Implacable démenti à l’orthodoxie libérale qui entend privatiser tout ce qui peut l’être. Les présidents (UMP) des trois conseils généraux bas-normands du Calvados, de l’Orne et de la Manche, unissent leurs forces pour permettre à leurs laboratoires départementaux d’analyse de faire face au prurit de la libéralisation à outrance, symbolisé par les dispositions de la LEMA du 30 décembre 2006, qui rendait obligatoire la mise en concurrence des missions effectuées par les laboratoires publics départementaux. Une décision délirante qui a entraîné la disparition de plusieurs dizaines de labos en France, au plus grand profit des trois multinationales privées qui ont vu leur chiffre d’affaires exploser depuis lors…
Une réflexion initiée en 2008 par les présidents des conseils généraux des trois départements – Anne d’Ornano, Jean-François Le Grand et Alain Lambert (rien moins que de furieux gauchistes …), – a conclu à la nécessité de s’associer, de mettre en commun les moyens, tout en conservant chacun son identité, ses spécificités, et les 320 emplois concernés.
« La mutualisation de nos moyens se concentrera sur la force commerciale », précise Francis Dorey, directeur du laboratoire d’analyses du Calvados.
« Au niveau national, de plus en plus de laboratoires sont confrontés aux appels d’offre. La concurrence est très rude avec les privés, qui font du dumping. Un tiers des laboratoires départementaux ont aujourd’hui disparu du fait de la perte de marchés qui leur étaient proposés par l’Etat. Les autres éprouvent le besoin de s’organiser pour être en mesure de poursuivre leurs activités et pour conserver leur rôle de veille sanitaire et de surveillance de santé publique », explique M. Claude Halbecq, vice-président du conseil général de la Manche.
Claude Halbecq, qui a étudié la question pour l’Assemblée des départements de France, souligne encore : « Nos laboratoires sont les partenaires de l’Etat dans ces missions de service public, il a tendance à l’oublier. Nous répondons pourtant toujours présents dès qu’une crise sanitaire le nécessite, comme ce fût le cas avec l’ESB ».
Face à la montée de la concurrence, les laboratoires départementaux d’analyse (LDA) ne manquent pas de compétences, mais de souplesse. Pour autant, pas question pour les trois instituts bas-normands de ne faire qu’un.
Pour l’instant, les conseils généraux parlent de la création d’une association type loi 1901 pour préfigurer la fusion prévue à l’horizon 2013. Des points restent à régler, comme celui de la gouvernance. Le rapprochement passera en tout cas par une redéfinition des compétences de chacun, une meilleure gestion des investissements, le partage d’achat en matériel sophistiqué.
Chacun va davantage se spécialiser dans ses domaines de prédilection, par exemple le contrôle de la radioactivité pour le laboratoire de la Manche.
Comptant sur l’entraide entre LDA pour proposer des solutions immédiates à la hauteur d’appels d’offre européens. Tout en continuant le travail au plan local : contrôles d’hygiène, analyse de la qualité des aliments, aide au diagnostic sur animal ou cheptel, etc.