Dans son édition datée des 16 et 17 avril 2017, une stagiaire du service Planète du quotidien de référence narre par le menu sur une demi-page une affaire digne de celle des avions renifleurs, fomentée par Suez avec la complaisance affichée de la ville de Paris et de son opérateur. Une stratégie identique à celle qui a précédé en juin 2016 la privatisation d’un tiers du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de la région parisienne (SIAAP), au bénéfice de Suez, sous forme de la création d’une société d’économie mixte à opération unique (SEMoP), votée à l’unanimité par tous les élus “de gauche” siégeant au Conseil d’administration du SIAAP, dont les élus “de gauche” y représentant la ville de Paris…
"Pollution de l’air : Paris va tester une colonne Morris dépolluante"
« (…) Le dispositif s’inspire d’une réaction biochimique naturelle des végétaux : la photosynthèse. Dans une colonne en verre remplie d’eau, des microalgues vont fixer le gaz carbonique présent dans l’air, à l’aide d’un système de ventilation. A l’intérieur de cette sorte d’aquarium, ces organismes vivants composés de chloroplastes vont capter la lumière extérieure et celle créée par des barres de diodes électroluminescentes pour transformer le CO2 en dioxygène. L’air purifié est ensuite expulsé du puits de carbone vers l’extérieur.
La start-up Fermentalg, basée à Libourne (Gironde), qui a développé ces micro-organismes, affirme aussi qu’elles sont « capables de capturer le dioxyde d’azote (NO2) » rejeté par les pots d’échappement des voitures. Place d’Alésia, le taux de NO2 dépasse les 40 µg/m3 réglementaires, selon les données d’Airparif.
A force d’aspirer du dioxyde de carbone, ces organismes vivants vont croître et se multiplier. Quand ils seront trop nombreux, le système prévoit d’évacuer la biomasse formée vers la station d’épuration la plus proche, par le réseau d’assainissement. Une fois traitées, les microalgues seront transformées en biogaz puis en biométhane (réseau de gaz naturel) pour chauffer les villes. »
(…)
Un « projet pilote » complètement bidon
(…) Le potentiel créé par ces végétaux est donc énorme. Pour autant, (un) scientifique émet un doute sur la capacité du puits de carbone pensé par Suez. « C’est séduisant sur le papier et ça va dans le bon sens. Mais les concentrations de gaz carbonique dans l’air sont sans doute trop faibles pour faire pousser efficacement les algues, qui ont besoin d’une importante teneur en CO2 », estime Olivier Bernard.
Il regrette aussi que le puits de carbone soit d’un petit volume. « Avec un mètre cube, on ne dépasse pas 10 kg de biométhane produit par an grâce à la méthanisation des algues, calcule-t-il. Il faudrait une forêt de colonnes entière pour que ça ait du sens… »
Même si Suez vante son nouveau produit, l’entreprise reste prudente. Pour l’instant, le dispositif n’en est qu’à sa phase d’expérimentation. « Nous savons que le puits de carbone fonctionne. Maintenant, si la quantité traitée est trop faible ou si le coût est trop important, nous optimiserons le procédé », précise Jean-Louis Chaussade. »
On se demande dès lors pourquoi Paris et son opérateur se prêtent aussi complaisamment à la recherche-développement de Suez, qui ne va pas manquer d’en faire des tonnes en mettant en avant les fameuses colonnes Morris de la ville lumière...
Voir le publireportage de Suez dans Le Monde :
Lire aussi :
"We need to get rid of carbon in the atmosphere not just reduce emissions"
Le précédent du SIAAP en juin 2016
Or, un précédent aussi foutraque que désastreux ne laisse pas d’inquiéter.
Quelques semaines avant que ne soit votée en juin 2016 la privatisation d’un tiers du SIAAP, le gigantesque syndicat qui assure l’assainissement des eaux usées de 9 millions de Franciliens, au bénéfice de Suez, et dans des conditions scandaleuses, la même comédie s’était jouée autour d’un autre « projet pilote » tout aussi fumeux, lui aussi proposé par Suez, recueillant l’approbation unanime d’élus aussi duplices que complices.
La privatisation d’un tiers du SIAAP, qu’Eaux glacées à dénoncé à plusieurs reprises, n’a pas suscité le moindre écho, pas une brève, pas un article.
Les pseudo-militants de « l’Eau bien commun », faux rebelles subventionnés par… Paris pour réaliser, moyennant finances, des opérations de propagande infantiles sont demeurés muets.
Plus grave encore, les mêmes mentent outrageusement en laissant accroire à des militants crédules à un proche regain de la gestion publique dans la région parisienne dans le cadre de la Métropole, ce que le fanzine Politis, par exemple, reprend religieusement puisqu’il faut à toute force entretenir la fable d’une "militance" totalement dévoyée.
Les directions du PCF, de la France insoumise, d’EELV et du PS que nous avons informés de ce véritable scandale (la SEMoP du SIAAP), n’ont apporté aucune suite à notre alerte.
Dès lors, concernant ces partis, et leurs éminent(e)s représentant(e)s en région parisienne, leurs "pudeurs de gazelle" ne laissent d’étonner.
Au temps pour leurs déclarations enflammées en faveur des services publics et leurs condamnations en peau de lapin des odieuses multinationales...
Lire :
« Le SIAAP ne doit pas être privatisé »
http://www.eauxglacees.com/Le-SIAAP-ne-doit-pas-etre
Eaux glacées, 26 octobre 2016