Le Parlement européen a décidé le mardi 13 janvier 2008 d’interdire l’utilisation dans l’espace européen de 22 substances dangereuses entrant dans la composition d’herbicides, de fongicides et d’insecticides.
Le texte qui entrera en vigueur dès 2009 est le fruit d’un compromis avec les 27 Etats membres. Ainsi, si deux fongicides (le Carbendazim et le Dinocap) seront interdits dès cette année, les dernières autorisations pour certains produits aux effets perturbateurs sur le système endocrinien n’expireront pas avant 2018...
Considérées comme cancérigènes, toxiques pour la reproduction ou ayant des effets perturbateurs sur le système endocrinien, nombre de ces substances sont toujours produites par les géants de l’industrie chimique allemande, Bayer et BASF.
"Il s’agit de 22 substances sur 500, soit moins de 5 %", expliquait le 18 décembre dernier l’eurodéputée verte allemande Hiltrud Breyer, en marge d’une conférence de presse. Les industriels du secteur phytosanitaire annonçaient l’interdiction de 40 % des substances.
« C’est une honte. On a abusé [des agriculteurs] avec des informations erronées. (...) Maintenant, l’industrie a toutes les raisons d’innover pour fabriquer des produits sûrs », avait-elle insisté.
Saluée par les écologistes comme l’une des législations les plus restrictives au monde en matière de pesticides, l’adoption de cette liste noire est « une victoire des Verts et des environnementalistes qui ont su collectivement résister aux énormes pressions » de l’industrie, s’est toutefois félicitée l’Italienne Monica Frassoni, coprésidente du groupe des Verts au Parlement européen.
Le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF) a lui aussi salué la nouvelle législation dans un communiqué, mais regrette que les débats aient dilué certaines restrictions initialement imposées à des produits susceptibles de « conséquences neurologiques et immunologiques graves pour le développement prénatal des enfants ».
Le MDRGF déplore aussi l’absence de « mesure forte pour protéger les résidents des milieux agricoles exposés aux pulvérisations de pesticides », de « zone tampon » près des cours d’eau et d’interdiction « pure et simple » de l’usage des pesticides en milieu urbain.
Lire aussi :
Paquet Pesticides : adoption par le Parlement européen
Journal de l’environnement, 14 janvier 2009.