Créatrice du site « Eau évolution » dédié à la qualité des eaux, Anne Spiteri s’explique sur ce qui l’a conduit à prendre cette initiative, au moment même où le ministère de l’Ecologie tente de baillonner les lanceurs d’alerte…
– Vous ne vous intéressez pas ici à l’eau potable ?
– A.S. : "Mes travaux ne concernent effectivement pas un quelconque état réglementaire même sanitaire des eaux. Je ne m’intéresse qu’à l’état réel des eaux et des milieux aquatiques vus sous l’angle patrimonial, et en particulier comme espace et source de vie.
– Connaît-on aujourd’hui la qualité réelle des eaux ?
– A.S. : "Non. Et si on ne connaît pas la qualité réelle des eaux, c’est parce qu’on la mesure mal. Les ménages, les industries et l’agriculture déversent des milliers de tonnes de substances toxiques dans les cours d’eau. La plupart ne sont pas recherchées, ou mal recherchées, ce qui revient au même car on ne peut trouver dans l’eau que ce que l’on cherche, et que l’on cherche correctement".
– Mais la Directive Cadre Européenne sur l’eau, ce n’est pas fait pour ça ?
– A.S. : "La DCE est d’abord un outil pour harmoniser et améliorer la gestion de l’eau afin que tous les pays européens parviennent rapidement à un état minimum acceptable. En matière de connaissance à acquérir, si ses recommandations sont ambitieuses, ses obligations sont très insuffisantes et ne peuvent donner qu’une estimation très tronquée et très décalée de la toxicité et de la contamination réelles des eaux".
– Qu’est-ce que c’est exactement la contamination ?
– A.S. : "La contamination, c’est l’imprégnation du milieu naturel par des substances qui n’ont rien à y faire. On devrait normalement avoir zéro-contamination pour toutes les substances chimiques de synthèse comme les pesticides, les PCB, les dioxines, etc.".
– Pourquoi est-ce si important de connaitre l’état réel des eaux ?
– A.S. : "L’érosion de la biodiversité atteint aussi les espèces aquatiques. L’eau est un compartiment majeur de notre environnement et une ressource vitale. Il faut donc la protéger efficacement. Cela implique d’en connaitre son état du mieux possible".
– Et demain ?
– A.S. : "Avec le dispositif de surveillance mis en place par la France, on ne pourra toujours pas connaître la contamination réelle des eaux, ni comprendre pourquoi les grenouilles par exemple changent de sexe et y remédier, ni boire l’eau même traitée en toute confiance mais ce n’est pas le sujet qui nous intéresse ici. Seule une surveillance patrimoniale permettrait une connaissance réelle et approfondie de la ressource ainsi que la compréhension du fonctionnement et des évolutions à long terme des écosystèmes.
Elle permettrait de mettre en évidence la dégradation des milieux par rapport à l’état de référence qui est zéro contamination pour les polluants chimiques synthétiques, ou d’établir un lien entre les substances chimiques et les phénomènes de toxicité constatés. Mais les protocoles de mesure associés à ce type de surveillance sont beaucoup plus exigeants que ceux qui sont prévus".
La désinformation récurrente sur l’état réel des eaux et des milieux aquatiques
L’information technique est élaborée à partir des données brutes sur l’eau qui concernent à la fois la qualité et la quantité. Les enjeux environnementaux d’une bonne surveillance et d’une bonne évaluation de l’état des eaux sont immenses : connaissance, gestion et protection de la ressource, maintien de la biodiversité, mise en place de réactions adaptées et pertinentes à l’érosion de la biodiversité et au changement climatique, contrôle de l’efficacité des mesures mises en œuvre, etc.
Les travaux d’Anne Spiteri, articles du site Eau-Evolution dont une synthèse sur l’état réel des eaux et des données sur l’eau, montrent que les informations publiques sont déficientes par rapport aux enjeux environnementaux et aux données existantes elles-mêmes très partielles et insuffisantes.
– A.S. : "Vingt cinq ans après Tchernobyl, la crise de défiance sur l’information environnementale n’est toujours pas résolue. L’information publique élaborée à partir des données brutes existantes, en plus de manquer de transparence et de réactivité, est simpliste, réductrice, partielle et insuffisante, voire erronée.
En particulier, on ne tire pas toutes les informations que l’on devrait à partir des données brutes existantes (connaissance des pics de concentration en périodes sensibles pour la vie aquatique, connaissance des cocktails de substances chimiques dans les eaux ou les sédiments, connaissance des impacts toxiques potentiels et réels sur les espèces vivantes et leur communauté, sous-évaluation des pollutions, contaminations et toxicités, production de statistiques pertinentes et représentatives notamment sur les tendances, etc.).
