A la veille du premier tour de l’élection présidentielle, le site spécialisé Actu-environnement a interrogé l’ensemble des candidat(e)s sur leurs projets dans le domaine de l’environnement. Revue des engagements annoncés pour l’eau et l’agriculture. Outre quelques surprises, un très net clivage gauche-droite, et une « topographie mentale » qui dessine bien les orientations qui devront être décidées dans les tous prochains mois. Ces déclarations ont aussi valeur de sondage : la gauche a déjà gagné en portant sa réflexion à la hauteur des enjeux que posent des sujets essentiels. Que va-t-elle faire de sa victoire ?
(…) AE : Quelle est votre vision pour une bonne gestion de l’eau et le partage de ses usages ?
FH : Ce sont à la fois une réflexion pertinente sur l’aménagement du territoire et une politique ambitieuse de l’eau qu’il faut mener. Pour cela, le premier axe de notre politique sera de réorienter la politique des agences de l’eau vers le préventif, soit vers le grand cycle de l’eau et l’animation des territoires.
Ceci suppose de rationaliser l’ensemble de notre gouvernance et de mettre nos élus et nos concitoyens au cœur des décisions. Des mesures concrètes en découlent : un collège spécifique des usagers domestiques aux comités de bassin, des représentants des usagers dans les structures de gestion des services d’eau, etc.
Les élus de nos collectivités doivent avoir les moyens de choisir le mode de gestion de l’eau et de l’assainissement le plus adapté à leur besoin. Il faudra qu’ils puissent s’appuyer sur des pôles d’ingénierie publique territorialisés où trouver conseil et expertise dans les domaines technique, juridique et financier.
Une grande loi-cadre sur l’eau permettra de répondre à ces défis. Dans sa partie consacrée au service public de l’eau et de l’assainissement, elle devra fixer des grands principes en termes d’organisation territoriale, d’accès et de qualité de l’eau. Le prix de l’eau varie de 1 à 10 sur le territoire national, disparités qui ne sont pas acceptables.
(…)
AE : Quel modèle agricole défendrez-vous si vous êtes élu ?
FH : Je défendrai un budget européen ambitieux pour l’avenir de l’agriculture dans sa diversité. J’encouragerai la promotion de nouveaux modèles de production durables et l’agriculture biologique. Je donnerai aux producteurs les moyens de s’organiser pour rééquilibrer les rapports de force au sein des filières face à la grande distribution.
Concernant la PAC, je serai vigilant sur trois points. Le premier c’est de fournir un budget de l’agriculture qui soit à la hauteur des défis en matière de sécurité alimentaire et de sécurité environnementale. Deuxièmement, la réforme devra garantir une architecture de la politique agricole qui permette d’assurer le développement économique durable des productions en favorisant les systèmes d’exploitation créateurs d’emplois et protecteurs des ressources naturelles.
Concernant les OGM, je ne suis pas favorable aux recherches en plein champ, qui peuvent avoir des conséquences sur les autres cultures. Celles réalisées en sites confinés peuvent en revanche être poursuivies, sous réserve d’un strict encadrement. La culture des OGM n’a pas sa place en France telle que proposée actuellement, car ses bénéfices éventuels par rapport aux risques induits sont très contestables. L’interdiction de la mise en culture du maïs MON 810 sera donc maintenue.
Enfin, la réduction de l’usage des pesticides, selon le plan Ecophyto 2018, reste un objectif majeur, pour préserver aussi bien la santé des agriculteurs au premier chef, que notre environnement. Or, on a peu progressé dans ce domaine. Là aussi, l’évolution des pratiques agricoles, le retour de l’agronomie (rotation et association de cultures, lutte intégrée…), le soutien à la recherche et l’innovation pour une agriculture durable, seront pleinement encouragés. »
– Jean-Luc Mélenchon : « Une planification écologique sera débattue et votée au Parlement »
(…) AE : Quelle est votre vision pour une bonne gestion de l’eau et le partage de ses usages ?
