Emma Thébaut a soutenu le 3 octobre 2019 à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne une thèse en tous points remarquable, dans laquelle elle expose l’historique complexe de la gestion des eaux pluviales dans l’agglomération parisienne. Un travail exceptionnel à lire absolument par toutes celles et ceux qui s’intéressent à un domaine hélas trop méconnu.
L’originalité de la démarche apparaît d’emblée puisque elle associe et interroge conjointement les doctrines, les techniques et les aménagements de l’eau de pluie et celles des cours d’eau.
Le parti pris peut étonner. Il s’avère très fructueux.
Après un long, mais passionnant, rappel historique de l’émergence de la problématique de la GEPU, à partir du débat hygiénistes – ingénieurs qui va structurer le développement de l’assainissement des eaux usées au long du XIXème siècle, l’auteure décrit la lente formalisation d’une doctrine, puis les incessants mouvements d’ordre réglementaire ou législatif qui n’ont toujours pas permis jusqu’à la période contemporaine de stabiliser l’exercice de cette compétence.
Elle découpe ensuite en grandes périodes, à dater de l’après Seconde guerre mondiale, puis plus précisément de 1970 à 2015, des évolutions qui peinent à articuler différents niveaux d’intervention. Le national pour l’encadrement réglementaire, comme la formalisation de savoir-faires et retour d’expériences au travers de fascicules techniques qui orienteront dans une longue période les réalisations des praticiens.
C’est ensuite, dans la description méthodique d’une forme de décentralisation qui laisse une très large place à l’initiative des collectivités locales, au cas d’espèce de l’agglomération parisienne, que l’auteure innove en nous faisant découvrir pas à pas les mille et une faces cachées de l’exercice d’une compétence qui s’invente peu ou prou en marchant.
Avec des surprises de taille, comme le rôle prééminent des départements de la Seine Saint Denis et des Hauts de Seine, comme l’absence, si ce n’est l’impéritie de la ville de Paris.
(A quoi, dans une perspective historique, il faut ajouter les apports de Douai, Bordeaux et Lyon avec "l’école Chocat", Novatech dès 1992, puis le GRAIE).
Puis elle nous dévoile les ressorts de stratégies d’acteurs d’une rare complexité, qui ne cesse de s’accroître avec la multiplication desdits acteurs concernés : services décentralisés de l’état, collectivités, urbanistes, paysagistes, architectes, écologues, bureaux d’étude spécialisés…
Enfin les retours d’expériences autour de six projets de GEPU dans l’agglomération parisienne ramènent à leur juste valeur les discours parfois, par trop souvent, aussi excessifs qu’inexacts, qui prêtent à la GEPU mille et une vertus imaginaires…
Citons l’une des phrases de sa conclusion : "La mise en scène de la biodiversité peut être vue comme la patrimonialisation d’une nature défaite, d’un univers biologique qui s’étiole."
Paris en étant l’exemple achevé dans la période...
- Lire la thése :
Emma Thébault. La ville à fleur d’eau : Doctrines, techniques et aménagements de l’eau de pluie et des cours d’eau dans l’agglomération parisienne, 1970-2015. Sciences de l’Homme et Société. Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2019. Français. tel-02412423
https://hal.archives-ouvertes.fr/GEOGRAPHIE-CITE/tel-02412423v1
Nous vous proposons ci-après une recension des sujets, qui nous semblent mériter une lecture attentive, avec renvoi vers les pages de la thèse concernées...
8. La Fondation Rockfeller finance deux postes de “responsables de la résilience" à la mairie de Paris.
12. Collecteur principal Paris.
13. Raccordement de la banlieue en 1932.
14. Paroxysme pollutions industrielles versus urbanisation.
15. Instruction technique 1977 : bassins de rétention pluvial en amont des réseaux.
Mauvais branchements.
Interdiction baignade : Marne 1970, Val-de-Marne 2003.
