C’est l’histoire de l’arroseur arrosé. Dans leur grande magnanimité nos amis de la Veopolaise avaient laissé subsister à l’ombre de leur empire une dizaine de minuscules sociétés privées, surtout implantées dans le Sud-Est et le Sud-Ouest de la France. Sur fond de municipales les petits poucets se rebiffent, font réaliser un sondage par l’IFOP, dont les conclusions sont évidemment épouvantables pour notre cartel, et en appellent l’air de rien au Président qui aurait déclaré vouloir favoriser l’essor des PME…
Pour un peu Eaux glacées réclamerait presque des royalties à nos pas tout à fait amis de la Fédération des Distributeurs d’Eau Indépendants (FDEI) qui profitent à l’évidence d’un contexte « porteur » pour refiler un vigoureux coup de latte à notre cartel.
Précisons d’emblée que la petite entreprise qui se plaint des menées du grand capital c’est pas vraiment notre tasse de thé, et que nos filous de la FDEI y vont fort de café en faisant un barouf de tous les diables avec leur sondage IFOP qui clame haut et fort que : « Les Français veulent plus de concurrence dans la gestion des services publics d’eau ».
Au premier degré on ne boude pas notre plaisir à voir l’ingéniosité avec laquelle nos petits poucets envoient un Exocet au Cartel :
« Pour la première fois en France, un sondage publié ce jour révèle l’image qu’ont les Français du marché de la distribution de l’eau. Réalisé par l’Ifop pour la Fédération des Distributeurs d’Eau Indépendants (FDEI), il souligne que les Français veulent plus de concurrence et soutiennent les PME qui assurent la gestion des services publics d’eau. Plus généralement, le sujet doit être un enjeu des prochaines municipales.
« Les Français interrogés par l’Ifop* pour la Fédération des Distributeurs d’Eau Indépendants (FDEI) associent au secteur de l’eau l’image d’un secteur géré par des grands groupes (72%) et donc de fait peu concurrentiel (64%).
Dans ce contexte, l’action de contrôle des pouvoirs publics est jugée insuffisante par plus d’un interviewé sur deux (52%). Par ailleurs, ce secteur pâtit d’une faible visibilité dans l’opinion, une majorité des personnes interrogées déclarant en effet manquer d’information (59%).
« Les Français soutiennent très majoritairement (72%) l’idée de favoriser l’accès des PME du service de l’eau aux marchés publics afin d’augmenter leurs poids face aux grandes entreprises ou aux grands groupes » indique Frédéric Dabi, directeur du département d’Opinion Publique de l’Ifop. Cette idée étendue à l’ensemble des PME fait du reste partie du programme du président Nicolas Sarkozy.
Sur le marché de la distribution de l’eau, la qualité de l’eau se révèle sans
conteste le critère de première importance, auquel les personnes interrogées se disent attachées (81% de citations). Vient ensuite, comme garantie de cette attente de qualité, le contrôle et la sécurité. Dans un environnement marqué par la thématique du pouvoir d’achat, le prix constitue également un critère essentiel sur ce marché.
Dans la période pré-électorale actuelle, le thème de la gestion de l’eau bénéficie d’un intérêt certain de la part des Français. Plus de huit personnes interrogées sur dix (81%) souhaitent en effet que ce sujet soit abordé au moment des élections municipales de mars prochain. « Les Français appellent donc massivement de leurs vœux que la thématique de l’eau s’invite dans la campagne municipale » conclut Frédéric Dabi. »
Bon, nous n’avions pas attendu nos amis de la FDEI et de l’IFOP pour poser le même constat…
Reste que l’idée de voir demain 10 Veopolaise se partager le gâteau, ce qui ne déplairait pas totalement, ni au Conseil de la concurrence, ni à l’UFC-Que Choisir, n’est pas exactement l’évolution que nous appelons de nos vœux.
Quoiqu’il en soit ce nouvel épisode atteste si besoin était que la pression monte à El Pao…
L’Etat et le politique seraient bien aise de plonger fissa dans le marigot avant que ça ne déborde.
Ce n’est pas en brandissant le futur Observatoire de l’eau que l’ONEMABRGM est supposé mettre en place asap, et pas davantage les « indicateurs de performance » que ça va se calmer.
Nos petits poucets souhaitent aussi "que la part des PME sur le marché des délégations de service public de l’eau et de l’assainissement passe de 3% à 23% dans les 5 ans. Elle propose notamment de « réserver aux PME les contrats inférieurs à 8.000 abonnés, jusqu’à atteindre un quota national de 23%, sous réserve que le montant de l’offre ne soit pas supérieur au prix du service en cours, et qu’il y ait des PME spécialisées participantes à la consultation. »
Là, faut pas trop rêver !
A suivre.
Le dossier des municipales :
Les mobilisations pour l’eau dans plusieurs dizaines de villes françaises