Ca ne s’arrange pas ! La Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) répond à Que Choisir, sous forme d’un « quizz » des 7 erreurs, et tacle à nouveau, après M. Henri Proglio, P-DG de Veolia, les « inepties » de l’association de consommateurs…
La FP2E riposte donc avec un numéro spécial « Congrès des maires » de son bulletin Aquae.
On notera le silence abyssal de l’Etat, pourtant garant du « patrimoine commun de la nation », que constitue l’eau depuis la loi de 1992…
Après la loghorrée de notre ami « l’entrepreneur », à qui nous avons répondu ici même, l’argumentaire des Trois Sœurs reste tout de même un peu pâlichon, même si certains points méritent examen.
Au total l’empoignade révèle bel et bien l’absence d’une autorité de régulation incontestable du secteur.
C’est l’Onema qui va avoir pour mission d’en mettre en place un succédané « faisant office de… », avec moult « indicateurs de performance » à la clé.
Ce qui nous promet encore nombre d’altercations multimedias.
Une question nunuche tout de même. Si l’eau ne rapporte décidément rien, comme le clament nos amis urbi et orbi depuis des années, si des centaines de contrats affichent même des résultats négatifs, comment diable se fait-il que les résultats de Veolia et Suez affichent des progressions à deux chiffres, qui font la joie de leurs actionnaires ?
Là je cale, je n’ai toujours pas compris… Manque d’expertise sur la pompe à phynances, enfin « l’ingenierie financière », comme ils disent…
Cerise sur le gâteau, la FP2E "en appelle au Medad" pour rétablir la vérité !
On commence à comprendre pourquoi le Grenelle ne comptait pas d’atelier eau...
commentaires
Ci-après dépêche AFP :
Prix de l’eau : "volonté de nuire à tous les acteurs", selon la FP2E
20.11.07 | 17h18
La fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) a estimé mardi que l’UFC-Que Choisir exprimait une "volonté de nuire à tous les acteurs" du secteur dans son étude sur le prix de l’eau.
L’attitude de l’association de consommateurs est "inacceptable" parce que "leurs calculs sont grossièrement faux, pas à la marge mais du simple au double" et frappés d’un "grave défaut d’objectivité", a déclaré à l’AFP le vice-président de cette fédération, Antoine Frérot, par ailleurs directeur général de Veolia Eau.
Après que la FP2E a dénoncé lundi les "graves erreurs" de cette étude, l’UFC-Que Choisir a réclamé mardi que les groupes Suez et Veolia publient des "comptes détaillés" sur les prix de l’eau au lieu de "comptes administratifs extrêmement agrégés, donc illisibles".
Selon la FP2E, "les vrais chiffres sont publics. Ce sont les comptes annuels de résultat, contrat par contrat", conformément à un décret de mars 2005 "qui décrivent précisément tout ce qu’il doit y avoir, par exemple les frais de personnel, les frais d’assurance, les frais d’analyse, les impôts et taxes".
Alors que l’UFC-Que Choisir déplore que la page de son site internet à disposition des entreprises pour y inscrire leurs calculs reste "blanche", la FP2E a rappelé qu’elle n’avait pas obtenu de droit de réponse à une précédente étude de l’UFC en 2006 et qu’elle renvoyait vers ces comptes "publics", disponibles en mairie.
Bonjour Monsieur et bravo pour votre blog. Les arguments y sont précis et de qualité. Et merci pour la pub que vous avez bien voulu me faire.
Je pense que le débat peut se résumer comme suit :
1. Que Choisir pense qu’il est de l’intérêt du consommateur de vendre l’eau le moins cher possible (selon mon approche, cela signifie en dessous de son prix de revient)
2. Que Choisir compare le prix du m3 de grandes régies municipales qui ont des besoins en investissements faibles (Alpes, MAssif Central) avec des délégataires privés qui sont obligés d’investir beaucoup (Ile de France) sur une durée contractuelle faible (15 ans)(selon mon approche, ces entreprises privées sont alors obligées d’ amortir vite ces investissements, entrainant une hausse du prix de l’eau.)