JLM : Nous mènerons une intense politique publique pour le droit inaliénable à l’eau comme bien commun de l’humanité en engageant un processus d’appropriation sociale de la gestion de l’eau et de l’assainissement. Nous accompagnerons la gestion publique de l’eau par les collectivités territoriales compétentes afin de leur permettre d’en assurer la maîtrise publique et donc le contrôle par les citoyens et les élus. La gestion de l’eau sera ainsi démocratisée en associant les usagers et en organisant le débat public sur l’utilisation de ce bien commun.
Les collectivités pourront décider, par exemple et si elles le souhaitent, la gratuité des mètres cubes nécessaires à la vie, la facturation progressive des mésusages ou encore des tarifs différenciés entre les ménages et les industriels.
Nous visons à constituer un grand service public de l’eau. Il pourra mutualiser les moyens et les investissements. Il reposera sur une organisation décentralisée et contrôlée localement par les collectivités, les usagers et les salariés.
L’Etat interviendra contre la marchandisation de l’eau pour en finir avec les inégalités de tarifs et mettra en place un mécanisme de péréquation nationale pour permettre des tarifs d’accès égaux au m3 avec l’objectif que les dépenses d’eau par famille n’excèdent pas 3% de leurs ressources conformément aux recommandations de l’OCDE.
Nous voulons sortir du modèle économique qui fait supporter aux usagers sur leur facture, l’essentiel des défis environnementaux et des futurs investissements nécessaires à la distribution et au traitement de l’eau, par des nouvelles modalités de financement. Pour cela, nous créerons une filière publique des métiers et de la recherche sur l’eau et l’assainissement.
AE : Quel modèle agricole défendrez-vous si vous être élu ?
JLM : Nous mettrons en oeuvre un plan de transition écologique de l’agriculture en vue de faire de l’agriculture française un modèle d’agriculture écologique, sans OGM, autonome en intrants et ressources non renouvelables, non contaminantes et contribuant à la lutte contre le changement climatique.
Pour lutter contre la concentration des exploitations nous ferons jouer un droit de préemption systématique des terres libérées en faveur de l’installation d’agriculteurs ou de l’agrandissement de petites exploitations.
Nous agirons pour une nouvelle organisation de l’agriculture dans le cadre des Nations-unies, afin de soutenir le développement de marchés régionaux, de réguler les marchés mondiaux, de mettre en œuvre un plan agricole et alimentaire mondial, de promouvoir la relocalisation et la transition écologique de l’agriculture et de combattre les processus d’accaparement de terres.
Nous serons à l’initiative de la construction d’une alliance stratégique avec les pays engagés dans la défense de la souveraineté alimentaire et de l’agriculture paysanne. Nous impulserons une coopération au développement qui priorise les accords avec les États mettant en oeuvre des politiques de souveraineté alimentaire et de soutien à l’agriculture paysanne.
Nous agirons pour l’adoption d’une politique agricole commune cohérente avec l’objectif de souveraineté alimentaire, centrant la production sur les besoins du marché intérieur et la protection de ce dernier, garantissant aux agriculteurs des prix rémunérateurs, encadrant les pratiques de la grande distribution au moyen des prix minimums aux producteurs et de coefficients multiplicateurs maximums. »
– Eva Joly : « Je porte le projet d’une réelle transition énergétique »
(L’équipe d’Eva Joly n’a pas répondu à la question sur la gestion de l’eau posée par Actu-environnement...)
(…) AE : Quel modèle agricole défendrez-vous si vous être élue ?
EJ : Pour faire évoluer le modèle agricole, il sera nécessaire de mettre en place une série de mesures à différents niveaux, portant sur la démocratisation de la gouvernance de l’ensemble des structures agricoles et para-agricoles, sur l’installation des agriculteurs plutôt que l’agrandissement, sur le maintien d’une agriculture paysanne, le soutien de l’agriculture biologique qui est pour nous le modèle le plus abouti d’agroécologie, mais aussi le soutien à d’autres formes d’agro-écologie comme l’agriculture intégrée, l’agriculture durable.