Qui plus est, les données brutes existantes sont et seront toujours elles-mêmes très partielles et insuffisantes. Ce qui signifie que même en utilisant un jour des méthodes de traitement de ces données plus pertinentes, on ne pourra plus connaitre rétrospectivement l’état réel des eaux et des milieux aquatiques (limites analytiques des analyses trop élevées par rapport aux teneurs réelles et aux performances analytiques de notre époque, très peu de données de toxicité et dans très peu de compartiments, fréquences insuffisantes, périodes sensibles mal mesurées, cocktails pas pris en compte, relativement peu de substances chimiques mesurées et mal mesurées en particulier pour les métabolites et produits de dégradation, les perturbateurs endocriniens, etc.).
Il y a donc déficience, que ce soit au niveau des informations synthétiques présentées au public qu’au niveau des données brutes sur l’état réel des eaux. Cette double couche de déficience concerne le passé, le présent mais aussi l’avenir, et c’est grave".
– Des exemples précis ?
– A.S. : "A travers les questions des PCB dans les rivières et des algues vertes en Bretagne, l’histoire récente nous a montré que l’information et l’anticipation en matière de qualité des eaux brutes faisaient gravement défaut. Malgré la convention d’Aarhus signée en 1998, il semble bien que la situation dans ce domaine ne s’améliore pas. Quand elle n’est pas distillée de façon tronquée ou trop tard, l’information officielle sur l’état des eaux et des milieux aquatiques est si vague et si confuse que l’on est même en droit de se demander à quoi ou à qui elle peut bien servir.
L’évolution du contenu des bilans sur les pesticides dans les eaux publiés par l’IFEN puis par le SOeS est un bon exemple de mauvaises informations officielles et même de régression de l’information et de désinformation.
Encore de nos jours, les citoyens ne disposent d’aucune évaluation sérieuse et représentative de la contamination et encore moins des tendances pour les pesticides dans les eaux. A quoi et à qui servent tous ces bilans pesticides qui se suivent et rivalisent d’inconsistance dans leur contenu ?
Autre exemple, le chapitre "L’eau" du rapport officiel "L’environnement en France" de 2010 prête gravement le flan à la critique. Ce rapport présente de nombreuses déficiences en particulier méthodologiques. C’est pourtant le premier document de ce type publié après le Grenelle de l’environnement, après la dissolution de l’IFEN et la création du SOeS et réalisé avec des données issues de la surveillance de la DCE !
Et l’avenir de l’information officielle est plus sombre encore. Pourra-t-on consommer sans risques le poisson issu des rivières classées en "bon état chimique DCE" ? Les poissons et grenouilles ne changeront-ils pas de sexe dans les rivières en "bon état chimique DCE" ?
Car le "bon état chimique" de la DCE, est loin de garantir le bon état chimique et toxique patrimonial. Cet état chimique réglementaire ne prend en effet en compte qu’un tout petit nombre des toxiques susceptibles d’être présents dans l’eau, avec en plus une méthode d’évaluation simpliste et inadaptée basée sur des dépassements de seuils arbitraires par des moyennes annuelles ou des concentrations maximales souvent calculées avec des données inadaptées (fréquence, LQ, etc.), et il ne tient pas compte de la toxicité cumulée de toutes les substances.
Mais plus grave encore est ce qui concerne la surveillance chimique. La Directive fixe un cadre commun dont un protocole minimum obligatoire de surveillance qui n’a malheureusement rien à voir avec une vraie surveillance patrimoniale. A l’intérieur de ce cadre, chaque Etat membre reste libre d’organiser comme il le souhaite la surveillance de sa ressource en eau. Mais il est fortement incité à l’organiser du mieux possible en fonction des problématiques particulières auxquelles il est confronté, je pense entres autres à la pollution chimique pour la France. Nous aurions donc pu espérer que la surveillance française mise en place dans ce cadre ne se limite pas à une approche de gestionnaire orientée vers l’efficacité réglementaire à court terme
L’analyse des textes de cadrage européen et des premières circulaires françaises dévoile en effet l’absence de fondements qui auraient permis d’évaluer correctement la contamination chimique, notamment :
– absence de limites analytiques patrimoniales c’est-à-dire les plus basses possibles,
– absence de prise en compte systématique des problématiques émergentes comme le changement climatique et les perturbateurs endocriniens,
– impossibilité de chiffrer les cumuls de l’ensemble des dégradations chimiques, organiques et physiques qui agissent simultanément sur les organismes vivants,
– protocoles de mesures très insuffisants et inadaptés.