3. Des acteurs respectables de l’internet pensent que ce précieux liquide qu’est l’eau potable, source de vie, etc. ne doit pas être traité comme un service marchand, mais recèle des vertus intrinsèques qui devraient interdire toute activité marchande à son sujet. (selon mon approche, il s’agit d’un service public comme les autres qui nécessite des processus industriels complexes).
Donc il n’y a pas UN débat, il y a trois débats :
* Que Choisir qui fait dans le Trash pour faire de l’audience sans rigueur méthodologique,
* un débat public-privé et faut-il déprivatiser,
* un débat sur l’eau patrimoine mondial et son maintien dans ou hors de la sphère marchande (merci Mme Mitterrand).
Je suis ingénieur, j’ai produit de l’eau il y a 20 ans, donc le troisième débat (eau patrimoine mondial) me parait surréaliste.
Sur le premier débat, le Trash , ce qui me navre, c’est pas le manque de rigueur de Que Choisir, c’est le manque d’esprit critique de médias "économiques" de type Les Echos, de La Tribune, du Figaro, de l’Expansion , du Monde etc. qui ont repris mot pour mot toutes les formules chocs de l’association.
Le sujet qui me fait réagir, c’est clairement le second débat : sans tomber dans la caricature, et s’en prendre au secteur public en général, comment peut on au XXIème siècle défendre l’idée que la sphère publique serait mieux placée que des entreprises privées pour exploiter un service public marchand ?
Appliqué à la lettre, le raisonnement de Que Choisir est celui qui a prévalu à la SNCF pendant 50 ans et qui a fait trouvé ses limites (subventions publiques, faibles gains de productivité, difficulté de l’exploitant à assurer l’amortissement de ses investissements puis transfert sur la collectivité du financement des infrastructures ferroviaires).
Quand il faut investir (ce qui est le cas pour l’eau et ce qui va s’accentuer), il vaut mieux un exploitant privé qui dégage par une saine gestion les gains de productivités nécessaires pour se payer et amortir vite les investissements qu’une régie publique indolente qui s’interdit de faire des bénéfices.
D’autant que le prix de l’eau potable ne pèse que 0,4% du budget des ménages. Et que je serais le premier à vous soutenir si vous mettiez sur le tapis le prix du Kwh qui pèse 6% du budget des ménages, poste qui va augmenter (où l’ouverture de la concurrence oblige les acteurs à augmenter les prix, de quoi tomber par terre).
Très cordialement.
Antoine DAVID
On notera le silence abyssal de l’Etat
Dans votre guerre de tranchée, n’oubliez pas qu’il y a des salariés...
"Les coûts de personnel pris en compte dans les charges sont divisés par deux dans la plupart des villes étudiées par l’UFC par rapport à la réalité de terrain. Pourtant, ces données sont accessibles en Mairie. Par cette approche, l’UFC considère que le nombre de salariés est pléthorique et qu’une réduction drastique est envisageable. La FP2E dénonce vigoureusement ce diagnostic."
Il m’est difficile de croire que des patrons actionnaires doivent justifier la présence de salariés en nombre suffisant pour faire fonctionner des services publics pour lesquels ils ont reçu des délégations des maires. Mais il m’est encore plus choquant de voir que les défenseurs du
retour en régie municipale ne s’intéressent guère aux salariés trop occupés à ce nouveau joujou électoral : L’Eau.
Comme Anne le Strat, Pédégère d’Eau de Paris qui lance :
Phrase mise en exergue par ses amis de Paris’Obs (N°2244) comme un panneau électoral brandit à la face du citoyen électeur.
N’est-ce pas totalement démagogique et hors débat ?
Ou comme Bertrand Delanoe, candidat à la Mairie de Paris 2008 qui pour motiver les salariés qui ont subit depuis 1987 (20 ans) des restructurations permanentes dans les services annonce au sujet de l’Opérateur Unique de l’Eau à Paris :
Voilà, entouré de tous ses conseillers, ils ont cherché et ils ont trouvé :
ce sont les salariés qui sont responsables de la hausse du prix de l’eau.