Je réorienterai la recherche agronomique et l’enseignement agricole et agronomique vers l’agroécologie.
J’instaurerai une taxe sur les nitrates et augmenterai de façon très conséquente la redevance sur les pesticides en utilisant son produit pour aider les agriculteurs à sortir des pesticides en une génération. L’ensemble de ces mesures sera déterminé par une nouvelle loi d’orientation agricole remplaçant l’actuelle loi de modernisation agricole.
Au niveau européen je considère que la réforme proposée pour la PAC ne va pas suffisamment loin en termes social et environnemental. Je souhaite que la France influence cette réforme de manière à ce que les aides soient plafonnées par actif et selon des critères environnementaux beaucoup plus sérieux, afin que les aides aillent en priorité aux agriculteurs créant de l’emploi et préservant les ressources naturelles. J’inciterai à la mise en place d’un plan protéine à l’échelle européenne afin que la France devienne autosuffisante en protéines végétales au lieu d’importer du soja.
Enfin j’inciterai à la mise en place de mesures de régulation et de protection afin que les agriculteurs soient le moins possible soumis aux fluctuations incessantes des cours, à la spéculation et au dumping social et environnemental et aux concurrences injustes et ruineuses. Concernant les OGM je suis fermement opposée à leur culture en plein champ et je pense que l’Europe devrait les interdire. »
– Philippe Poutou : « L’ensemble de la politique doit être irriguée par des objectifs écologiques »
(…) AE : Quelle est votre vision pour une bonne gestion de l’eau et le partage de ses usages ?
PP : Concernant la problématique de l’eau, il y a plusieurs angles d’approche surtout quand on évoque et la sécheresse et la gestion de l’eau. La France exporte malheureusement depuis des décennies sa gestion de l’eau, son modèle le partenariat public-privé s’étend dans bien des pays du monde où la gestion était jusqu’alors publique. Les trois leaders d’ailleurs de la distribution et de l’assainissement d’eau sont des entreprises françaises, les trois soeurs : Veolia, Suez et la Saur.
Les militants du NPA se battent partout pour un retour en régie publique comme nous l’avons fait à Montreuil, Bobigny, Quimper, Saint-Pierre Des Corps ces derniers mois. Nous sommes aussi pour un service public national de l’eau et une gestion locale. Locale car les ressources elles sont locales et que nous sommes pour une vrai démocratie des services publics gérés par les usagers et les salariés.
Mais il n’y a pas que cela il faut également que l’industrie et l’agriculture arrêtent de piller nos ressources comme elles le font. La question du comment produire est donc vitale. Les subventions font que la plus part du temps et n’importe où sur le globe on produit une agriculture à forte valeur ajoutée sans ce soucier de la voracité en eau et des besoins des populations. En 2003 lors de la dernière grande sécheresse, le maïs recouvrait les champs français alors que c’est la plante la plus consommatrice d’eau, idem en Afrique avec le café et le coton qui consomme beaucoup d’eau et ne permettent pas de manger.
Comme l’ont fait la Bolivie, l’Uruguay ou le Venezuela, il faut inscrire dans la constitution que l’eau soit un bien public et universel et garantir son accès à toutes et tous. Le NPA en plus de défendre une gestion publique et pour un tarif social avec 40 litres gratuits par foyer et par personne et une facturation exponentiel qui condamne les gros consommateurs.
AE : Quel modèle agricole défendrez-vous si vous être élu ?
PP : La PAC est un échec dramatique. Elle repose sur un modèle libéral qui est intenable sur le plan économique, social et écologique. Lui passer une couche supplémentaire de vernis vert ne résoudra pas les problèmes auxquels est confrontée l’agriculture française.
