Le Collectif pour une Eau Publique du secteur Nord-ouest de l’agglomération rouennaise l’a saumâtre, et évoque dans un communiqué daté du 12 novembre 2010 « la fable du loup qui se déguise en agneau… » Démonstration exemplaire du triomphe de « l’ingénierie sociétale », appelée depuis quelques années à la rescousse du navire qui prend l’eau…
Laurent Fabius, président de l’agglo rouennaise, a déjà choisi la gestion en régie publique pour l’essentiel de l’agglo. Reste le secteur Nord-Ouest, affermé à la Lyonnaise, qui se débat comme un beau diable pour le conserver… D’où l’ire de nos amis qui se battent comme des chiffonniers depuis le printemps dernier (Voir plus bas).
« Nous apprenons que la Lyonnaise des Eaux va créer une filiale, appelée Eaux de Normandie, dont le siège sera à Maromme.
Cette filiale regroupera en fait les activités actuelles de la Lyonnaise des Eaux en Normandie.
La Lyonnaise veut ainsi se cacher derrière un nouveau nom, espérant faire oublier sa réputation (méritée) de multinationale qui s’enrichit sur le dos des usagers, une image négative dont elle est désormais prisonnière.
Cette filiale accueillerait dans son Conseil d’administration, et dans un "conseil de gouvernance", des personnalités issues de la société civile et du monde associatif, censées participer à la stratégie de l’entreprise et à sa politique de développement durable...
La bonne blague.
Ni ces personnalités et associations complaisantes, ni ces discours à la mode, ne pourront nous faire oublier que dans une entreprise privée comme la Lyonnaise, c’est l’actionnaire qui dicte sa loi, la loi du profit maximum.
Alors ne soyons pas dupes de cette nouvelle opération de communication.
Toutes ces contorsions de la Lyonnaise n’abuseront que les naïfs.
Depuis des années, la Lyonnaise des Eaux ponctionne, au profit de ses actionnaires, des sommes considérables sur la facture des usagers. Ces sommes auraient pu servir à protéger les captages, à renouveler et améliorer le réseau, à financer une politique réelle de développement durable.
Cette ponction doit cesser, la Lyonnaise doit partir, l’eau doit être gérée par le service public, pour assurer une véritable transparence et financer les investissements futurs sans faire exploser les factures.
Précision : le collectif Eau Publique, lui, ne change pas de nom, il assume parfaitement le sien, et reste composé uniquement de citoyens et de militants bénévoles qui cherchent à défendre l’intérêt général. »
Rouen, le 12 novembre 2010
Collectif pour une Eau Publique
La bataille de Maromme
Ambiance électrique à Maromme, près de Rouen, en juin dernier. Lors d’un débat public organisé par le collectif, une cinquantaine de salariés de la Lyonnaise des Eaux en présence de leur syndicat CFDT et de deux de leurs directeurs distribuent un tract un peu délirant…
La réunion était organisée en réplique aux trois jours de « portes ouvertes » organisées par la Lyonnaise des Eaux, et à la veille d’une décision des élus sur le choix du mode de gestion car le contrat vient à échéance fin 2011.
Le contrat a été signé pour la première fois en 1880 l’année de la création de la Lyonnaise des Eaux…
C’est un des derniers contrats de l’agglomération rouennaise appartenant à un délégataire privé
Depuis le 1er janvier 2010 et suite à une décision des élus, dont Laurent Fabius président de l’agglo rouennaise, Veolia pas plus que la Saur n’ont plus de contrat dans ce périmètre.
Du coup la réunion publique organisée par le Collectif a tourné à la corrida, comme le relatait la presse locale le 28 juin 2010 :
« A 18 mois du terme du contrat liant La Lyonnaise des Eaux (groupe Suez), à la CREA pour le nord-ouest de l’agglomération, la société de distribution a entrepris une opération portes ouvertes en insistant sur son potentiel d’innovation et de coopération avec tous les acteurs locaux.
Les “Rencontres de l’innovation et du développement durable“ que l’entreprise vient d’organiser à Maromme s’adressaient aux élus et aussi aux associations de défense de l’environnement.
La Lyonnaise a signé à cette occasion une convention de partenariat avec HNNE (Haute-Normandie Nature Environnement).
Le sujet est sensible sur le territoire de la CREA puisque la communauté que préside Laurent Fabius (PS), a déjà décidé de remettre dans le champ de sa Régie publique, les syndicats de communes qui étaient liés à Veolia.
Il y a eu débat au sein de la majorité de gauche entre partisans d’un partage entre le public et le privé (la droite et une partie du PS) et ceux qui exigent que la distribution de l’eau soit l’apanage de la puissance publique.
A La Lyonnaise, le directeur du centre régional Normandie, Grégoire de Chillaz contourne la question : « On ne peut que se réjouir de voir une collectivité qui prend le sujet de l’eau au sérieux. Nos relations contractuelles s’arrêtent en 2011. Nous continuons notre travail ».
Pour l’entreprise, il est urgent que « les parties prenantes cessent de se regarder, de s’affronter ». Pour le consommateur, « la seule chose qui importe, c’est la qualité et le service ». La Lyonnaise avance même le prix de l’eau qu’elle distribue à Maromme, soit 2,73 le m3 ou 326 € par an pour 120 m3 qui est la consommation moyenne d’un ménage.
Grégoire de Chillaz assure que ce chiffre se situe « en dessous de la moyenne française » même si ce montant a été atteint, à la baisse, au terme d’une négociation difficile, rappellent les élus de la Communauté d’agglomération.
La Lyonnaise des Eaux se retrouverait inévitablement en compétition avec Veolia si la CREA décide de maintenir le principe du contrat avec un opérateur privé plutôt que la mise en régie directe.
Dans l’immédiat, elle insiste sur sa capacité d’innovation au moment où les contraintes environnementales vont être de plus en plus sévères.
Grégoire de Chillaz rappelle à ce sujet que les objectifs européens de « bon état écologique des eaux » à l’échéance de 2015 ne sera pas respecté. Avec en particulier, une pollution résiduelle de source médicamenteuse.
Dans cette bataille pour une eau propre, La Lyonnaise est prête à jouer les “meneurs“.
« Il faut se parler, dialoguer, se connaître, entre association environnementaliste, pouvoirs publics, industriels, encourage Grégoire de Chillaz, et envoyer un signal pour réunir l’ensemble des parties prenantes, y compris avec des associations “poil à gratter“ ».
L’atout maître d’une entreprise comme la sienne, c’est de pouvoir « apporter de l’innovation, du savoir-faire, des solutions ». Elle met en avant son investissement dans la recherche & développement, le service aux abonnés, la disponibilité des salariés, les partenariats locaux comme ceux tissés avec les Jardins familiaux à Maromme.
L’agglomération de Rouen-Elbeuf-Austreberthe (CREA) est un terrain particulièrement favorable pour l’opérateur de l’eau quelqu’il soit.
Elle y est « plutôt de bonne qualité, sans besoin de traitement ».
Alors que La Lyonnaise des Eaux ouvrait ses portes au grand public, le collectif Eau publique plaidait lors d’une réunion tenue également à Maromme pour un service en régie directe « pour tous les habitants » de la CREA. »