La « crise des PCB » qui avait subitement enflammé les medias il y a deux ans est entrée dans la phase de gestion de « l’après-crise »… A bas bruit. D’un côté, résultat de la « mobilisation générale » annoncée par l’Etat en octobre 2007, la presse relaie aujourd’hui les espérances que fait naître un marché de la dépollution jugé « prometteur »… De l’autre les pêcheurs professionnels frappés de plein fouet, qui y ont perdu leur activité, n’ont toujours pas été vraiment indemnisés, ni se sont vu offrir la reconversion qui leur avait été promise. Ils est vrai qu’il ne sont pas assez nombreux pour aller incendier une préfecture…
Dans son édition du 26 mai 2009, le quotidien Le Monde publie un article que l’on n’aurait garde de qualifier de propagandiste, même si l’on y songe très fort, qui s’attache à évaluer les perspectives, radieuses, qu’offrirait le marché « prometteur » de la dépollution des centaines de milliers de tonnes de sédiments contaminés qui empoisonnent tous les fleuves français.
Un marché qu’entend bien s’arroger le « pôle de compétitivité » Axelera, créé à Lyon, regroupant une trentaine de partenaires publics et privés, piloté par la Lyonnaise des eaux, et qui a déjà bénéficié de 10,5 millions d’euros de subventions publiques.
« La problématique de la contamination des cours d’eau aux PCB fait l’objet de peu de recherche au niveau européen et pourrait rapporter gros si les pays membres s’engageaient dans la remise en "bon état" écologique des masses d’eau pour 2015, prévue dans la directive-cadre sur l’eau. "On peut extrapoler à 10 milliards d’euros le marché européen pour parvenir à cet objectif", estime Bruno Allenet. », souligne Le Monde.
En face plusieurs dizaines de pêcheurs professionnels en eau douce s’insurgent de ne pas avoir été encore, ni totalement indemnisés à proportion d’un manque à gagner qui excède très largement la somme forfaitaire de 30 000 euros qui leur a été offerte pour solde de tout compte, lors même que ce sont les investissements consentis dans une toute une vie professionnelle que la crise des PCB a réduit à néant.
Comme d’attendre toujours de voir se concrétiser les engagements des pouvoirs publics de faciliter leur reconversion sur des sites qui pourraient les accueillir.
Pire, certaines organisations de pêcheurs amateurs font parfois délibérément obstacle à ces relocalisations, soutenus par des élus locaux, qui craignent les « retombées négatives » de pareilles migrations…
Dans son édition du mois d’avril 2009, la revue « Le pêcheur professionnel » a ainsi publié une enquête accablante, titrée « Pêcheurs complètement bafoués ». Un état des lieux qui en dit long sur la gestion de la crise des PCB par les pouvoirs publics.
Lire aussi :
Le Rhône pollué par les PCB : un Tchernobyl français ?
Carnets d’eau – Le Monde Diplomatique, 14 août 2007.
Pollution du Rhône : 10 questions sur un désastre écologique majeur.
Les eaux glacées du calcul égoïste, 23 août 2007.
« Le Rhône interdit : il est pollué jusqu’à la Méditerranée »
Le Nouvel observateur, 23 août 2007.
Le « couloir de la chimie » sur la sellette
Les eaux glacées du calcul égoïste, 28 août 2007.
Carnets d’eau – Le Monde Diplomatique, 30 août 2007.
Le pyralène, poison des poissons du Rhône
Rue 89, 1er septembre 2007.
Pollution du Rhône : la video qui accuse
Les eaux glacées du calcul égoïste, 20 septembre 2007.
Pollution du Rhône : questions sans réponses
Les eaux glacées du calcul égoïste, 26 septembre 2007.
La mort du Rhône, Etudes, novembre 2007.
The ’French Chernobyl’ that has poisoned the Rhône’s fish
The Guardian, 23 février 2008.
Des taux élevés de PCB trouvés chez des consommateurs de poisson
Le Monde, 29 mai 2008.
Le WWF met en garde contre la contamination de l’homme aux PCB
Le Monde, 29 mai 2008
PCB : les dysfonctionnements de l’Etat
Carnets d’eau – Le Monde Diplomatique, 27 juin 2008.
PCB : deux poids et deux mesures
Les eaux glacées du calcul égoïste, 27 mai 2009
Voir :
« Comme un poison dans l’eau », Envoyé spécial, 22 mai 2008
Lire : Fred Pearce, Quand meurent les grands fleuves, Enquête sur la crise mondiale de l’eau, Calmann-Lévy, 2006.