Il ne s’agit donc pas de "verdir" la PAC mais de repenser l’agriculture. Nous proposons trois mesures phares pour le secteur agricole et notamment sortir l’agriculture du système libéral qui met en concurrence les producteurs de tous les pays quels que soient leurs systèmes productifs et qui les soumet à la spéculation financière.
Nous souhaitons favoriser les petites exploitations et plus particulièrement en bio, sans OGM pour que les nutriments naturels reviennent fertiliser la terre détruite par des décennies d’agriculture productiviste. On entend souvent dire que la culture bio ne saurait nourrir l’humanité, mais c’est au contraire si l’on poursuit dans la folie de l’agriculture capitaliste que la terre ne nous nourrira plus.
Pour favoriser les petites exploitations, il faut donc réformer le foncier : l’État doit intervenir en acquérant des terres et en les cédant à des jeunes sous forme de baux de carrière. »
– Nathalie Arthaud : « Nous tenons à dénoncer l’hypocrisie du Grebnelle de l’environnement »
(…) AE : Quelle est votre vision pour une bonne gestion de l’eau et le partage de ses usages ?
NA : C’est une banalité de dire que l’eau est une ressource fondamentale pour l’humanité. Mais il est très significatif de notre société qu’elle soit devenue une source de profit pour quelques grandes sociétés de distribution comme Véolia ou Suez. Ces compagnies ont organisé au fil du temps un véritable racket des communes et des usagers.
La distribution et le traitement de l’eau doit être un service public totalement sous le contrôle de la population. Lutte Ouvrière est pour la gratuité de l’eau qui est fondamentale pour l’usage des particuliers.
AE : Quel modèle agricole défendrez-vous si vous êtes élu ?
NA : La filière agroalimentaire est dominée d’un bout à l’autre par les Monsanto, les Danone, les Kraft ou les Auchan ou Carrefour. Toute la politique agricole en France et en Europe a eu comme conséquence de faire disparaître des dizaines de milliers de petites exploitations agricoles pour faire entrer l’agriculture dans le marché capitaliste.
Au fil des réformes successives, la PAC a toujours subventionné massivement les plus gros producteurs au détriment des petits alors qu’il faudrait imposer l’inverse.
Les problèmes de l’alimentation ne se réduisent pas à une question de technique. C’est pourquoi nous ne sommes ni des défenseurs inconditionnels ni des adversaires des OGM.
Ce qui pose problème dans l’affaire des maïs OGM, c’est le monopole de Monsanto qui empêche les agriculteurs de réutiliser leurs propres semences, c’est l’opacité absolue qui entoure la recherche, la production de ces semences et les informations sur les risques éventuels.
Je comprends la méfiance d’une partie de la population et des petits producteurs. C’est en partie leur mobilisation qui a abouti au moratoire sur le MON 810. Mais nous refusons de nous en prendre à la seule technique sans contester l’organisation sociale et économique. »
– Nicolas Sarkozy : “ Le Grenelle de l’Environnement constitue une feuille de route jusqu’en 2020 ”
(…) AE : Quelle est votre vision pour une bonne gestion de l’eau et le partage de ses usages ?
NS : Réunissant plus de 20 000 participants venant de 140 Etats, le Forum de Marseille a effectivement permis de constater les progrès, mais aussi le chemin qui reste à faire pour apporter l’eau et l’assainissement à tous les habitants de la planète.
A cet égard, tant par son climat que par les investissements faits au cours des décennies passées, la France reste une nation privilégiée en matière d’accès à l’eau : même lors des plus grandes sècheresses, la quasi-totalité de la population a pu disposer de la quantité nécessaire à ses besoins. Néanmoins si la France ne manque pas d’eau, celle-ci est souvent mal répartie dans le temps et dans l’espace.
