Ambiance explosive à Rennes, dont la municipalité gauche plurielle avait reconduit en janvier 2004, en dépit de l’opposition des Verts, la délégation « historique » de l’eau à la Générale, qui perdure depuis un siècle… Et ceci lors même que la ville gère ses services d’assainissement en régie, à la satisfaction générale ! M. Edmond Hervé passe la main et intronise l’un de ses poulains que la rumeur locale donne gagnant… Rennes, comme la Bretagne, est l’un des fiefs historiques de Veopole. Mais cette fois Christophe Montgermont, syndicaliste FO de l’entreprise qui l’a licencié pour se débarrasser d’un gêneur (et qui gagne tous les procès qu’il intente depuis lors), figure sur l’une des deux liste des Verts en lice, et entend bien interpeller la municipalité et l’entreprise, dont l’une des figures de proue, M. Pierre Victoria, délégué du Cercle français de l’eau, veille attentivement sur les intérêts de Veopole dans tout l’Ouest. Le débat aura-t-il lieu ?
Le débat sur la gestion de l’eau revêt un caractère particulièrement sensible à Rennes. Comme dans nombre de villes l’ex-gauche plurielle a volé en éclats, puisque une scission divise désormais les Verts rennais. Pascale Loget, leur chef de file, par ailleurs vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, figure sur la liste PS du dauphin d’Edmond Hervé, Daniel Delaveau.
Une seconde liste verte se présente toutefois de manière autonome au premier tour, sur laquelle figure en bonne place Christophe Montgermont, syndicaliste de choc et pourfendeur de Veolia.
La réunion organisée le 31 janvier par cette seconde liste, « Rennes Verte et Solidaire », a démontré à quel point la gestion de la distribution de l’eau à Rennes est opaque, particulièrement coûteuse et n’offre pas les garanties sanitaires suffisantes que les rennaises et rennais sont en droit d’attendre.
Preuves à l’appui, les écologistes ont démontré que la délégation accordée par la Ville de Rennes pour la gestion de la distribution de l’eau à cette multinationale reste opaque vis-à-vis des citoyens.
Dans un communiqué en date du 1er février 2008, la liste « Rennes verte et solidaire » enfonce le clou :
« Les techniques de Véolia pour gagner toujours plus d’argent au détriment des contribuables, au mépris du juste prix de l’eau, sont connues : gains financiers en jouant sur les délais de reversement des factures d’eau des contribuables, marges cachées, sous-traitance à ses filiales qui en profitent pour faire des bénéfices confortables… Ainsi, la présentation des comptes rendus financiers de Véolia ne peuvent garantir une présentation réelle des charges effectives comme doivent le faire les comptes d’exploitations. Encore faut-il que les charges facturées aux rennais(es) soient justifiées, ce que dénoncent régulièrement des rapports de la Cour des Comptes ! Cette multinationale dégage d’énormes bénéfices et le train de vie luxueux de ses cadres dirigeants sont à mettre en relief avec les rennais(es), en difficulté financière, qui se voient couper l’eau !
Dérives financières
« Sur 4 années (1996 à 1999), sur les seules provisions pour travaux de renouvellement, Véolia a réalisé un gain de trésorerie de plus de 3 350 000 euros sur des travaux non réalisés que la société s’était engagée à réaliser...
« Les Verts dénoncent également l’établissement des comptes-rendus financiers établis par Véolia qui ne reflètent pas les réelles charges comptables et réclament un audit.
« Sur l’accès aux documents administratifs et notamment ceux liés à l’exécution du contrat, Il y a de la part de Véolia et de la municipalité une rétention d’information organisée : nous avons du saisir la commission d’accès aux documents administratifs (CADA), avec succès, pour faire respecter nos droits à l’information !
« Le contrat liant Véolia à la Ville de Rennes n’a pas respecté les contribuables rennais jusqu’en 2004, de l’aveu même des élus rennais : qu’est-ce qui garantit aux citoyens que cette multinationale respectera des engagements qu’elle n’a pas tenu auparavant, sachant que cela fait plus d’un siècle qu’elle gère la distribution de l’eau à Rennes ?
« Cette société fait supporter des charges aux usagers de l’eau sans que celles-ci aient un lien direct avec le service rendu, ce qui est contraire à la loi.
« L’opacité de gestion et les dérives de gestion sont également dénoncées par les rapports réalisés par la Cour des comptes. Cette dernière dénonce régulièrement, preuves à l’appui, que des dépenses mises à la charge du contribuable auraient dues être financées sur les fonds propres de l’entreprise.
