La réunion du Syndicat des eaux d’Ile-de-France qui devait adopter le « régisseur rénové » Veolia pour le marché de l’eau dans les 133 communes membres du syndicat intercommunal a eu lieu dans la matinée du 24 juin 2010. M. André Santini, son président (depuis 1982), avait déplacé cette réunion à l’usine de Choisy-le-Roi plutôt qu’au coeur de Paris comme prévu initialement. La crainte des sans-culottes avait aussi produit une organisation de la séance publique... sans public. Lors du vote, l’abstention prônée par le PS et le PC (une abstention… « positive » pour ce dernier !), a été (très) mal suivie par leurs membres puisque 20 élus ont voté contre et 22 se sont abstenus… Veolia a été plébiscitée par 83 délégués qui ont voté "Oui". Les villes de droite présentes au SEDIF représentent un peu plus de 70 communes. Cherchez l’erreur.
On ne saura pas qui a voté quoi : les élus se sont prononcés pour un vote à bulletin secret, lors même qu’ils sont censés se prononcer en fonction du mandat reçu de leurs conseils municipaux.
De surcroît les délégués étaient invités à voter par le biais d’un boitier électronique mis gracieusement à leur disposition.
Pas un délégué ne s’est inquiété de connaître la fiabilité du système (et plus si affinités).
Rien ne nous aura donc été épargné, pas même les RG et les CRS.
Une réunion en catimini et sans vrai enjeu, honteuse. La particularité du SEDIF est que son président Santini, publiquement contesté, est entouré d’un bureau qui comprend, outre ses alliés politiques traditionnels, ses lieutenants du PS ou du PC. La séance fut toutefois animée, du côté des citoyens en tout cas…
Le compte-rendu de l’AFP
Veolia conserve la gestion de l’eau en Ile-de-France 12 ans de plus
« Le groupe privé Veolia Environnement va garder pour douze années supplémentaires la main sur la distribution de l’eau en Ile-de-France - soit un siècle au total - grâce au gigantesque contrat d’environ 3,7 milliards d’euros décroché jeudi en échange d’une baisse de ses tarifs.
Les élus du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif) ont très majoritairement choisi, lors d’un vote secret, l’offre de Veolia, seule encore en lice, celle de l’autre finaliste, Suez Environnement, ayant été écartée en mai.
Veolia est détenteur depuis 1923 de ce contrat de délégation de service public, le plus important en Europe avec 144 communes et quelque 4 millions d’usagers desservis. A l’issue du nouveau contrat, fin 2022, Veolia aura géré l’eau en Ile-de-France pendant un siècle.
Le président du Sedif, André Santini, député-maire NC d’Issy-les-Moulineaux, a qualifié ce contrat "d’exemplaire", mettant en avant la baisse de prix "significative" consentie par Veolia.
Vieux de 48 ans, le contrat actuel, qui court jusqu’à fin 2010, était de 371 millions d’euros annuels.
"Le délégataire perd 60 millions d’euros de chiffre d’affaires par an", a indiqué Christian Cambon, sénateur-maire UMP de Saint-Maurice (Val-de-Marne). Sur douze ans, le contrat de Veolia porte sur environ 3,7 milliards d’euros.
Pour une facture de 120 m3, le prix hors taxes passera de 1,75 euro fin 2010 à 1,51 euro au 1er janvier 2011, soit une baisse de 14%.
Aujourd’hui, le prix total de l’eau pour les Franciliens dépendant du Sedif est en moyenne de 4,07 euros TTC par mètre cube.
C’est "le prix", qui a fait la différence entre Veolia et son grand concurrent, Suez Environnement, a expliqué M. Santini.
Outre la baisse de prix, le nouveau contrat apporte "plus de transparence, plus d’efficacité", selon M. Cambon.
Parmi les mesures prévues : la création d’une société dédiée pour gérer la délégation, le déploiement d’un système de télérelevé en cinq ans, une enveloppe de 2,5 millions d’euros consacrée aux ménages en difficultés et une progressivité des tarifs en fonction du volume consommé.
"Le respect des engagements d’efficacité et de qualité de service conduira à un ajustement à la hausse ou à la baisse de la rémunération de l’opérateur", précise Veolia dans un communiqué.
Reste une incertitude : la position de neuf villes de Seine-Saint-Denis, rassemblées dans une communauté de communes baptisée "Est Ensemble", qui ont suspendu leur participation au Sedif et envisagent de gérer leur eau différemment.
Le bureau du Sedif leur a demandé "de se décider pour septembre".
Si "Est Ensemble" choisissait de revenir au Sedif, la baisse de prix sur une facture de 120 m3 passerait de 14% à 19,5%, selon le syndicat.
Ces communes, dont Montreuil, Bagnolet et Bobigny, ne sont pas les seules à avoir contesté le renouvellement de Veolia. Certains, à l’image de Philippe Kaltenbach, maire PS de Clamart (Hauts-de-Seine), dénoncent "la rente de situation" dont profite le groupe privé.
Jeudi, quelques militants d’associations et de collectifs, qui contestent régulièrement la gestion de Veolia, ont tenté d’intervenir à la réunion du Sedif.
Vu la baisse de prix obtenue, "il faut rembourser (aux usagers) les sommes indûment versées pendant des années et des années", a déclaré Jean-Claude Oliva, président de l’association d’usagers Coordination Eau Ile-de-France, regrettant "un manque de pugnacité des élus.
Les élus communistes, favorables à un passage en régie publique, se sont, eux, simplement abstenus lors du vote en raison "des évolutions positives" du nouveau contrat, selon Gilles Poux, maire PCF de La Courneuve. »
(Marie Julien)
(*) L’étrange défaite, de Marc Bloch.
Lire aussi :
Antoine Frérot : Veolia baissera le prix moyen de l’eau de 16%
Le Monde, 25 juin 2010.
"Vote du SEDIF : retour sur une farce".
"Madjidenblog", le blog de Madjid Messaoudenne, délégué au Sedif, conseiller municipal de Saint-Denis.