an, suite à un problème similaire, ont montré la présence de cet herbicide à une concentration supérieure à la limite de qualité autorisée par le Code de la santé publique.
Les autorités sanitaires ont relevé une concentration de 0,22 microgramme par litre le 18 octobre et 0,13 µg/l le 16 novembre, pour une limite fixée à 0,10 µg/l.
« L’eau du robinet ne doit pas être utilisée pour la boisson, ni incorporée en quantité dans la préparation des aliments, jusqu’à ce qu’un nouveau contrôle montre une qualité d’eau conforme », précise la préfecture, ajoutant que les autres usages sont possibles sans restriction.
Le préfet a demandé, début 2011, au maire de Jonquières, commune de plus de 4.000 habitants, de mettre en œuvre un plan d’action afin d’éviter une restriction de la consommation d’eau. Ce plan consiste à mettre en place un traitement au charbon actif, et l’interconnexion avec un réseau public proche…
Le traitement est temporaire, selon le préfet.
((Lire aussi :))
- Les ventes de pesticides illégaux se multiplient dans l’UE
Euractiv, 19 janvier 2012
- Produits phytosanitaires : contrefaçons et trafics transversaux
La Lettre agriculture Environnement, 16 novembre 2012