Face à ces phénomènes, je veux continuer d’agir selon 3 axes : optimiser l’utilisation de la ressource, en poursuivant l’effort d’interconnexion des réseaux d’eau potable et en stockant l’eau chaque fois que cela est possible sans conséquences environnementales néfastes ; adapter nos usages et comportements pour réduire de 20% notre consommation en eau d’ici 2020 : il s’agit des économies d’eau que tout un chacun peut faire dans la vie courante, mais aussi et surtout d’économies dans les processus industriels ou agricoles, que ce soit par l’utilisation de techniques plus économes en eau ou le retrait de l’irrigation de certaines parcelles ; réaffirmer un principe de solidarité entre usagers, que ce soit envers les plus pauvres d’entre nous ou localement entre les différents usages, à travers une gestion de l’eau par bassin versant qui associe directement les usagers.
C’est tout le sens de la loi de 2011 relative à la solidarité dans le domaine de l’eau et de l’assainissement ainsi que du plan que j’ai lancé le 9 juin. Ce plan va maintenant être décliné territorialement par bassin versant afin de trouver le meilleur équilibre entre les différents usages.
AE : Quel modèle agricole défendrez-vous si vous êtes élu ?
NS : L’enjeu pour la France est de disposer d’une agriculture qui satisfasse les besoins de tous les Français.
Or, pour l’instant, l’agriculture bio française n’est pas autosuffisante, ce qui nous oblige à importer. Plus de 100 millions d’euros d’aides directes sont actuellement consacrés à l’agriculture bio chaque année, notamment grâce au crédit d’impôt "bio". La dynamique est aujourd’hui forte : entre 2008 et 2010, le nombre d’exploitants bio a augmenté de plus de 50%.
Au-delà, nous devons faire en sorte que l’ensemble des activités agricoles soient respectueuses de l’environnement.
Pour ce faire, un vaste plan (dit "Ecophyto") a été engagé il y a trois ans pour réduire l’usage des pesticides de 50% d’ici 2018. Les premiers résultats sont là, puisque le recours aux pesticides les plus dangereux pour la santé et l’environnement a diminué de 87 %.
Je me bats pour replacer l’agriculture au cœur des débats internationaux. Le thème de la régulation agricole constitue le socle de la position commune franco-allemande sur l’avenir de la PAC post-2013. Il me semble que cette question est centrale pour tendre vers un modèle plus durable.
Enfin, s’agissant des OGM, après l’activation de la clause de sauvegarde contre le maïs transgénique MON 810 début 2008, puis à nouveau en mars 2012, les études scientifiques récentes concluent à la persistance d’incertitudes. Son interdiction sera donc maintenue. »
(…) AE : Quelle est votre vision pour une bonne gestion de l’eau et le partage de ses usages ?
FB : L’Europe a fait beaucoup pour mieux réglementer la qualité de l’eau. Mais se pose aujourd’hui la question de la quantité d’eau, qui vient à manquer.
Les agriculteurs partagent évidemment cette inquiétude, notamment dans les régions (à l’ouest de la France) les plus touchées par les sécheresses à répétition.
Les idées évoquées par les forums mondiaux de l’eau, consistant notamment à garantir, pour chaque être humain, une quantité quotidienne minimale vitale d’eau potable, paraît incontournable.
Pour l’agriculture, nous n’aurons d’autre choix que de travailler, avec le monde agricole, à l’élaboration de solutions techniques nouvelles, voire à une adaptation progressive de nos besoins et de nos cultures au regard des quantités d’eau disponibles.
AE : Quel modèle agricole défendrez-vous si vous êtes élu ?
FB : J’ai pris des engagements en direction du monde agricole que je veux défendre dans le cadre des évolutions de la PAC. Défendre le monde agricole, c’est défendre un secteur économique vital pour notre pays, avec des agriculteurs qui puissent vivre de leurs productions.
A côté de cette priorité, nous voulons, bien évidemment, poursuivre et amplifier les actions en faveur d’une plus grande prise en compte des impératifs environnementaux : moins de phytosanitaires, plus d’agronomie, un soutien appuyé à la filière bio.