Même si la France possède des bases de données conséquentes composées de prélèvements datant du début des années 1970, force est de constater que l’on a recherché, que l’on recherche et que l’on recherchera toujours mal les substances chimiques et de manière non homogène à l’échelle nationale, que ce soit pour évaluer la pression, la contamination ou la toxicité. La surveillance et l’évaluation de l’état des eaux ne satisfont manifestement pas les besoins de connaissance d’une ressource déclarée patrimoniale. Le curseur de l’exigence est placé bien trop bas par rapport aux enjeux écologiques, sanitaires et climatiques".
Un parcours singulier
Aujourd’hui âgée de 56 ans, Anne Spiteri, polytechnicienne et ingénieur du génie rural des eaux et des forêts, a commencé sa carrière dans la recherche scientifique publique : en biologie à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), puis sur l’eau au Centre d’étude du machinisme agricole du génie rural des eaux et forêts (Cemagref).
– A.S. : "J’ai passé la première partie de ma vie en Tunisie, au Mali et au Sénégal. Cela a surement contribué à me sensibiliser très tôt à l’eau et à son rapport avec la vie sous toutes ses formes. L’eau est d’ailleurs devenue le fil bleu de ma formation et de mon cursus professionnel. J’ai choisi une formation généraliste : scientifique à l’Ecole polytechnique puis dans le domaine eaux-agriculture-forêts à l’Engref (Ecole nationale du génie rural des eaux et des forêts). J’ai complété cette formation généraliste en travaillant dans la recherche publique dans les domaines de la biologie (physiologie végétale et biologie moléculaire végétale) puis de l’eau (procédés d’épuration des eaux usées, écologie des milieux aquatiques d’eau douce, bio-indicateurs et traitement des données environnementales)".
Un regard sévère sur la réalité de la protection publique de l’environnement en France
Elle a ensuite tenté de valoriser ses compétences scientifiques (eau, écosystèmes aquatiques, traitement des données environnementales) dans le domaine de la protection de l’environnement, comme responsable de la police de l’eau en administration déconcentrée du ministère de l’Agriculture (Ddaf), puis comme chargée de mission sur l’eau à l’Institut français de l’environnement (Ifen).
Ces deux expériences lui ont ouvert les yeux sur la réalité de la protection publique de l’environnement en France qu’elle qualifie d’affligeante. Elle-même a été victime de pressions, de menaces et de sanctions atterrantes, en décalage complet avec l’affichage officiel, ainsi qu’avec la nécessité vitale pour l’homme et le maintien de la biodiversité d’une protection efficace de l’environnement.
Elle pense que l’intérêt général devrait être redéfini explicitement car, pour ce qu’elle en a vu, un intérêt général qui prendrait vraiment en compte la protection des équilibres naturels ne paraît malheureusement qu’une vue de l’esprit. Elle signale que l’obligation de respect du secret professionnel dans le domaine de l’environnement, qui est imposée pour tous ceux qui travaillent pour l’Etat, est tout à fait incompatible avec la convention d’Aarhus et la Charte de l’environnement. Elle remarque que l’indépendance et la pertinence de l’information sur l’état de l’environnement ne faisaient pas partie des préoccupations majeures du Grenelle de l’environnement.
– A.S. : "J’ai ensuite tenté de valoriser mes acquis scientifiques et techniques dans le domaine de la protection publique de la ressource en eau, puis dans le domaine de l’information publique sur l’état des eaux. Mais ces dernières expériences ont été pour moi extrêmement décevantes, révoltantes et consternantes : je n’ai pu ni valoriser mes compétences ni faire évoluer en quoi que ce soit des mentalités et des pratiques que j’ai trouvées tout à fait archaïques et décalées par rapport aux différents enjeux modernes.
Des années gâchées dans les placards de l’administration française ; ici, une note de service annonçant soudainement que j’étais "remplacée dans mes fonctions" ; ailleurs, un document "confidentiel" trouvé un jour sur mon bureau qui me signifiait une "faute professionnelle grave" pour "refus de réalisation d’un travail" ; des années de chômage ; le tout pour des raisons que je trouve indignes et incompatibles avec l’intérêt général… et que le devoir de réserve m’empêche de livrer…
J’ai largement expérimenté ce que je considère comme une véritable féodalité de la fonction publique, avec ses petits seigneurs costume-cravate tout-puissants et ses oubliettes pour ceux qui dérangent. Et je suis sans doute étiquetée comme "rebelle" ou "passionnée" : deux défauts suprêmes dans un système qui m’a paru privilégier le sectarisme, le copinage, le carriérisme, l’obscurantisme, la flagornerie, la lâcheté et l’obéissance zélée, à la créativité, au travail en équipe, à l’ouverture d’esprit, à la compétence, au respect de l’expertise scientifique et surtout au sens du service public et de l’intérêt général.
