Le sujet rejaillit régulièrement lors de chaque élection municipale dans un scénario bien rodé qui voit la droite rappeler au camp socialiste que c’est un ancien maire PS qui avait en 1992 prorogé la présence de Veolia jusqu’en 2020. Tandis que la gauche, faisant écho aux doléances des usagers, promet une remunicipalisation qui aura beaucoup de peine à voir le jour, depuis que la compétence à été transmise à l’agglomération, dans un schéma dont la confusion profite à l’actuel titulaire du contrat de délégation.
L’actuel débat est passablement biaisé en raison de l’habileté dont à fait montre en 1997 puis en 2002 la maire actuelle (UMP), Mme Marie-Josée Roig.
Au début des années 1990 le Collectif de l’eau d’Avignon et l’UFC-Que Choisir s’insurgeaient contre le contrat qui procurait de confortables bénéfices à la Société avignonnaise des eaux, filiale de la Générale des eaux-Veolia.
« Nous nous sommes battus sur le coût du mètre cube, contre la grille tarifaire qui fait que les Avignonnais ne sont pas égaux devant le prix de l’eau et sur des anomalies juridiques », expliquait le 7 février dernier Mme Josette Sicaud-Morvan, membre du collectif et qui figure sur la liste de la candidate PS à la mairie, Mme Michèle Fournier-Armand, à la correspondante marseillaise du quotidien Les Echos, qui a titré « A Avignon, la gauche dénonce les dérives de l’affermage. »
Cette mobilisation des usagers et différents jugements du tribunal administratif avaient permis à Mme Marie-José Roig d’exiger en 1997 le remboursement de plus de 1 million d’euros de trop-perçu par la SAE, puis de renégocier une baisse de 13 % du prix de l’eau en 2002.
« En cas de victoire, nous nous engagerons dans la voie de la remunicipalisation, mais d’abord nous renégocierons très vite les tarifs à la baisse de 15 à 20 % », explique aujourd’hui M. Robert Sidenki, directeur de campagne de Mme Michèle Fournier-Armand.
L’opposition de gauche dénonce les « dérives » de l’affermage et les marges dégagées par la Société Avignonnaise des Eaux (SAE), filiale de Veolia, « qui vont bien au-delà des 5 % prévus dans le contrat ».
Même discours chez le communiste André Castelli, tête de la Liste de rassemblement de gauche, pour qui « l’eau doit être sous contrôle des citoyens et des élus ». Il préconise donc une gestion en régie communautaire.
L’actuelle maire UMP, Mme Roig, a dans ce contexte beau jeu de rappeler qu’elle n’a jamais eu de position dogmatique sur la gestion de l’eau. Et de souligner que c’est bien la municipalité socialiste, alors dirigée par M. Guy Ravier, qui avait négocié un nouvel avenant en 1992, prolongeant le contrat de la SAE de quinze ans, jusqu’à fin 2020. Cet avenant prévoyait également la prise en charge par la SAE de 12,5 millions d’euros pour la station d’épuration, dont l’extension avec la création d’un étage biologique (32,5 millions) est désormais inscrite dans les prochains investissements de la Communauté d’agglomération du Grand Avignon.
Reste que depuis 2001, l’eau et l’assainissement relèvent de l’agglomération qui gère une situation passablement complexe. Cette compétence est exercée sur ses 12 communes (160 000 habitants) au travers de six systèmes différents, avec une régie municipale et cinq délégations de service public (DSP).
Dans un récent rapport, la chambre régionale des comptes regrettait l’absence de DSP ou de régie unique qui aurait notamment permis « une incitation à la concurrence susceptible d’entraîner une baisse du prix de l’eau ». L’harmonisation pour ces communes est prévue pour 2013.
A Avignon Veolia peut dormir tranquille…
Le dossier des municipales :
Les mobilisations pour l’eau dans plusieurs dizaines de villes françaises