En publiant dans son édition du 3 septembre 2017 un long entretien avec le ministre de l’Ecologie, la Gazette des communes se prête à une opération de désinformation visant à désamorcer la contestation croissante des prélèvements opérés par l’Etat dans la trésorerie des Agences de l’eau, prélèvements dont l’ampleur menace désormais leur pérennité.
A la veille d’une rencontre des présidents des Comités de bassin, qu’ils ont prévu de tenir le 4 septembre, les propos de Nicolas Hulot sont aussi peu fondés que parfaitement consternants.
“Les Agences ont beaucoup d’argent, elles doivent contribuer à l’effort national de réduction des déficits publics, donc elles vont faire plus et mieux avec moins”, déclare en substance “l’icone” écolo…
Nicola Hulot chiffre à 175 millions d’euros les prélèvements de l’Etat.
Faux, ils vont se chiffrer au total à 400 millions d’euros !
Une “erreur” que se garde bien de relever son intervieweur…
Agences, comités de bassin, associations d’élus sont en ébullition. Alors que les personnels se mettent en grève, les motions de défiance se multiplient.
http://www.eau-rhin-meuse.fr/sites/default/files/cpca_28sept_0.pdf
Nicolas Hulot, dans un grand élan démagogique, qualifie ensuite les Agences de “bras armé” de sa politique.
Les réductions constantes d’effectifs qui leur sont appliquées depuis des lustres ne leur permettent plus d’effectuer leurs tâches correctement.
Mais on atteint des sommets avec l’invocation de la loi NOTRe :
« (…) Mon analyse est que cette réduction va être compensée par les effets de la loi « Notre ». Le transfert des compétences « eau » et « assainissement » au niveau intercommunal va permettre un maillage de solidarité et une mutualisation des moyens afin de gagner en efficacité. Par exemple, en apportant davantage de soutien à l’entretien des réseaux de certaines intercommunalités rurales, ce qui constitue l’une des priorités. Mais cette question ne va pas se régler uniquement entre le ministère et les agences de l’eau. J’ai la volonté d’accompagner les acteurs locaux, de travailler avec eux pour redéfinir les missions qui me semblent les plus essentielles au regard des ressources disponibles. »
Incompétence ou mensonge caractérisé ?
Les transferts des compétences eau et assainissement aux EPCI à fiscalité propre ne se traduisent aucunement par une réduction des besoins financiers du petit cycle de l’eau, c’est exactement l’inverse qui se produit : le regroupement et la rationalisation des services, çà coûte cher, très cher.
Or, « en même temps », Bercy vient aussi de mettre les budgets annexes des grandes collectivités à la diète. Cherchez l’erreur…
http://www.eauxglacees.com/Eau-et-assainissement-les-budgets
Au demeurant l’argument "Loi NOTRe" ne tient absolument pas la route, puisque l’intervention des Agences en faveur des collectivités locales, et donc du petit cycle de l’eau, est en recul constant, au profit du grand cycle, surtout depuis l’instauration de la Gemapi.
La trop fameuse Gemapi...
http://www.gesteau.fr/sites/default/files/files/lettre/lettre_gemapi_201709.html
Si on y ajoute, loi NOTRe oblige, avec la disparition de leur compétence générale, l’abandon des concours financiers des départements aux politiques publiques de l’eau, et plus largement les contraintes financières imposées aux collectivités locales, l’avenir est clair : la faillite financière menace de mettre à bas la politique de l’eau...
Tout le reste est du même acabit. L’annonce de l’étude d’une nouvelle redevance sur l’artificialisation des sols, qui n’aura bien sur aucun caractère contraignant, ne vise, elle, qu’à légitimer, d’un point de vue « écolo », le hold-up de la bande à biodiv, les amis du ministre, sur l’argent de l’eau, via l’Agence Française de la Biodiversité…
https://fr.news.yahoo.com/biodiversité-priorité-au-même-titre-climat-175418566.html
Pour le reste, silence radio sur la relance de l’irrigation à outrance, accordée par le même Nicolas Hulot cet été, qui va conduire la FNSEA à tenter de faire financer une centaine de nouveaux Sivens en puisant dans les poches profondes des Agences, avant la fin 2017.
http://www.eauxglacees.com/Emmanuel-Macron-et-Nicolas-Hulot
Ce qui se joue ici c’est la disparition programmée des Agences de l’eau.
Le mantra de la bande à Pharaon est clair comme de l’eau de roche.
« La fiscalité affectée ne doit plus financer les politiques de l’eau. C’est à ses acteurs qu’il revient de les financer eux-mêmes… »
- Lire : « Artificialisation des sols : Nicolas Hulot lance un appel aux élus locaux » :
La Gazette des communes, 3 septembre 2017.
commentaires
Précisons que ce n’est pas le contribuable qui est concerné, mais l’usager du service public de l’eau, via sa facture. Que les Agences soient critiquables, je l’ai écrit à maintes reprises. Ici, en les démantelant, on prépare une dislocation des politiques publiques qui serait un désastre pour l’environnement. En outre, mentir effrontément comme le fait Hulot ne fait qu’aggraver la crise du politique.
Monsieur Alain ne doit pas bien savoir de quoi ni de qui il parle, et c’est bien dommage. Il n’y a pas qu’une seule agence de l’eau mais plusieurs. Des gestions qui peuvent être soumises à la critique mais en aucun cas condamnées. Point de gabegie indécente et provocante généralisée, en tout cas vu de ma fenêtre, ce n’est pas ce que je vois, bien moins que dans d’autres domaines.
Un discours est sérieux quand il est posé, neutre et argumenté monsieur Alain, on n’est pas sur un forum d’intégristes, en tout cas pas que je sache. Merci à Marc LAIME de nous alerter sur ce risque de disparition programmée des agences de l’eau
Et pour compléter ce propos, aujourd’hui les agences de l’eau sont les financeurs principaux des actions menées sur le grand cycle de l’eau, à savoir la ressource, l’eau brute, la restauration des cours d’eau et des zones humides, le portage des SAGE, le suivi de la qualité des eaux et des rivières, bref de nombreuses actions à l’échelle des bassins versants. Invisibles, ces politiques sont parfois vues à tord (par ceux qui voient ça de loin) comme gentillettes mais inutiles pour l’activité économique. Et il est ô combien urgent de relier l’économique à la ressource en eau, et de mettre en perspective l’adaptation aux changements climatiques. Aujourd’hui les agences de l’eau y jouent un rôle majeur . Le PLF est une catastrophe a bien des égards, une vraie régression écologique derrière le discours démago de la COP 23.
H.M, dir° structure de bassin versant
On ne va quand même pas s’apitoyer sur le sort des Agences de l’eau. C’est bien vrai qu’elles ont beaucoup d’argent facile. Elles en ont tellement qu’elles le dépensent à mauvais escient. C’est une gabegie indécente et provocante.
L’arrogance des certitudes ne changera probablement pas, mais si elles étaient contraintes à réduire leur train de vie, le contribuable trouve cela légitime...et même tardif.