18. Débat “grands réseaux” versus techniques décentralisées.
20. Ambiguités “Eau et ville”.
22. Circulaire Capot dimensionnement des ouvrages 1949.
23. Création Novatech en 1992.
27. Emergence nouvelle doctrine :
– extension nouveaux dispositifs techniques
– transformation aménagement urbain
30. Carte artificialisation des sols
31. Réalisations concrètes : gestion pluie + cours d’’eau
33. Carte séparatif vs unitaire = Achères
34. Territoire SIAAP
35. Loi 1992 : création zonage pluvial avec lien possible POS-PLU (Paris seulement en 2018 !)
36. A Paris seulement gestion des petites pluies
37. Carte zonage pluvial Grand Paris : régulation rejets réseau
40. Pas de SAGE à Paris et à l’aval
41. Méthodologie et base de données EAUBAINE (IAU)
81. Instruction technique 1977 préfet Loriforne : OK pour stockage
101. Fabrication “pluie de projet”
118. Rejet séparatif dans rivières, bassin de retenue
119. Critique séparatif, pollution EP (AFEE 1987)
120. Distinguo, petites, moyennes et pluies exeptionnelles
121. Génie végétal et préservation des milieux
125. POS, schéma directeur, PPR, ZAC, SAGE…
127-128. Schéma diagnostic de site
130. Valorisation paysage
136. Evolution bassins
139. Stocker, infiltrer, évaporer
163. Absence cadre réglementaire et juridique opérationnel
172. Impact rejets urbains
175. De la modélisation hydrologique au diagnostic urbain
186. Sources de polluants du ruissellement urbain
190. Petites pluies, transferts lents et dépollution
225. 2001 à 2015 : continuité et rupture, décentralisation de la doctrine
227. Evolutions 1970 à 2015
228. Mutation infrastructures région parisienne
237. Identification des acteurs “militants”
246. Production des techniques alternatives
247. Doctrine financement AESN
251. Exemple zéro rejet imposé à des promoteurs (Les Mureaux)
252. Doctrine SIAAP : 11m3/s/ha - (pluie décennale)
“Le séparatif est un mythe, le SIAAP préconise l’infiltration à la parcelle” Où ?
Mauvais branchements
JO 2024
254. Leadership DEA 93
255. Cartes infiltrabilité (Voir Paris !)
259. Stratégies d’acteurs AESN, SIAAP, région, Dpts, intercos...
260. Cas particulier Paris : zonage pluvial voté en 2018 ! Carte zonage et infiltration
262. Hiérarchie des expertises
268 : Acquisition foncier
270. Les relations entre acteurs
271. Continuité écologique vs infiltration à la parcelle
273. Convaincre les communes et les aménageurs
275. Synergie départements et communes
276. Tensions services et aménageurs et contre-expertise
277. Plan pluis Paris élaboré 2004 à 2005 voté en 2018. Blocage interne au STEA-DPE. Opposition urbanisme, voirie et RATP…
278. Tensions entre les acteurs
– intercos vs communes
– la construction est plus forte que la protection
– dossier Loi sur l’eau ou pas ?
285. Base de données EAUBAINE IAU : manque d’informations Paris et Val-de-Marne
327. Bassins à ciel ouvert : 413 pour 365 000 m3
328. Bassins enterrés : 1037 pour 100 000m3 (dont Ivry Masséna TIMA 80 000 m3)
Espaces ouverts urbains 16 500 m3
333. Historique évolution techniques
70/80 : 93
2000 : 92
2010 ; : décrue relative
Difficultés inventaire crash logiciel DEA 93
336. Mutations foncières : primat stockage puis restitution
339. Synthèse en clair obscur
345. Diversité des professionneles engagés
355. Visites de sites
359. Concurrences et collaborations : “l’hydrologie urbaine est un métier sans statut”
360. Importance du nivellement
361. La culture des ouvrages enterrés demeure dans les BE techniques
363. Ecologie scientifique vs paysage
370. Esthétique de la naturalité
372. Rusticité et expérimentation par les collectivités
379. Défaut d’entretien genie végétal
384. Sobriété et contrainte financière. Importance symbolique de l’environnement aquatique en milieu urbain : l’exemple de la baignade
385. Intrumentalisation politicienne des “Baignades libres”
386. Manque d’information du public sur le fonctionnement des milieux aquatiques
387 : Baignades urbaines sauvages : “on ne connaît rien à la technique”
389. Un espace public géré par les habitants ?
392-393. Enjeux de pouvoir
447. Limites de l’analyse des 6 projets qui s’inscrivent dans le bati “post-ante”. L’utilisation du foncier pour les ouvrages végétalisés est difficile.
450. Rupture entre espace public et privé : crainte des espaces ouverts. Instrumentalisation et mise en patrimoine. Exclusion populations génantes
453. “Les noues ne sont pas faites pour les citadins”.
457. Bassins et naturalité factice : “miroirs pour le bâti autour…”
459. La mise en scène de la biodiversité peut être vue comme la patrimonialisation d’une nature défaite, d’un univers biologique qui s’étiole.
469-470 : des limites au développement des techniques alternatives de la GEPU.