L’affaire est exemplaire à l’heure où nos amis opérateurs rivalisent de solennelles déclarations d’intention, et nous professent, larme à l’œil, que l’éthique et la transparence font désormais figure d’alpha et d’omega de leur « core business »… Sauf qu’au fin fond du Gers les envolées lyriques des sièges parisiens butent désespérément sur le réel. Là, c’est grandiose. A Condom, Veolia, en place depuis des lustres, se fait lourder par Suez-Lyonnaise. Résultat des courses, d’un contrat à l’autre 100 kilomètres de tuyaux se sont mystérieusement évaporés. Nos amis de l’ABUE, qui combattent obstinément nos grandes compagnies depuis des lustres, n’en sont pas encore revenus, comme le relate Sud Ouest dans son édition du 30 septembre 2010.
Et, ah que le SISPEA, et ah que les zindicateurs de performance, et ah que le RPQS, et ah que les "bonnes pratiques", et ah que le foutage de gueule à ciel ouvert qui se poursuit dans l’indifférence générale...
« Le réseau d’eau serait plus court qu’on ne le pensait jusque-là. Mais où est donc passé le réseau d’eau ? L’association des usagers de l’eau (Abue) a en effet été surprise de découvrir dans le rapport 2009 du délégataire, que la Lyonnaise des eaux annonçait une longueur de réseau plus courte de 50 kilomètres que son prédécesseur Véolia, en 2008.
« Le délégataire actuel annonce 201 kilomètres et le précédent 254 », s’étonnent les usagers de l’eau dans un communiqué.
Et de poursuivre avec les chiffres des rapports de la Ville qui affichaient un réseau de 291 km en 2006, 293 km en 2007, 295 km en 2008 et finalement 200 km en 2009.
David Gruet, responsable de la Lyonnaise des eaux, assurait récemment devant le Conseil municipal être sûr de ses chiffres, sans pouvoir fournir d’explication quant à ce différentiel.
« Réseau fantôme »
Reste que pour l’association des usagers de l’eau, une différence dans la taille du réseau a un impact sur la facture.
« La longueur du réseau est prise en compte lorsque le délégataire établit son prix de revient. La Lyonnaise a soumissionné pour une longueur de 300 km à gérer et n’en aurait que 200.
Si c’est exact, il faut renégocier pour que les usagers ne continuent pas à payer l’entretien d’un réseau fantôme », écrivent Claude Bontemps et Max Biro, président et secrétaire d’Abue.
Quant au délégataire précédent, l’association entend obtenir le remboursement du trop-perçu. Un nouveau combat pour Abue satisfaite d’avoir remporté les précédents. »
M’enfin ! Et si les tuyaux étaient en caoutchouc ? En cas de "tension sur l’eau" dans le Sud-Ouest, le tuyau s’étire. Si un autre opérateur arrive et détend l’atmosphère, le tuyau se rétracte en longueur selon la bonne vieille formule avec le coefficient K. C’est pourtant simple !
Pr Zébulon Orsenna, Académicien de l’eau.