Un collège d’experts devra décrire d’ici au 31 décembre 2025 les polluants éternels employés ou émis dans les usines de Pierre-Bénite. La métropole se félicite ce mardi 6 août de cette « décision historique ».
C’est le poison du siècle. Un juge, saisi par la métropole de Lyon, a ordonné une expertise indépendante pour évaluer la responsabilité des industriels Daikin et Arkema dans la pollution aux Pfas, en aval de la ville dans la fameuse « vallée de la chimie ».
Un collège d’experts devra décrire d’ici au 31 décembre 2025 les polluants éternels employés ou émis sur la plate-forme de Pierre-Bénite depuis sa création, et donner son avis sur les dates à partir desquelles les entreprises ont eu connaissance de leurs effets potentiellement néfastes sur l’environnement, selon une copie de la décision rendue vendredi 2 août par un juge des référés à Lyon.
« Je me félicite de cette décision historique. La mobilisation de la science doit permettre à des experts indépendants de se prononcer sur les responsabilités exactes d’Arkema et de Daikin comme sur les préjudices subis par nos collectivités », a déclaré dans un communiqué le président de la métropole, l’écologiste Bruno Bernard, en se félicitant de cette « décision historique ».
Pour lui, l’expertise devrait confirmer à terme le rôle des deux groupes chimiques et « l’étape suivante sera d’aller les chercher sur le principe du pollueur-payeur ». La métropole leur demandera alors d’indemniser le surcoût lié au traitement de l’eau courante polluée par les Pfas.
Quasi indestructibles, les Pfas, une famille regroupant plus de 4700 molécules, s’accumulent avec le temps, d’où leur surnom de « polluants éternels ». En cas d’exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers, d’après de premières études.
Le français Arkema et le japonais Daikin utilisent depuis des années des Pfas dans leurs usines de Pierre-Bénite, mais la nature et le volume de leurs rejets dans le temps restent mal connus. Lors de l’audience, en mai, leurs avocats avaient demandé le rejet de la demande d’expertise, en arguant n’avoir commis « aucune faute civile ».
« Ce sont des produits librement mis sur le marché », avait notamment plaidé Me Elodie Simon pour Arkema.