En matière d’OGM, je poursuivrai la politique de prudence que le gouvernement a suivie jusqu’à présent. »
– Nicolas Dupont-Aignan : « Continuer la concertation du Grenelle de l’environnement »
(…) AE : Quelle est votre vision pour une bonne gestion de l’eau et le partage de ses usages ?
NDA : Ma préférence va à la gestion publique de l’eau car c’est un monopole naturel. De nombreuses municipalités ont repris la gestion de l’eau localement et ont fait de grosses économies sans pour autant sacrifier le tarif et la qualité de l’eau.
Concernant le partage des usages et notamment des utilisations agricoles de l’eau, je rappelle qu’aujourd’hui les agriculteurs utilisent l’eau à leur convenance mais ils font surtout ce qu’ils peuvent, confrontés à la mondialisation. On ne pourra travailler avec eux sur des objectifs d’économies d’eau tant qu’on (aura pas) mis un certain nombre de protections. Dans le cadre actuel je ne suis pas pour des restrictions vis-à-vis de l’agriculture.
AE : Quel modèle agricole défendrez-vous si vous être élu ?
NDA : Je suis partisan d’un nouveau cadre qui permettra de mettre en place des normes environnementales sans pénaliser l’activité agricole par rapport à la concurrence. Dans le cadre des négociations pour la future PAC, je compte associer les agriculteurs et défendre une agriculture plus respectueuse de l’environnement dans un nouveau cadre protecteur.
Concernant les OGM, je suis contre leur culture mais je ne suis pas contre une forme d’expérimentation extrêmement précautionneuse car il ne faut pas rejeter toute forme de progrès.
– Jacques Cheminade : « Défendre la transition énergétique »
(…) AE : Quelle est votre vision pour une bonne gestion de l’eau et le partage de ses usages ?
JC : J’ai participé à l’élaboration d’un plan continental pour la remise en eau du lac Tchad grâce à un aménagement hydrologique du bassin du Congo comme le prévoyait le projet italien Transaqua. Si mis en œuvre, ce projet permettra de sauver des millions de vies actuellement menacées au Sahel.
Aux Etats-Unis, je souhaite qu’on reprenne le grand projet NAWAPA abandonné après l’assassinat de Kennedy.
En France, la construction immédiate de retenus d’eau permettrait d’optimaliser l’utilisation des eaux de pluies.
Pour certaines régions européennes, grâce à la transition énergétique que je préconise, le dessalement de l’eau de mer offrira une solution.
Pour certaines cultures, une agriculture de précision, possible grâce au GPS et aux satellites, permettra à nos agriculteurs d’être plus économe en eau et en pesticides. Science et environnement avanceront la main dans la main.
AE : Quel modèle agricole défendrez-vous si vous êtes élu ?
JC : Je compte bannir toute spéculation sur ce qu’on mange (trackers, index, produits dérivés dépourvus d’objet).
En retournant aux principes fondateurs de la PAC (prix garantis, stocks physiques, préférence communautaire, etc.), je compte mobiliser en premier lieu l’agriculture productive à haute densité capitalistique capable de nourrir au moins 9 milliards d’humains, d’ici 2050.
Pour la rendre compétitive, je compte promouvoir l’innovation et la révolution des biotechnologies et non pas simplement baisser le coût du travail.
Ensuite, je pense qu’il peut y avoir une plus grande place pour l’agriculture biologique, celle des labels, des AOC et des terroirs, pour lequel il faut encourager les circuits courts.
Dans les deux cas, je demande qu’on marque sur l’étiquette le pourcentage du prix payé arrivant réellement dans la poche du producteur.
Les aides de la PAC doivent être de nouveau couplées à la production et modulées en fonction des régions, des années et des filières.
Je ne suis pas hostile aux OGM sous condition qu’au lieu des grands cartels privés, l’Etat et la recherche publique en restent maîtres. »