Onze usagers regroupés au sein de l’association du Mas viennent d’obtenir la condamnation de la Saur par le Tribunal d’instance d’Angoulême, saisi le 30 avril 2008, après que des analyses aient révélé des dépassements des normes de pesticides atteignant de 100 à 300% !
« Ils livrent la mort dans leurs canalisations », s’emportait l’un des onze plaignants.
Car la qualité de l’eau qui coule des robinets n’était pas du tout au rendez-vous dans les communes desservies par la Saur, alimentées par la source de la Forge, comme à Mouthiers-sur-Boëme, Nersac, Roullet-Saint-Estèphe et Voeuil-et-Giget.
« Alors que la norme pour les pesticides est fixée à 0,5 mg/litre, les analyses montrent des dépassements qui vont de 100 à 300 %. Entre 1992 et 2003, on voit bien que la présence de pesticides est excessive », soulignait Jean-Pierre Bellefaye, secrétaire de l’association du Mas.
Conséquence directe de pratiques intensives qui ont trop longtemps reposé sur un usage immodéré, avant leur interdiction, de pesticides tels que l’atrazine et la simazine.
Après que l’association ait porté l’affaire devant le tribunal d’instance d’Angoulême le 30 avril 2008, un combat qualifié par ses membres de « laborieux », s’est finalement avéré payant puisque les onze dossiers ont abouti.
La Saur a en effet été condamnée à payer des dommages et intérêts d’un montant de 32 575,96 euros, somme qui sera partagée entre les différents plaignants.
Mais tous s’accordent à dire que l’important est ailleurs : « Que la Saur soit condamnée est capital. Il faut vraiment que les élus prennent conscience qu’il faut arrêter avec ces sociétés privées. »
Ce à quoi le directeur local de la Saur, M. Eric Tallon, oppose qu’il avait alerté la collectivité, en l’occurrence le syndicat de la Boëme, dès 2002 : « Nous avons proposé des solutions, notamment un système de filtration au charbon actif, pour arrêter la turbidité et les problèmes de pesticides ».
Les investissements ont été réalisés en 2003, et depuis, les normes sont respectées. Mais c’est bien la Saur qui a été reconnue responsable, et condamnée.
Au-delà, comme aucune étude épidémiologique n’a encore été effectuée, les usagers continuent donc à s’interroger sur les dangers réels de ces pesticides.
« Lorsque l’on posait des questions, on nous demandait s’il y avait des morts ou des malades », se souvient le secrétaire de l’association. Il en rigolerait presque, comme lorsqu’il ouvre des notes où l’entreprise conseille de « faire bouillir l’eau ».
L’association espère faire des émules et faire évoluer les choses :
« La réglementation sur l’eau de 1999 a été assouplie par un nouveau décret en 2003. Il prévoit que les préfets puissent accorder des dérogations au dépassement du taux de nitrate... C’est comme si on adaptait la qualité de l’eau à la pollution. »
– Lire : « Pollution de l’eau, le Mas gagne son bras de fer contre la Saur »
La Charente Libre, 29 janvier 2009.