Je ne m’attendais pas à entrer dans ce que je considère être une chienlit inacceptable lorsque j’ai choisi, à la sortie de l’X, d’entrer dans un "grand corps de l’Etat".
J’en suis d’ailleurs arrivée à la conclusion que l’état de l’environnement était un très bon indicateur de l’état de l’administration, et vice-versa."
Elle rappelle que le décret portant dissolution de l’Ifen a été signé en novembre 2008 et que cet espèce de premier bébé du Grenelle de l’environnement a été de très mauvais augure.
– A.S. : "Le Syndicat national de l’environnement (Sne), majoritaire au sein du Meedat s’est indigné à l’époque : "Nous venons de faire un bond de 20 ans en arrière !". Mes anciens collègues de l’Ifen syndiqués au Sne se sont vaillamment, mais en vain, battus pour alerter l’opinion publique sur le sort de cet institut et de l’indépendance de l’information publique environnementale.
On pouvait d’ailleurs lire sur le site du Sne :
"Les actions du personnel n’ont pu empêcher la réintégration de l’Ifen au sein de l’administration centrale. La mise en place de la fonction statistique dans un établissement public (habituellement dévolue aux administrations centrales), se justifiait par le caractère fortement interministériel de l’action environnementale et par la nécessité de l’indépendance de l’information.
Cette indépendance est désormais battue en brèche. La section locale a dénoncé les manipulations des chiffres par l’administration au service d’intérêts politiques et demande une révision du statut de l’Ifen. Le changement de statut a considérablement affecté la capacité d’action de l’institut et sa possibilité de s’adjoindre des spécialistes des thématiques environnementales émergeantes. Ce changement a également mis en difficulté les fonctionnaires mis à disposition. La capacité d’innovation de l’institut est désormais très réduite".
Je remercie vivement les rares personnalités politiques comme Corine Lepage, Jean-Pierre Sueur ("J’espère très vivement que nous pourrons un jour renouer avec la belle ambition qui était au départ celle de l’Ifen") ou Ségolène Royal qui, à ma connaissance, se sont émues à l’époque sur ce sujet".
La création du site internet Eau-Evolution
Anne Spiteri s’est donc retrouvée, depuis son passage à l’Ifen, à faire trois années de chômage. Pour apporter sa contribution à la lutte contre la désinformation, guidée par l’intérêt général et par l’esprit de la Convention d’Aarhus, elle a créé le site citoyen Eau-Evolution dédié à la connaissance de l’état réel des eaux et des données sur l’eau.
– A.S. : "L’objectif de la vitrine citoyenne Eau-Evolution est de faire parler en toute indépendance les données sur l’eau, pour produire une information consistante sur l’état patrimonial réel des eaux, ou pour montrer qu’elles ne le permettent pas, ce qui est malheureusement souvent le cas. Plusieurs directives européennes font obligation aux Etats de faciliter l’accès à ces données. J’apporte ma petite contribution à l’édifice : "la part du colibri", selon les termes poétiques de Pierre Rabhi, pour plus de pertinence et de transparence dans le domaine de l’information sur l’état des eaux. Je propose aussi une réflexion participative autour d’un nouveau paradigme pour l’eau potable et l’assainissement. Et j’aimerais pouvoir participer un jour à une expérience pilote sur ce sujet".
Son expérience l’a en effet conduite à remettre radicalement en cause "les fondamentaux de la gestion de l’eau" élaborés dans les pays occidentaux depuis le XIXème siècle. Elle appelle à ne pas reproduire dans les pays du Sud ce qu’elle décrit comme "une véritable impasse environnementale, économique et sociale", mais à promouvoir de façon urgente la recherche technique d’un "nouveau paradigme pour l’eau potable et l’assainissement" dont elle propose un exemple sur le site Eau-Evolution.
Eau-Evolution : la connaissance de l’état réel des eaux et des données sur l’eau
Les données brutes relatives à l’état de l’environnement sont désormais accessibles au public. Le site Eau-Evolution les fait parler en toute indépendance pour faire le point, à l’heure où la gestion de l’eau prend une dimension européenne, sur l’état réel des eaux et des données sur l’eau. En zoomant sur quelques zones géographiques ou problématiques bien choisies, les différents articles présentés invitent à une réflexion participative sur l’état des eaux et son évaluation, sur la pertinence des données sur l’eau, et sur un nouveau paradigme pour l’eau potable et l’assainissement.
