Le secrétaire général de la Section nationale CGT ONEMA nous a vivement interpellés ce jour, nous reprochant de diffamer son organisation, après que nous nous soyons élevés dans une lettre ouverte à la ministre de l’Ecologie contre les pressions exercées par différents acteurs aux fins d’étouffer ce scandale. Nous publions ci-après le courriel du secrétaire général de section nationale CGT Onema et notre réponse.
Le courriel du Secrétaire général de la Section nationale CGT Onema :
« Bonjour
Je viens de prendre connaissance de votre article et de votre lettre ouverte sur l’ONEMA, et je vous remercie de porter les difficultés politiques et fonctionnelles de notre établissement auprès des citoyens et de notre ministre de tutelle.
Je suis néanmoins étonné, dans votre lettre ouverte, du paragraphe où vous mentionnez notre organisation syndicale :
Les très fortes pressions qui s’exercent pour « enterrer » cette affaire (IGREF et Ponts, CGEDD, DEB, CGT, SNAPE…) doivent impérativement être surmontées, sauf à encourir le risque de voir à moyen terme l’actuel gouvernement porter la responsabilité des conséquences d’une crise qu’il n’aura pas su affronter.
Je suis surpris qu’un "journaliste spécialisé" puisse se permettre d’écrire de tels propos, sans avoir même pris la peine de nous contacter. Au vu de vos écrits, il est évident que vous n’avez fait que reprendre les positions de nos camarades du SNE-FSU, avec lesquels, à n’en pas douter, vous avez eux des échanges.
Il me semblait que les journalistes avaient un devoir, ou tout au moins une éthique qui les obligeait à vérifier leurs informations. La moindre des choses auraient été que vous nous contactiez également pour étayer votre lettre ouverte.
Considérant cette information comme diffamatoire, je vous serais reconnaissant de m’indiquer les faits précis qui vous ont fait écrire que notre organisation syndicale a exercé des pressions pour "enterrer" cette affaire.
Cordialement
Paul MOINS
Secrétaire général
SN CGT ONEMA
1364 Chemin de la Bretonnière
38620 St Sulpice des Rivoires
Tél : 06 77 04 75 39
Mel : paul.moins@onema.fr
Retrouvez nos informations syndicales : http://www.equipement.cgt.fr/spip.php?rubrique472 »
La réponse d’Eaux glacées :
« Monsieur le Secrétaire général,
Je vous remercie tout d’abord de votre hommage initial relatif à notre mobilisation aux fins de porter à connaissance de vos autorités de tutelle et du public les « difficultés politiques et fonctionnelles de votre établissement », euphémisme dont je conçois qu’il puisse surgir, eu égard aux très grandes difficultés qu’affrontent vos mandants, les personnels de l’Onema, difficultés telles qu’un cabinet spécialisé, Technologia, a du être mandé, après avoir officié à France Telecom, aux fins de mettre un terme à des pratiques managériales qui ont conduit, comme vous le savez, à réduire l’Office à une coquille vide, à raison du nombre d’arrêts maladie, de dépressions, de licenciements et de non renouvellement de contrats qui ont émaillé les dernières années d’existence d’un établissement aujourd’hui en grand péril, à raison de ces pratiques mêmes.
Je vous adresse ensuite mes plus vives excuses pour avoir pu laisser accroire, par un funeste raccourci, que votre organisation pouvait participer d’une tentative d’étouffement d’un scandale sans précédent, et ne doute pas que vous relaierez ces excuses à vos mandants.
Et procède incontinent à une rectification du passage du billet incriminé.
Dès le printemps dernier, alerté par plusieurs sources, internes et externes, j’ai tenté de multiplier les contacts, tant les informations qui étaient portées à ma connaissance dépassaient l’entendement.
C’est dans ce contexte que je me suis vu opposer, notamment par certains personnels dont je pouvais supputer sans coup férir qu’ils appartenaient à votre organisation syndicale, qu’ils ne pouvaient s’exprimer à raison du climat de violence (fonctionnelle ?) généré par l’organisation d’une enquête interne diligentée par l’ex-Direction de l’établissement.
Faute d’avoir pu « by-passer » cette fin de non-recevoir (et dès lors d’avoir fauté par défaut d’opiniâtreté), j’ai ensuite pris connaissance, avec effarement, des conclusions (très partielles) de cette « enquête interne », telle que relatée dans le compte-rendu du Comité d’Hygiène et de sécurité et des conditions de travail de l’ONEMA, tenu à Vincennes le 2 novembre 2012, et co-signé par votre organisation, compte-rendu reproduit ci-après.
Le Point 8 de ce Compte-rendu, titré « Enquête administrative interne » mentionne que :
« En l’absence de F. Lacroix, empêché et la volonté de la nouvelle Directrice Générale de se saisir du dossier, la Présidente nous fait une lecture partielle du rapport de l’enquête administrative.
Elle insiste sur l’inexactitude des dénonciations, parle de calomnie, voire de faux témoignages. Elle rappelle que les vérifications faites pendant l’été n’ont montré aucune irrégularité dans les faits dénoncés.
L’ensemble des membres du CHSCT est dans l’attente du rapport de la Cour des Comptes concernant l’ONEMA, qui fera sans aucun doute la lumière sur cette affaire. »
Vous imaginerez sans peine ma stupéfaction, constatant qu’aucune organisation syndicale ne s’élève de quelque manière contre ces propos, eu égard aux très nombreux témoignages qui ont pu être recueillis dans la période, relatant des pratiques « managériales » inadmissibles.
Je vous confesse en avoir tiré la conclusion que votre organisation participait, fut-ce passivement, et contrainte et forcée par un véritable climat de "terreur fonctionnelle", à une stratégie d’étouffement d’un scandale majeur, dont les manifestations étaient patentes depuis des mois, voire des années, dans le fonctionnement quotidien de l’Office.
Amende honorable faite, je me félicite dès lors au plus haut point d’augurer, en toute logique, que votre organisation syndicale va s’impliquer activement dans l’établissement d’une « vérité qui dérange », témoignant de sa fidélité, dont je n’ai jamais douté, aux idéaux hérités de plus d’un siècle d’engagement envers le prolétariat (souffrant).
Je me tiens donc à votre entière disposition, Monsieur le Secrétaire général, dans l’hypothèse où vous pourriez juger opportun d’approfondir cette prise de contact, ce qui nous permettrait d’approfondir les réflexions engagées aux fins de permettre à l’Office d’émerger d’un véritable cauchemar (fonctionnel).
Je vous prie de croire, Monsieur le Secrétaire général, en l’assurance de ma considération la plus distinguée. »
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