« Le prix de l’eau a connu à Rennes une augmentation de 62 % en 10 ans (1991 à 2002) à Rennes ? Combien coûtera l’eau en 2014 ? La gestion privée coûte en moyenne 25 % de plus qu’une gestion assurée par une régie municipale.
Inquiétudes sanitaires
« Les canalisations doivent être changées tous les 30 ans. Comment expliquer que certaines d’entre elles ont un siècle, alors que Véolia assure la gestion de la distribution de l’eau à Rennes depuis le début du 20ème siècle…
« La qualité de l’eau et les risques sur le plan sanitaire des dépassements des seuils réglementaires soulèvent un débat qui exige une transparence totale. Pour ne citer qu’un exemple, les branchements de plomb présentent des risques sanitaires en matière de saturnisme. Or, si Veolia avait réalisé les investissements indispensables et avait été mis devant ses responsabilités, il n’y en aurait plus, à ce jour, à Rennes. En réalité, 10 000 d’entre eux restaient à changer en 2004 ! Les Verts exigent un contrôle sanitaire pour les rennais(es) actuellement desservi(es) par ces branchements et dénoncent la priorité donnée aux gains financiers au détriment de la santé publique.
« Les dépassements des seuils réglementaires liés à la qualité de l’eau, en fer notamment, ont été évoqués lors du conseil municipal du 19 janvier 2004, conseil ayant renouvelé le contrat de la CGE (Veolia). Les Verts s’y étaient fermement opposés, rappelant qu’à Rennes, plus de 30 % des consommateurs recevaient une eau classée C (eau de qualité insuffisante). Veolia reconnaissant qu’il faudrait « plusieurs années de travaux pour un retour à la normale »… Et pourquoi Veolia n’a t-elle pas utilisé les 3 350 000 Euros de provisions pour renouvellement alors que ces travaux sont indispensables ?
« Les Verts veulent un débat public durant la campagne avec Véolia et la Ville de Rennes.
« La position de la liste Rennes Verte et Solidaire est claire : nous dénonçons cette situation et refusons en premier lieu qu’un risque sanitaire soit pris..
« Les Verts affirment qu’un meilleur contrôle de la gestion de la distribution de l’eau apporterait une apporterait une garantie certaine sur :
– Une baisse substantielle du prix de l’eau ;
– Une maîtrise des coûts d’exploitation ;
– Une politique d’investissement de recherche de qualité dans l’intérêt réel des habitants ;
– Une veille de santé publique transparente ;
– Le fait que le retour en régie directe permette aux salariés de la société de conserver leur niveau de rémunération, leur ancienneté, leur évolution ainsi que la pérennisation des postes.
Les Verts s’étonnent pour le moins de la poursuite d’une gestion déléguée à un opérateur multinational alors que les faits évoqués lors du dernier conseil municipal de Rennes qui a reconduit la délégation, le 19 janvier 2004, démontraient de graves défaillances dans cette gestion déléguée.
Christophe Mongermont, présent sur la liste Rennes Verte et Solidaire, appelle les rennais(es) à donner de la couleur à leurs votes. La gestion privée résulte d’un choix politique qui demeure une fuite en avant.
L’intérêt des rennais(es) passe par une gestion publique : un juste prix de l’eau, la transparence des charges, des investissements dans l’amélioration des réseaux, une politique d’économie qui passe par une remise à plat du système tarifaire actuel qui encourage la consommation d’eau (plus on consomme moins le prix de l’eau est cher), un contrôle accru de la qualité de l’eau, un droit d’information généralisé etc…
Les Verts veulent un débat public durant la campagne électorale sur l’eau avec Véolia et la Ville de Rennes. »
Nicole Kiil-Nielsen, Christophe Montgermont et l’équipe de Rennes Verte et solidaire.
Aminata Traoré, présidente d’honneur du comité de soutien
Aminata Traoré a souhaité apporter son soutien à la liste Rennes Verte et solidaire.
Elle a donné une conférence de presse le 1er février 2008, participé à une rencontre à la Cour des Miracles à 17h30 puis une conférence au Triangle.
Aminata était déjà venue à Rennes le 22 et 23 juin 2007, à l’invitation de Nicole Kiil-Nielsen.
Son nouveau livre "L’Afrique humiliée", publié par la maison d’édition Les Perséides, est à acheter d’urgence.
A SONG :
Die Einheitsfront – Kurt Weill/Bertold Brecht
Le dossier des municipales :
Les mobilisations pour l’eau dans plusieurs dizaines de villes françaises