Une information transparente et pédagogique, essentiellement sous la forme de graphiques et de cartes que chacun peut vérifier et commenter librement. Cette vitrine montre un panel de ce que l’on peut faire avec peu de moyens.
Elle veut contribuer, dans l’esprit de la convention d’Aarhus et de la Charte de l’environnement, à l’enrichissement et à l’évolution de l’information publique sur l’état des eaux considérées avant tout ici comme espace et source de vie.
– A.S. : "Je trouve que la gestion de l’eau est une vielle dame malade et mal entourée. Il faut absolument donner un coup de pied dans la fourmilière et faire évoluer tout cela, d’où le nom de ce site qui, je l’espère, y contribuera un peu ! Le nom du site rappelle aussi qu’il est vital de connaitre enfin sérieusement l’évolution de l’état réel de la ressource en eau pourtant déclarée patrimoine commun de la nation depuis 1992.
J’espère que les bases présentées dans cette vitrine (nombreux exemples de graphiques et de méthodes de traitement des données, index des substances chimiques, cartes de qualité interactives, etc.) permettront à chacun de consulter à l’avenir plus facilement et plus systématiquement les données brutes pour voir par lui-même les évolutions des données sur l’eau et de l’état des eaux, et pour estimer de façon motivée la pertinence des informations officielles sur l’état des eaux et ses tendances. Les résultats, analyses et méthodes proposés peuvent intéresser les particuliers, les associations de protection de l’environnement, les industriels, les agriculteurs, les médecins, les enseignants, les étudiants, les scolaires, les journalistes, etc.
Je remercie vivement le WWF et tout particulièrement Monsieur Deshayes, responsable des Programmes Eau Douce/Agriculture, ainsi que vous-même, Monsieur Laimé, pour vos soutiens appuyés dès le démarrage et tout au long du projet".
Un outil inédit : des cartes de qualité patrimoniale interactives
Les cartes présentent de façon conviviale de nombreux paramètres de qualité, macropolluants et micropolluants, et pour différents compartiments aquatiques, eaux ou sédiments des cours d’eau et eaux souterraines. Elles présentent aussi la qualité des données brutes elles-mêmes, comme par exemple les limites de quantifications ou les nombres de substances chimiques recherchées par prélèvement. La contamination par les micropolluants est autant que possible abordée de façon globale, c’est-à-dire pour les cocktails de substances. On trouve aussi des cartes présentant les essais d’évaluation de la toxicité de l’eau occasionnée par ces cocktails. De nombreuses requêtes sont disponibles qui permettent en particulier de présenter de façon continue la gradation de qualité entre les différents points indépendamment de toutes références de qualité réglementaires.
Des propositions
– A.S. : "Il faudrait pratiquement tout remettre à plat dans le domaine de l’eau. Et de façon urgente :
– Mettre en place une information environnementale indépendante, pertinente, consistante et réactive. Ce qui implique d’une part qu’elle soit réalisée par des experts reconnus en écologie et en analyse mathématique des données de l’environnement et que ces experts disposent de moyens financiers et humains conséquents ainsi que de toute l’indépendance nécessaire. Et d’autre part que les protocoles de surveillance des eaux soient revus immédiatement et corrigés chaque année pour fournir des données toujours plus patrimoniales au fur et à mesure des progrès scientifiques écologiques et analytiques. Je rappelle qu’une ressource patrimoniale mérite une surveillance et une évaluation patrimoniales.
– Mettre en place une police de l’eau et de l’environnement réellement indépendante, qui soit très présente sur le terrain et qui ait des vrais moyens financiers, en expertise écologique et en contrôle.
– Revoir l’ensemble de nos modèles en profondeur, en toute indépendance et avec les bases scientifiques écologiques sérieuses qu’ils n’avaient pas à l’époque où on les a conçus. Avec aussi une approche intersectorielle et interdisciplinaire qui seule pourra aboutir à des changements structurels à la hauteur des enjeux dont ceux du maintien de la biodiversité et du changement climatique. En particulier nos modèles agricoles, de gestion de l’eau et d’alimentation en eau potable et d’assainissement, ainsi que les autorisations des rejets organiques et chimiques ponctuels ou diffus, tous secteurs confondus. En veillant à prendre systématiquement en compte des cumuls des impacts, les cumuls des rejets et les possibilités d’accumulation dans les sédiments et les biotes".
Bravo Madame... Le site est impressionnant. En espérant que les "citoyens" soient au rendez-vous !