France Nature Environnement (FNE) et la Fédération nationale de la pêche française (FNPF) ont rendu publique le 5 mai 2015 une Lettre ouverte au Président de la République dans laquelle ils dénoncent, à juste titre, une batterie de décisions gouvernementales récentes prises en catimini, qui contredisent radicalement le discours officiel sur la protection des ressources en eau, en l’espèce ici des rivières…
La démarche intervient le jour même où Mme Ségolène Royal honorait de sa présence le colloque « Démocratie participative et modernisation du dialogue environnemental », organisé au Museum d’histoire naturelle le 5 mai 2015, à l’occasion duquel M. Alain Richard, président de la « Commission spécialisée sur la démocratisation du dialogue environnemental » présentait un rapport d’étape de l’avancée de ses travaux.
(Avec c-r par trop bisounours de nos amis de Reporterre ci-dessus...)
Occurrence cocasse puisqu’il s’agit ici as usual, bien évidemment, de "simplifier" les procédures, aux fins d’éviter que mille et un NDDL et Sivens ne fleurissent…
Or il appert que dans le même temps, FNE et la FNPF, qui sont tout sauf d’affreux « djihadistes verts » piquent, (discrètement faut pas déconner non plus), un véritable coup de sang à l’égard des manœuvres occultes par lesquelles Stéphane Le Foll et Ségolène Royal, bien évidemment encouragés par l’archaïque M. Valls, font flèche de tout bois pour contenter, et la FNSEA, et, au cas d’espèce, les fanas(milis) de la micro-hydroélectricité, aficionados de l’énergie « verte » pour la croissance du même acabit.
On lira donc avec beaucoup d’intérêt la philippique des susdits, qui dénoncent donc, vertement, la relance à outrance des micro-centrales sur nos belles rivières de montagne, et, plus grave, les coups de rabots récurrents sur les seuils des ICPE, la relance itou des bassines pour l’irrigation, toujours aussi grassement financées sur fonds publics, la "modération des contrôles" des exploitations agricoles, et enfin, last but not least, la bagarre sanglante qui s’annonce sur l’établissement d’une nouvelle cartographie des rivières…
Kézako ? Beulin and co veulent une nouvelle cartographie des rivières, rus et ruisseaux. Et pourquoi donc ? Tout ce qui ne figurera pas sur la nouvelle carte ne sera bien évidemment soumis à aucune réglementation…
Ce qui savent ce que carte veut dire sont bien évidemment grimpés aux rideaux au vu de ce qui pourrait s’ensuivre.
D’où un bordel sans nom avec l’Onema, les DDT-M, les Agences… qui piquent un coup de sang, et on oubliera charitablement l’IGN, qui a déjà le bras au fond du pot de confiture…
Bref, on y reviendra si, comme tout le laisse déjà à penser, la bronca a conduit Mme Royal a surseoir à statuer sur l’arrêté de la nouvelle carte, ce qui n’enchante évidemment pas les troupes de M. Sofiproteol…
Il importe d’autant plus de prendre connaissance de la Lettre ouverte à François Hollande ci-après que tout aussi évidemment pas un media ne va en parler…
Le dessous des cartes :
- L’inquiétant satisfecit de la FNSEA
A SONG :
La lecture de la lettre ouverte m’a laissé perplexe !
En p. 3 : « les pico centrales produisent des quantités infimes d’électricité, mais des dégâts écologiques significatifs » ; « sur les rivières classées en liste 1 […] les renouvellements de titres (autorisations et concessions) doivent par principe être rejetés » : de telles formules, dénuées de nuance, m’incitent à douter de l’intelligence de l’ensemble du propos !
Je reprends dans l’ordre :
En p. 1, il est écrit : « les efforts conjugués des pouvoirs publics et de l’ensemble des usagers et partenaires, notamment associatifs que nous représentons ». N’est-ce pas un peu présomptueux de prétendre représenter l’ensemble des partenaires associatifs ? De même que penser de la formule « nos rivières mises en grand danger », « nos rivières de France sont en grave danger » ? Le possessif me semble déplacé !
En p. 2 : « plus de 70 000 ouvrages barrent et interrompent le cours naturel des fleuves et des rivières », « tout ouvrage en rivière, par la présence de la retenue d’eau qu’il génère, où se développe l’eutrophisation ... ». Comme j’utilise un seuil référencé dans le ROE, je me sens visé. Mais, paradoxalement, nullement concerné par ces allégations, affirmations : dans mon cas, il n’y a pas interruption du cours, ni eutrophisation. Je doute d’être un cas singulier !
En p. 3 : « les causes principales de cet échec sont connues : les pollutions diffuses agricoles contre lesquelles nous agissons bien peu et les modifications morphologiques des cours d’eau, lourd héritage des pratiques passées » : au sujet des pollutions agricoles nous avons tous notre part de responsabilité car nous sommes les consomm’acteurs. Pour le reste, quid des pollutions concentrées des villes ? J’ai l’impression de lire un texte écrit par des bobos-écolos des villes !
Pour le torrent, qui me concerne et qui est classé en liste 1, on m’a parlé de « la valeur patrimoniale de la truite fario ». Quelle supercherie : des truites d’élevage lâchées la veille de l’ouverture et qui à la première crue se retrouveront en perdition à l’aval (à l’étiage, pas de pêche de sauvegarde). Il fut projeté de créer des passes à poissons dès 50 cm de chute : finalement les poissons sont moins cons, ils remontent déjà les chutes de 2 m (dans les vortex).
Parler de biens communs concernant les cours d’eau est intéressant : je me demande si les concessions faites aux fédérations de pêche ne s’apparentent pas à une certaine privatisation de la chose commune.
Comment pourrai-je accordé du crédit à la FNE qui est subventionnée à hauteur de 44% , qui bénéficie du mécénat à hauteur de 12 %.
J’estime que la défense de l’environnement s’apparente à une démarche personnelle, voire à une philosophie. En faire son gagne-pain ne me paraît pas compatible (41 salariés à la FNE) !
Enfin, ceci n’est que mon humble avis, et je le partage !